Ivor Williams s’est enrôlé dans l’Aviation royale du Canada et a servi en tant que pilote de Spitfire au sein du 443e Escadron de la RAF. Les jours précédant le Jour J, il a participé à différentes opérations, bombardant et mitraillant des positions ennemies pour empêcher les renforts allemands d’arriver jusqu’aux plages pendant les débarquements. Le Jour J, il a participé aux patrouilles sur Juno Beach, repoussant les chasseurs ennemis et assurant la protection des navires.
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Transcription
Je me suis enrôlé dans l’Arc à Windsor en Ontario le lendemain de mes 18 ans. À cette époque, mes parents habitaient à un endroit tout près de Windsor qui s’appelle Tilbury et alors je me suis engagé dans l’armée de l’air à Windsor, le lendemain de mon anniversaire. Tout le monde faisait la même chose. On s’enrôlait tous, et je me proposais de devenir mitrailleur de bord, et je me suis présenté au bureau de recrutement, et le sergent responsable du recrutement a regardé mes papiers et a vu que je voulais devenir mitrailleur de bord, il s’est avéré que ce sergent était un homme dont mon père avait célébré le mariage quelques jours auparavant, et il a dit : « Tu es assez vieux et assez intelligent pour pouvoir être pilote. » Et j’ai répondu : « Bon, ça me va très bien. » Alors j’ai suivi la filière qui permettait de devenir pilote.
Je me souviens de mon tout premier vol, j’avais à peu près neuf heures de vol à mon actif, et mon instructeur m’a laissé voler en solo et je me souviens que pendant que je roulais sur la piste j’ai crié, hurlé et applaudi, tellement heureux d’être dans les airs par moi-même.
On a été affectés à Digby, un endroit qui se trouve dans la partie nord du Yorkshire (Angleterre), et de là on est allés, on a appris à piloter les [Supermarine] Spitfire. Jusque-là, on avait seulement appris sur des avions d’entrainement, mais le Spitfire était un avion de pointe. Et l’escadron a changé, de 443e Escadron, il est devenu le 127e Escadron. C’était, le commandant de l’escadre c’était Johnnie Johnson [As de l’aviation alliée qui a remporté le plus grand nombre de victoires sur l’ennemi]. Johnnie Johnson était parmi les Canadiens au tableau de chasse les plus spectaculaires; il était Anglais, mais il aimait voler avec les Canadiens. Et on a appris à piloter les Spitfire en trois ou quatre semaines environ, et ensuite on est descendus dans le sud de l’Angleterre et on était prêts pour les opérations.
En Angleterre, j’ai été victime d’une collision en vol un jour. Je faisais un test de moteur, et j’avais la tête dans le cockpit, à vérifier les instruments, et j’ai levé la tête, et juste devant moi il y avait ce Spitfire qui arrivait tout droit, et il est passé au-dessus de moi, il a arraché l’antenne de la radio, et j’étais en dessous de cet autre Spitfire, plutôt effrayant. Johnson jouait au rami, un jeu de cartes, avec les commandants des autres escadrons quand je suis entré et j’ai expliqué : « Mon commandant, j’ai été victime d’une collision en vol. » et il a répondu : « Et bien toutes mes félicitations Williams, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui en ait réchappé. »
C’était incroyable, la dernière patrouille de nuit à laquelle j’ai participé c’était le 5 juin [1944], et on était, dans le sud de l’Angleterre, et en cinq minutes on était de l’autre côté de la Manche. C’est la vision la plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de voir, tous ces navires qui sortaient de tous ces petits ports tout autour de la côte du sud de l’Angleterre et ils étaient en formation. Et on les a vues, toutes ces petites pointes de flèches qui traversaient la Manche, on savait que l’invasion des plages était engagée, et alors on n’avait pas le droit de voler au-dessus des lignes allemandes, pour des raisons évidentes, mais nos avions étaient rayés noir et blanc à ce moment-là, pour éviter d’être confondus avec les avions ennemis. Et on a fait un vol de reconnaissance et on est rentrés tard dans la nuit, et ensuite on a eu quelques heures de sommeil et on a décollé le lendemain matin, c’était, et ensuite on a su que l’invasion avait commencé.
Et le ciel était rempli d’avions évidemment. On tournait autour de la tête de pont, on n’est pas rentrés, on était là pour s’assurer que les avions allemands ne mitraillent pas nos troupes. Donc, c’était une mission de reconnaissance qui avait pour but de s’assurer que le ciel était dégagé de tout avion ennemi. On faisait des allers-retours, on voyait bien les combats au sol, on voyait les chars embrasés, et les camions, on a bien compris que l’invasion avait commencé à ce moment-là.