Project Mémoire

Jim « Jo » Owen Moffatt

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Jim Moffat a servi dans l'Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. 

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Jim Moffatt
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Photo prise après qu'on ait présenté le certificat de service méritoire de la Légion Royale Canadienne à Jim Moffat , Virden, Manitoba, 1993.
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Certificat de service méritoire de la Légion Royale Canadienne.
Jim Moffatt

Transcription

Je voulais être dans l’artillerie, alors j’ai commencé comme artilleur et puis je suis devenu bombardier suppléant avec un galon, qui était difficile à coudre. Je suis devenu bombardier et j’avais deux galons ; et mon sergent est parti faire une formation et j’ai pris sa place sur le canon. J’ai servi ce canon depuis le moment où j’ai été bombardier jusqu’à ce que je devienne sergent à un certain moment en France. J’avais une bonne équipe de pièce. Formé sur un canon-obusier de 25 livres un véhicule à roues (Pièce à obturation par la douille Mark II), mais pour l’invasion (de Normandie), on avait des canons américains Mark 10 AM (canon anti-char AutoMoteur). Ils étaient appelés les « prêtres ». Ils tiraient des obus de 105mm. Et la raison pour laquelle ils les appelaient des « prêtres » il y avait une « chaire » (NDT : plateforme) sur le côté droit du canon, une mitrailleuse Browning montée dessus. On a chargé sur la péniche de débarquement le 1er juin. Alors on a passé cinq jours sur la Manche pour faire juste quelques milles. (rire) Je ne sais pas comment on est resté cachés pendant tout ce temps, mais en tout cas. Notre travail c’était de tirer 1000 cartouches allant sur le rivage. L’infanterie était devant nous sur des petits bateaux, des petits chalands de débarquement, et on avait quatre canons AM (AutoMoteurs) par péniche et il y en avait 24 dans notre régiment, et on avait quatre régiments. Donc ça fait 96 canons effectuant un tir de barrage sur le chemin pour y aller. La marine nous gardait pour la direction et on conservait la hausse (tir indirect pointé) ; et alors de temps à autres, on perdait 200 mètres. Notre travail c’était d’aller près de la côte, de revenir et nous tenir prêts à effectuer un autre tir de barrage si besoin était. Ceci on a fait la première action en avant, on est repartis en arrière, on a attendu notre tour de débarquer sur le rivage ; et on avait la radio allumée. L’officier des opérations a été tué et son artilleur antiaérien a été tué, et le jeune Johnny Oldsman qui était un simple artilleur, je crois qu’il avait à peine 17 ans quand il s’est engagé dans l’armée, je crois qu’il avait à peu près 17 ans, mais il a pris la relève et a pris le commandement du Regina Rifles (Regiment). On était au large dans l’eau et il demandait de tirer, et on était là sans pouvoir rien faire. Frustrés, pouvait pas… il a finalement mis la main sur une équipe de chars ; et ils ont dit, il y a, ils avaient des obstacles de char là-bas. Bon, il a dit, remontez le blinking bleep, bleepin’ track, il a dit. La voie de chemin de fer. (rire) Alors il s’est bien débrouillé. Il a eu La médaille militaire britannique MM pour ça. Mais, comme je dis, on était à 200 mètres au large et on ne pouvait pas aider, frustrant et impuissants. Et alors, en tout cas, j’ai débarqué et le char devant moi a été touché, ça a fait exploser la chenille; et un officier a dit, sergent, je vais trouver un moyen de sortir de là, vous restez ici, je vais trouver un moyen de sortir de la plage. La fois d’après où j’ai vu cet officier c’était pendant le mois d’août suivant à Edmonton en Alberta à une course de chevaux. Il avait été blessé et n’avait pas pu revenir. Mais on est sortis de la plage et on est passés. Mais je l’ai retrouvé sur le champ de courses là-bas à Edmonton ; et je lui ai dit, vous savez, j’attends toujours. (rire) On nous avait dit que si on arrivait à tenir la plage pendant quatre jours, on serait en France, à Paris en 90 jours, et que la guerre serait terminée en six mois, ce qui était plutôt bien pensé. Se faire ravitailler n’était pas une mince affaire et on nous allouait 25 cartouches par jour. Mais le quatrième jour à peu près, les blindés allemands ont tenté une percée à travers le Regina Rifles, alors on avait une cible et 25 cartouches ça partait très vite et ils ont dit, continuez à tirer. Très vite ils ont dit, tirez jusqu’à épuiser la moitié de vos munitions. Alors dans la matinée, il y a eu une bonne quantité de chars détruits, un tas d’allemands morts. Mais le Regina Rifles a tenu. C’était, pour moi c’était, ces 48 heures, pour moi c’était ça le jour J, toujours le jour J si vous voulez mon avis. C’était très important pour nous, nous et l’artillerie. Sur la route près de Caen, quand le Regina Rifles est passé, un des points forts ça a été un sergent de tir qui s’est arrêté, pas un sergent de tir, un sergent du Regina Rifles il s’est approché d’un bond et a embrassé le tube de mon canon et ça m’a rendu très fier.