Joseph Cornelius Sullivan était membre de la 9e brigade de la 3e division canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale et a combattu pendant le Jour J.
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Transcription
En 1943, on nous a fait passer le mot que la 3ème division, dont je faisais partie, serait parmi les troupes d’assaut pour le débarquement le jour J, quand et comment ça devait se passer, on ne savait pas. Et puis le 6 juin, en 1944 bien-sûr, ce fut le jour J et on faisait partie des troupes d’assaut. La 3ème division était composée de trois brigades, la 7ème, la 8ème et la 9ème. On était dans la 9ème brigade. La 7ème et la 8ème brigade étaient les deux brigades d’assaut du jour J. Elles y sont allées en premier. On était dans la réserve et on y est allé vers 11 heures du matin. Le jour J, on n’a pas eu grand-chose à faire, à part creuser et rester à cet endroit à trois kilomètres environ à l’intérieur des terres pendant tout la nuit. Le lendemain matin évidemment, on était dans les troupes sur la ligne de front et puis pendant les 54 jours qui ont suivi, on est resté sur la ligne de front, ce qui veut dire qu’on n’est jamais sortis de, on n’a jamais quitté nos vêtements, on n’a même pas changer de chaussures ni de chaussettes.
Les 54 premiers jours où on était là-bas, 56 jours, on était sous les bombardements en permanence, presque tout le temps. Et même pour aller prendre nos repas c’était incertain parce que les obus arrivaient sur nous tellement vite. Alors vous vous posiez la question sur le fait d’aller manger ou de rester dans la tranchée. Or, les tranchées qu’on avait, juste pendant la Deuxième Guerre mondiale, étaient différentes de celles de la Première Guerre mondiale. Ces tranchées qu’on utilisaient pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient juste assez grande pour un ou deux hommes. Et chacun avait sa propre tranchée. Comme ça si un obus tombait, il, s’il touchait quelque chose, il n’aurait que deux hommes, pas tout un groupe.
Vous restiez assis dans votre tranchée et vous ne faisiez rien, de manière ininterrompue. A moins d’avoir des tâches à remplir, ce qui dans notre cas était de surveiller les transmissions quand on était sur un poste radio. Ou la même chose si vous étiez avec un téléphone, pour prendre les messages et les passer à qui de droit. Le jour de notre arrivée, il pleuvait et il faisait froid. La péniche sur laquelle j’étais en fait et la manière dont le débarquement s’est déroulé et on avait de l’eau jusqu’aux, bon, environ 1,20 mètres d’eau. Et c’est de l’eau salée et on avait nulle part où aller pour nous sécher. Nos vêtements ont simplement séché sur nous. Et c’était froid et il fait froid et c’est le mois de juin. Mais il ne faisait pas trop chaud. Il n’y a pas eu un temps particulièrement chaud en juillet et surtout au sud, à Falaise Gap où les routes étaient jonchées d’animaux morts et de cadavres et que la puanteur était insupportable par là.
Je ne suis peut-être pas d’accord avec un grand nombre de gens. Beaucoup de gens, ils ne veulent pas en parler ou ils pensent que c’est du temps perdu. Et je regarde ça d’une autre façon, c’est un, j’ai certainement beaucoup gagné, pendant ces cinq années où j’y étais. Vous apprenez la discipline, vous apprenez à vivre avec les autres, et je pense que c’est très utile. Je pense que c’est du temps bien utilisé. Alors je n’ai pas de regrets à propos du temps que j’y ai passé. Et bien-sûr, tout ça, il n’y avait pas que les bombardements et tout ça, on avait notre, on a eu du bon temps aussi.