Jack Henry Hilton (Source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Jack Henry Hilton (Source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

« Nous avons débarqué en France six jours après le Jour-J. Nous avons débarqué dans une zone dangereuse. Une balle de tireur embusqué a traversé mon casque comme je débarquais. Nous avons dormi dans des tentes installées dans des tranchées défensives et mangé du corned-beef. »

Pour le témoignage complet de M. Hilton, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Photo prise à l’aérodrome auxiliaire de Wellingore, Angleterre, 1942. Jack Hilton est dans le cockpit de l’avion Hurricane faisant partie de l’escadron de chasse n°438.
Photo prise à l’aérodrome auxiliaire de Wellingore, Angleterre, 1942. Jack Hilton est dans le cockpit de l’avion Hurricane faisant partie de l’escadron de chasse n°438.
Avec la permission de Jack Hilton
Ecusson de l’escadron n°438 de la RCAF
Ecusson de l’escadron n°438 de la RCAF
Avec la permission de Jack Hilton
Journal de bord de pilote de Jack Hilton, relatant différentes sorties opérationnelles avec l’escadron n°118 et 438, RCAF et l’escadron RAF n°193.
Journal de bord de pilote de Jack Hilton, relatant différentes sorties opérationnelles avec l’escadron n°118 et 438, RCAF et l’escadron RAF n°193.
Avec la permission de Jack Hilton
L’escadron de chasse n°438, anciennement escadron de chasse n°118, récemment débarqué en Angleterre depuis les Iles Annette en Alaska.
L’escadron de chasse n°438, anciennement escadron de chasse n°118, récemment débarqué en Angleterre depuis les Iles Annette en Alaska.
Avec la permission de Jack Hilton
Transcription

Nous ne nous sommes pas beaucoup entrainés. En fait, pour piloter le Typhoon [le bombardier chasseur monoplace Hawker Typhoon], nous avions un ‘rep tech’ [représentant technique], comme ils l’appellent à l’usine, qui n’avait jamais piloté. Il construisait les avions, mais ne les pilotait pas. Il se tenait donc sur l’aile et il soulignait les particularités des appareils : « Voilà comment on remonte le train d’atterrissage, voilà comment on met les gaz, voilà comment on le démarre. Faites ceci, ne faites pas cela. » Il nous tapotait l’épaule ensuite en disant : « Tu te débrouilles, maintenant. » Voilà quelles étaient les instructions que nous avons eues pour piloter le Typhoon. On décollait et le meilleur atterrissage que l’on faisait était généralement le premier. Après ça, c’était un écrasement contrôlé.

Une fois où c’est passé près est quand nous avons rencontré 50 avions allemands; nous étions quatre. Huit d’entre nous volaient au-dessus d’un aéroport allemand et, bien sûr, deux d’entre nous avaient des problèmes de moteur. Ils ont fait demi-tour et ont été suivis par deux autres. Il ne restait que quatre avions. Nous volions donc côte à côte et nous avons regardé en bas : les Allemands décollaient de l’aéroport dans la direction où nous allions. Il y en avait au moins 50 dans le groupe. Ils avaient l’habitude de voler avec les recrues : une personne expérimentée était au centre et les autres étaient en gros un essaim d’abeilles. Nous les avons regardés, en bas, nous avons plongé et nous avons foncé droit sur eux. Je n’ai jamais vu autant de croix noires de toute ma vie. Contre 50 avions ennemis, on n’a pas la moindre chance de l’emporter. Il faut donc rebrousser chemin et rentrer à la maison. En fait, on tire quand on passe à côté et s’ils sont trop nombreux, on pouvait se s'estimer chanceux d’en toucher un en tirant des salves de canon. Un de nos gars a tenté de rester et de se battre, mais on ne peut pas combattre 50 appareils, pas à quatre. Il n’est pas rentré à la maison.

Nous avons effectué un soutien rapproché pour l’armée lors du Jour-J [l’invasion de la Normandie, le 6 juin 1944]. Nous avons visé des mitrailleuses sur les collines quand les troupes débarquaient. Nous étions seulement à 1 800 pieds parce qu’il pleuvait et qu’il y avait du brouillard. C’était une température horrible, absolument horrible. On ne pouvait monter qu’à 1 800 pieds. Nous devions donc aller vers les collines, directement vers les collines, où les gars débarquaient, pour essayer de détruire les emplacements de mitrailleuses qui étaient dans les collines. Nous y sommes donc allés et nous avons largué nos bombes directement sur eux.

Nous sommes ensuite partis de la plage et avons attaqué un groupe de convois armés qui venaient du côté allemand. Oh, les tirs antiaériens étaient fantastiques. Ils étaient très précis. Nous avons attaqué un train – il y avait un train qui voyageait à temps plein en Hollande et nous ne pouvions jamais l’attraper, car ils s’arrêtaient dans un village hollandais et nous ne voulions pas sur le tillage parce que les toits en chaume prenaient feu. On essayait donc d’attraper ce stupide train. Eh bien, un jour, nous l’avons attrapé et, mon dieu, nous étions quatre et nous volions en cercles au-dessus de lui. Nous l’avons attaqué tous les quatre en formation de front et nous avons visé les wagons couverts; les côtés se sont ouverts et les wagons étaient remplis d’artillerie antiaérienne. Et si jamais tu regardes d’en haut le canon de l’artillerie antiaérienne, ce n’est pas trop confortable. Nous sommes donc allés directement vers eux et nous avons remonté pour être au-dessus d’eux. Je suis allé au-dessus des arbres et mon chef d’escadron est remonté et la queue de son appareil a été arrachée par un tir. Il ne faut jamais remonter, il faut aller droit sur eux et se placer sous leur ligne de tir. C’était donc toute une expérience de regarder de multiples canons antiaériens pom-pom.

Une fois, quatre d’entre nous étaient au-dessus du Rhin, et j’ai été touché deux fois par des canons antiaériens. Nous étions à environ 20 000 pieds. J’ai été touché si précisément que l’obus a seulement arraché la peinture du nez de mon avion, comme un jet de sable. J’étais prêt à sauter, la jambe en dehors de l’appareil et je regardais ma température, tenant le manche d’une main. La température est restée correcte, et je suis donc rentré dans l’appareil, je me suis rattaché, et j’ai continué. Les petites choses comme ça sont excitantes.

Nous savions que quelque chose allait arriver parce que leurs avions étaient peints avec des lignes blanches, et des lignes noires [référence aux appareils alliés peints pour le Débarquement de Normandie]. Nous savions que quelque chose allait arriver parce que l’armée bougeait. Chaque arbre avait un char Churchill [blindé d’infanterie Mk. IV ou A22] ou un véhicule blindé. Je ne sais pas pourquoi ça ne glissait pas dans la mer. Tout était rempli d’armées. Nous avons donc tout de suite su.

C’était horrible. En gros, c’était de regarder ces gars débarquer et courir sur la place [durant l’invasion de la Normandie]. On regardait et on voyait ces petites fourmis remonter la plage, et j’ai pensé « Oh mon Dieu, ce sont eux, les vrais héros. » Quand j’ai rencontré un de mes amis – il était dans l’armée et il partait pour une patrouille de nuit –, il m’a dit : « Bon Dieu, Jack, je ne voudrais pas faire ton travail. » Et le voilà qui se peignait en noir et qui allait faire une patrouille vers les tranchées défensives des Allemands. Je lui ai dit : « Je ne voudrais pas faire ton travail non plus, donc ça dépend de ce pour quoi tu t’es entraîné. »

Bon, eh bien, nous avons débarqué en France six jours après le Jour-J. Nous avons débarqué dans une zone dangereuse. Une balle de tireur embusqué a traversé mon casque comme je débarquais. Nous avons dormi dans des tentes installées dans des tranchées défensives et mangé du corned-beef. Nous avons ensuite attaqué les Allemands. Nous étions ce qu’ils appelaient une « artillerie aérienne ». Ils nous utilisaient à tour de rôle; nous patrouillons d’un côté à l’autre derrière les lignes canadiennes. Quand l’armée avait des problèmes avec un fortin bien gardé, ils lançaient des obus jaunes et retraitaient, puis nous appelaient. Nous arrivions et secouions les gars [allemands] qui étaient dans le fortin, puis l’armée avançait de nouveau et prenait le fortin.

Nous avions des bombes et un de nos escadrons avait des missiles. Nous transportions des ogives de 25 livres et ils avaient huit missiles, quatre sous chaque aile. Mais mon escadron transportait des bombes.

Eh bien, j’ai été descendu au-dessus de Dunkirk [France], en fait. Sur le chemin de mon escadron de la RAF, nous avions survolé Dunkirk trop bas et un obus antiaérien a touché un de nos avions bimoteurs, et a touché un de nos moteurs. Nous avons donc fait un atterrissage d’urgence et nous sommes allés travailler le jour suivant, à piloter des avions. Il n’y avait jamais de temps mort ou quelque chose de farfelu comme ça; nous embarquions et nous décollions. Tu te fais descendre une journée et tu voles la suivante.

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