Project Mémoire

Jules Blais (Source primaire)

« On a coulé un sous-marin, un sous-marin allemand, le U-877. »

Pour le témoignage complet de M. Blais, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

M. Jules Blais à la Ville de Québec, Québec, le 3 juin 2010.
M. Jules Blais à la Ville de Québec, Québec, le 3 juin 2010.
Avec la permission de Jules Blais

Transcription

J’étais envoyé à Québec pour prendre un nouveau bateau qui s’appelait HMCS Sea Cliff. Sur ce bateau là, on a été affecté sur le groupe C3 pour faire l’escorte des bateaux, des bateaux de transport pour outremer. On a fait plusieurs traversées à la fin de 1944. On a coulé un sous-marin, un sous-marin allemand, le U-877 [ce naufrage est officiellement attribué au NCSM St. Thomas].

Ce qui est arrivé, c’est que là nous autres on avait attaqué le sous-marin une journée avant avec nos depth charges [grenades sous-marines]. Alors ces charges là, ça contenait à peu près 300 livres de TNT. Quand on faisait exploser ça dans l’eau, ça faisait des mouvements assez pour attaquer le sous-marin. Le matin on se réveille, c'est-à-dire qu’on est toujours en devoir, mais le sous-marin allemand montait en surface. On m’avait demandé de monter dans lecrow’s nest [nid-de-pie] pour évaluer ce qui se passait parce que là je me trouvais à être élevé pas mal. À un moment donné, j’ai vu que les sous-mariniers allemands abandonnaient leur bateau. Alors quand j’ai vu qu’ils abandonnaient, j’ai avisé le pont, je devais me rapporter au pont, au capitaine, aux officiers qui étaient sur le pont. Nous autres on avait commencé à tirer sur le bateau. On avait des cannons de cinq pouces, c’était des balles qui pesaient à peu près 90 livres et ça faisait beaucoup de dommages quand ça frappait. Alors on a tiré un couple de coups mais on ne les a pas frappés. Quand on a vu que les Allemands abandonnaient leur bateau, on a arrêté de tirer. C’était au mois de décembre ça, le 25 ou 26 [le 27] décembre. L’eau était froide un peu.

Alors on s’était approché tranquillement. Éventuellement quand on a vu qu’il n’y avait plus de danger pour nous autres, on a mis des chaloupes à l’eau et on a pris les survivants. Il y a des survivants qui sont arrivés à bord, mais ils étaient gelés pas mal. Alors, on les a pris en charge. On avait un médecin dans ce temps là, et puis le médecin les a examinés. On leur a donné du linge de la Croix Rouge. La Croix Rouge nous fournissait du linge pour les survivants, ceux qu’on prenait; un gilet de laine, des pantalons de laine et des bas de laine pour que les gens soient confortables.

Il y en avait qui parlaient français. Le contact qu’on avait c’est qu’il fallait faire la garde de ces hommes. On les avait placés dans un endroit pour ne pas qu’ils s’évadent premièrement. On s’occupait de leur donner de la nourriture, des cigarettes, ce qu’ils avaient besoin. Une affaire en particulier c’est que nous autres, à bord de notre bateau, notre cuisinier nous faisait souvent de la tarte aux raisins pour le dessert. Nous autres on aimait ça. À un moment donné, on avait servi ça aux Allemands. J’arrive après pour voir si tout avait été nettoyé et voir à ce qu’ils ramassent leur vaisselle, puis ils n’avaient pas mangé leur tarte aux raisins. Alors moi ce que j’ai fait, je me suis assis et j’ai mangé un morceau de tarte. Mais la prochaine fois, parce qu’à tous les deux jours on avait de la tarte aux raisins, là ils m’avaient fait une place pour manger ma tarte aux raisins. En tout cas, c’est juste un détail mais j’ai trouvé ça précieux, dans ce temps là.