En 2010, le Projet Mémoire s’est entretenu avec Lillian Wylie Warren, ancienne combattante de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement et la transcription qui suivent proviennent de cet entretien. Lillian Wylie Warren a servi dans le service féminin de l’armée britannique, d’abord dans la division agricole, puis dans l’horticulture. Dans son témoignage, elle décrit son expérience au sein de l’armée et les conditions de travail ardues dans les fermes. Elle raconte également avoir souvent entendu des bombes et des missiles voler au-dessus d’Ipswich, Angleterre, une ville massivement bombardée pendant la guerre.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Donc, je suis entrée dans la [British Women’s] Land Army . Ce n’était pas très loin de chez moi ce qui était bien et je pouvais rentrer chez moi pendant les fins de semaine. Mais c’était la section War Agriculture (agriculture en temps de guerre). Ensuite, je suis allée dans la section [War] Horticulture (horticulture en temps de guerre) et le travail, bien sûr, n’était pas aussi difficile. Autrement, c’était un travail très dur. On était assis dehors sur des acres de terre et il neigeait et on avait faim et c’était l’heure du déjeuner. Alors on prenait notre seau, on s’asseyait dessus et on sortait notre sandwich. À midi, je suis allée à mon, mais j’avais déjà tout mangé à 10 h. Donc, le jour suivant on mettait un peu plus de sandwiches et de choses dans le seau parce qu’on avait tellement faim. On travaillait sur des acres de terre. Une autre fois, on était dans une ferme qui faisait la culture des pommes de terre. Les pommes de terre étaient arrachées par le fermier et on devait les ramasser. Beaucoup de travail, dur pour le dos. Aussi l’arrachage des betteraves, les betteraves à sucre, si on était dans une ferme pauvre, il fallait les sortir de terre à coups de talon. Mais si on était chez un fermier riche, elles avaient déjà été sorties et il fallait les ramasser. Nous, les 60 filles, on logeait dans une maison privée dans cette grande, grande ferme qui était contrôlée par la War Agriculture bien sûr. On nous nourrissait, un personnel de dix personnes s’occupait de nous, toute notre nourriture était préparée, sauf ce qu’on emmenait dans nos seaux pour manger dans l’après-midi. J’ai été là-bas un certain temps, la fille qui était encore sur cette propriété, elle aidait le vieux jardinier, le jardinier d’origine de la propriété et son mari était dans les Forces. Il avait été fait prisonnier et elle était tellement désemparée qu’elle a dû rentrer chez elle. Donc, je suis allée voir notre chef pour voir si, j’aime beaucoup jardiner et je lui ai demandé : « est-ce que je pourrais y aller? ». Elle est allée se renseigner et quand elle est revenue elle m’a dit que j’avais le travail. Donc, j’ai fait du jardinage, de l’horticulture au lieu de l’agriculture, c’était un travail plus facile. C’était grand, vous savez, lourd, je veux dire, on devait tout faire. Mais c’était une vie beaucoup plus agréable, j’aimais bien ça. Les avions bombardiers au-dessus de nous. Ça faisait peur. C’était terrible à Ipswitch [Angleterre], ils se sont faits tellement bombarder et on entendait les bombardiers qui arrivaient. Et les bombes volantes, elles arrivaient près de la rivière, on les entendait. Et quand il y avait eu des bombardements, je me souviens, je pense que mes parents, on allait voir où les bombes étaient tombées et les routes à Ipswitch étaient longues, environ 1,5 km de long. C’est ce qu’on disait toujours. Et quand on est descendu, on est descendu sur deux routes et elles étaient plates. Complètement aplaties. À l’exception d’un fauteuil en osier qui était là dehors et un casier à œufs. On n’avait pas de congélateur ou de réfrigérateur à l’époque. Et je me rappelle du casier à œufs, il était en bois, et il y avait un œuf dedans. Et pourquoi? Toute cette destruction, mais il restait ces deux choses.