Project Mémoire

Joyce Trott

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Joyce Trott est née à Colwyn Bay, au Pays de Galles. Sa famille s’est éventuellement établie à Tipton, dans les West Midlands, en Angleterre.  Au début de la deuxième guerre mondiale, elle est l’assistante d’un coiffeur mais en 1941, elle se joint à la branche féminine de l’armée britannique, le Service territorial auxiliaire (ATS). Elle travaille au bureau des enregistrements du Royal Army Ordnance Corps, dans la section des prisonniers de guerre. Elle marie le mitrailleur supérieur et mitrailleur de queue de l’ARC Edison Trott en 1943. En 1945, Mme Trott émigre au Canada avec leur fille âgée de trois mois, Susan. 

Edison Trott
Edison Trott
Edison Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott
Joyce Trott

À 17 ans, j’ai dit que je voulais vraiment quitter la maison, et j’ai senti que je devais aller dans l’armée. En bien, à 17 ans, c’était possible, et il y avait, bien sûr, la conscription pour les femmes. Mais ça ce n’était pas avant l’âge de 21 ans. Je crois que j’avais soit 20 ou 21 ans. Mais tu pouvais te porter volontaire, bien sûr. Quiconque au-dessus de 17 ans pouvait s’enrôler sans la permission d’un parent. Du moins pour une raison ou une autre je n’ai pas eu besoin de consentement.

 

Il y a eu toute une bataille à ce sujet. My belle-mère n’a pas, je devrais l’appeler Evelyn. Plus tard dans la vie, je l’ai appelée Evelyn et elle a toujours essayé de faire ce qui était le mieux pour moi. Mais elle n’aimait pas l’idée de me voir quitter ce mode de vie, avouons le, admirable, de devenir une bonne coiffeuse et peut-être avoir mon propre salon. Peut-être, savez-vous, plusieurs opportunités. À la place de tout ça, je voulais aller dans l’armée. 

Et mon vrai poste était à Leicester (Leicestershire, Angleterre) au bureau des enregistrements là-bas. Il y avait plusieurs bureaux des enregistrements et le nôtre était le Royal Army Ordnance Corps (RAOC). Et c’était purement un emploi de paperasse que j’avais, et c’était vraiment un grand bureau. Mon bureau en particulier était comme ça, il y avait à peu près une douzaine d’entre nous  je crois, et nous avions à travailler sur les prisonniers de guerre. Les Allemands était généralement assez bons. Et ils nous envoyaient des sortes de dossiers. Mais les gens qui gardaient cela en vie étaient ceux de la Croix-Rouge, qui étaient très bons. Ils réussissaient d’une quelconque façon, Dieu va savoir comment, mais il réussissaient à avoir les listes les plus à jour possible. Et c’était ce sur quoi nous nous fiions pour avoir l’information dont nous avions besoin à propos des prisonniers de guerre.

 

Et il y avait une partie, naturellement une partie très petite de notre, notre bureau était très petit, mais le bureau comme tel était grand. Mais notre coin était très petit, celui des prisonniers de guerre. Il y avait d’autres personnes prenant des dossiers et autres choses. Et puis il y avait des gens, et tout devait être vérifié. Donc dans un édifice il y avait toute l’information sur la vie d’une personne, d’un homme. Ils étaient tous des hommes au RAOC.

 

Le RAOC, soit dit en passant, sont les gens qui n’étaient pas réellement en combat mais qui livraient les biens. C’était les gens qui livraient les armements, la nourriture, et bien sûr, qui amenaient les camions au milieu du pire de la bataille. Ils n’étaient jamais loin des combats mais ne transportaient pas de fusils. Et il y avait beaucoup de morts, naturellement. 

 

Les prisonniers de guerre, c’était la grosse affaire. Donc garder des dossiers dans ce temps signifiait que tu avais les informations qui parvenaient de la Croix-Rouge. Tu devais comparer cette information avec celle dans de gros cartables qui contenaient les noms des hommes et de l’information à propos d’eux. Et ensuite tu devais aller dans une grande pièce qui contenait une autre série de dossiers qui tenaient compte de sa vie militaire, si c’était le cas. Donc, vos voyez, il y avait tout cela à vérifier avant de pouvoir cocher cet homme, qui apparaissait comme prisonnier de guerre sur cette longue liste fournie par la Croix-Rouge. Alors tu pouvais le cocher, oui, c’est un fait. Lorsque tu tombe sur des noms comme Smith, Brown, Jones ou Robinson, tu dois faire énormément de vérifications pour t’assurer que tu as la bonne personne pour pouvoir dire qu’il est prisonnier de tel ou tel camp dans quelqu’endroit.

 

Oh, oui, Dieu merci. Pas le mien, mais c’était le cas. Il y avait les gens qui devaient le faire. Bien sûr, toutes les lettres étaient standard, mais notre commandant ajoutait toujours une petite note exprimant ses condoléances ou quelque chose du genre. Donc, prisonnier de guerre, et bien sûr, nous devions nous adapter aussi, les prisonniers de guerre. Bien sûr, d’horribles morts ont eu lieu là-bas. 

 

Si tu étais mariée, tu avais, tu avais une meilleure fin de semaine. Tu avais une longue fin de semaine, une fin de semaine de 72 heures, ce qui signifie que j’étais libre le samedi matin parce que le bureau, bien sûr, était fermé. Nous étions au bureau le samedi matin mais nous étions libres après-midi. Et alors je crois que je ne devais pas y retourner jusqu’à une certaine heure le lundi. Je ne me souviens plus, mais j’avais 72 heures de toute façon. Alors je pouvais prendre ce qu’il appelaient le train (Royal) Scott express et je pouvais me rendre de Leicester à York (Yorkshire, Angleterre).  Il* était basé à York alors, il volait. Oh je ne vous l’ai pas dit. Eh bien, il vous l’a dit,  bien sûr, qu’il avait fait un transfert dans les forces de l’air  et donc il était basé à York. Et il était en mission de bombardement et j’arrivais là-bas. Je quittais le travail à midi et je prenais le train express et j’étais à York pour approximativement deux heures de l’après-midi. Je m’enregistrais dans un petit hôtel là-bas. Et il n’était probablement pas en congé, vous savez, ils faisaient les bombardements à la lumière du jour alors il était occupé à bombarder l’Allemagne. J’étais donc à York, à me demander quand il allait rentrer à la maison, et ce genre de choses. « Oh! Regarde maintenant, il est dix-sept heures. C’est le temps d’aller souper.»

 

Je suis restée dans l’armée pour deux autres années et je suis tombée enceinte. Nous savions définitivement que la guerre était presque terminée. Définitivement un bébé planifié comme je voulais, nous savions que la guerre serait terminée, et que je vivrais au Canada. Je voulais que ce bébé arrive au milieu d’amis, si je peux dire.

 

Ed a dû y aller avant moi parce qu’ils ne voulaient pas me prendre pendant que j’étais enceinte. Je crois qu’ils ne, ils pensaient que je ne pourrais pas le prendre. J'ai dû attendre que Susan, elle avait trois mois et alors j’ai obtenu mon voyage pour le Canada. La guerre était toujours en cours, bien sûr. Il y avait encore des U-boats (sous-marins allemands) dans l’Atlantique. Il y avait beaucoup d’autres épouses de guerre et la plupart avaient soit un bébé ou des petits enfants. Nous avons toutes été transportées à Liverpool (Angleterre) - oui c’est ça. Je savais quand je m’en allais, ils m’avaient donné à peu près trois mois d’avis, je crois, mais tout cela commence à être nébuleux à propos des dates parce que Sue n’avait que trois mois quand nous sommes arrivées au Canada.

 

Nous savions, comme je disais, nous savions que la guerre était presque terminée et c’était mon tour de rejoindre Ed au Canada. Et je n’avais toujours pas reçu d’informations concernant comment j’allais m’y rendre. Mais alors, quelques semaines avant que je doive partir, j’ai reçu toute l’information. Je devais obtenir un certificat d’un docteur  pour ceci, pour ça et pour tout. On m’avisait de quels vêtements, je n’avais plus vraiment de vêtements civils, et quand je pouvais prendre le train à Birmingham (Angleterre) et me rendre directement à Liverpool, et en effet, il y avait toute une organisation militaire et c’était très bien organisé et tout s’est déroulé parfaitement.

 

Alors je me rappelle qu’Evelyn et Ray nous ont amenées  à cette station de train à Tipton (West Midlands, Angleterre), j’imagine, et j’ai transféré à Birmingham et je suis arrivé à Liverpool. Et là il y avait plein de jeunes, nous étions pratiquement toutes jeunes, des jeunes mères avec des jeunes enfants et c’est là que nous sommes embarquées. Et nous sommes parties, et ça allait très lentement car nous étions, nous étions dans, comment est-ce qu’on appelle ça quand il y a une foule de petits bateaux aux alentours ? Bien sûr nous étions dans le convoi.

 

Et nous étions à peu près au milieu de l’Atlantique et nous écoutions les diffusions radiophoniques des deux côtés et soudainement, c’était arrivé, le « V-E day » (8 mai 1945, jours de la victoire en Europe). Et nous étions là, en plein milieu de l’océan. Et c’était drôle parce que nous étions beaucoup. Il y avait aussi des soldat qui retournaient, quelques-uns seulement, pas beaucoup. Et nous ne les voyions jamais. Je crois qu’ils étaient dans la cale. Mais, peu importe, nous étions là et ils ne savaient pas trop que faire avec nous. Je veux dire, le capitaine ne savait pas trop. Ils nous ont tous donné une bouteille de bière pour célébrer.

 

*Le mari de Mme Trott, Edison