« Donc quand on arrivait pour distribuer le courrier, ils s'en venaient tous pour voir s'il y avait du courrier, c'était tellement important pour le morale du soldat. »
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Transcription
Après ça, ils ont décidé de commencer à appeler les gens à 21 ans pour une période de trois mois. Moi, 21 ans le 23 janvier 1941, le lendemain de ma fête, un document du fédéral, Monseigneur Devoir, mon docteur de famille, lui il va (me faire) passer un examen qu'il va référer au gouvernement pour des candidats futurs. Mon docteur ne pense pas - je ne vous dirai pas ce qu'il m'a dit parce que c'est un peu politique – après ça et peut-être un couple de semaines après, je reçois une lettre de l'armée de me présenter au camp du basic training (entraînement de base) de Saint-Jérôme pour trois mois. Après un mois que j'étais à Saint-Jérôme, un bon dimanche matin, on voit sur le journal Le Mirroir, je m'en rappelle encore du journal, il n'existe plus aujourd'hui, un gros en-tête : « Entraînement prolongé jusqu'à la fin de la guerre ». Marcel Caron était désappointé un peu là. Je pensais faire trois mois et puis retourner au civil.
L'armée a fait une promotion parce qu'ils avaient besoin de candidats pour le corps postal. Je vais vous dire ce qui concerne le corps postal : le corps postal, ils ont leur bureau principal à Ottawa, le base post office (bureau de poste militaire). Là, ils ont tout le courrier de tous les soldats qui sont outremer et tous les soldats au Canada dans tous les gros emplacements comme Valcartier, Borden, Petawawa, même l'air force, même l'aviation. Toutes les grosses places, c'est eux qui s'occupent du courrier qui sort à partir de nos régiments du corps postal qui ont le bureau chef à Ottawa. Maintenant, moi quand je suis parti de Saint-Jean, Nouveau Brunswick, je suis venu à Ottawa, j'étais très heureux; près de Montréal et tout. J'étais transféré à Valcartier. À Valcartier, il y avait un bureau de poste qui recevait tout le courrier pour les soldats qui sont là. Il y avait seulement un sergent, un corporal et deux privates (soldats). Moi, j'étais un des deux privates. On rencontre le train qui vient de Chicoutimi et tout ça, on le rencontre vers deux ou trois heures du matin. Dans la journée, on va à Québec, au bureau de poste de Québec qui a tout le courrier pour Valcartier. On s’aperçoit qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de colis pour des soldats qui sont outremer. Il faut que ça passe par Valcartier. Maintenant, tout le courrier... Une petite affaire spéciale, si on vous donnait un exemple pour le [Royal] 22e [Régiment] mettons, c'est qu'après ça on va dans chaque hutte puis on distribue. Une journée j'arrive dans une hutte et je commençais à crier les noms, Monsieur Untel, Monsieur Untel, arrive un nom disons que le gars s'appelle Gustave, si vous voulez, Gustave Untel, donc je lui donne sa lettre. Tous les gens qui sont aux alentours, ils lui disent, t’as reçu une lettre, qui est-ce qui t’a écrit? Le type il ouvre son enveloppe, il y a cinq feuilles, il n’y a rien d'écrit sur les feuilles, puis sur la dernière feuille c’est signé un nom. Donc les gars disent, hein, tu appelles ça une lettre? Le type il dit Oui, il dit, C'est mon frère, ça fait cinq ans qu'on ne se parle pas. Donc quand on arrivait pour distribuer le courrier, ils s'en venaient tous pour voir s'il y avait du courrier, c'était tellement important pour le morale du soldat.
C'était tellement important que les compagnies de tabac avaient des promotions; pour une piastre, vous aviez 300 cigarettes; pour trois piastres, vous aviez mille cigarettes. Maintenant, ce qui arrivait c'est que les gens envoyaient de l'argent à Imperial Tobacco ou bien Macdonald puis eux-autres retournaient une carte aux soldats qui étaient outremer. Le soldat outremer, pour avoir ses cigarettes, leur corps postal avait un « tobacco depot » (dépôt de tabac). Le soldat se présentait avec sa carte, si t'as 300 cigarettes. Si c'était 3 piastres, ils donnaient mille cigarettes.
En revenant au corps postal, il ne fallait pas oublier qu'on s'occupait des prisonniers allemands qui étaient ici. Parce qu'au commencement de la guerre, les prisonniers qu'ils prenaient, ils les ramenaient ici au Canada. Ils étaient à différentes places, ils étaient à l'Ile Sainte-Hélène, ils étaient à Hull. Les parents de ces prisonniers-là envoyaient du courrier. C'était au corps postal, on avait toute la liste des prisonniers à quelle place qu'ils étaient, dans Brockville, ils étaient ici, ils étaient là. Ils n'étaient pas trop sévères pour ça. Mais encore une fois, on sera surpris combien les gens d'Allemagne s'occupaient des prisonniers qui étaient ici.