Article

Postes

Le service postal est un réseau d'installations de services de transport reliant tous les bureaux de poste et les milliers d'employés travaillant à l'acheminement et à la distribution du courrier. C'est un service utilisé à des fins personnelles, sociales et commerciales.
Galt, bureau de poste de
Réalisé par Thomas Fuller (1885-1887) à Galt.
(© Brad Calkins/Dreamstime)

Le service postal est un réseau d’installations de services de transport reliant tous les bureaux de poste et les milliers d’employés travaillant à l’acheminement et à la distribution du courrier. C’est un service utilisé à des fins personnelles, sociales et commerciales. La coopération entre les administrations postales transcende les désaccords politiques et rend possible l’échange de courrier avec presque tous les pays du monde.

Bureaux de poste

Les succursales postales sont des prolongements du bureau principal et offrent les principaux services. Dans certains magasins et commerces, des comptoirs postaux permettent également de mieux desservir la population. C’est le propriétaire qui agit comme maître de poste et engage un commis au besoin. Dans les régions rurales suffisamment populeuses, il existe un service de livraison. Dans certains cas, des boîtes postales communautaires sont placées en un lieu bien situé où les clients viennent chercher leur courrier. On peut également louer des cases dans les bureaux de poste. Le courrier peut être envoyé à une adresse précise ou à la poste restante. Dans le deuxième cas, le destinataire devra le prendre au bureau de poste.

En 2015, Postes Canada a livré plus de 9 milliards d’articles de courrier à 15,7 millions d’adresses résidentielles ou commerciales et elle a exploité près de 6 300 bureaux de poste et 21 stations de tri dans tout le pays. Les opérations postales représentent à peu près 80 % de ses recettes consolidées. Postes Canada a une participation majoritaire dans la société Purolator Courier, société de courrier express canadienne, dans le Groupe SCI, qui fournit des services de gestion de chaîne d’approvisionnement, et dans la coentreprise Innovaposte, qui s’occupe des systèmes informatiques et d’information du Groupe.

Historique

Dès ses débuts, le commerce exige des moyens d’échanger de l’information autant que des biens et des services. L’expansion des empires demande un réseau rapide et fiable de transmission des ordres et des rapports. Grâce à un réseau de postes de relais, l’Égypte est en mesure d’acheminer rapidement des messages sur de longues distances. Les Romains se servent de chevaux rapides sur leurs routes carrossables pour assurer, en 24 heures, la livraison postale jusqu’à 280 kilomètres. Par la suite, le premier changement important survient avec l’arrivée des véhicules à vapeur au XIXe siècle. Par train, le courrier parcourt 800 kilomètres en une journée. À partir du XXᵉ siècle, l’avion permet de transporter le courrier à des milliers de kilomètres en moins de 24 heures. Avec le développement de la transmission électronique des télécopies par satellite, les messages sont envoyés d’un bout à l’autre de la planète en seulement quelques minutes.

C’est en Angleterre que le système postal moderne est créé avec l’introduction par Rowland Hill du timbre-poste gommé, en 1837. Hill met également au point des tarifs uniformes basés sur le poids plutôt que sur les dimensions et rend possible et pratique le paiement à l’avance des frais de poste. En mai 1840, le gouvernement britannique adopte le système de Hill. Il sera bientôt imité dans le monde entier.

Grandes lignes de l’évolution au Canada

À l’arrivée des Français en Amérique du Nord, au début du XVIe siècle, les Autochtones envoient leurs messages par des messagers rapides et dignes de foi. Les Français utilisent le canot d’écorce entre les colonies situées en bordure du fleuve Saint-Laurent. En 1734, une route (le Chemin du Roy) est ouverte entre Québec et Montréal et un messager spécial est nommé pour transporter les proclamations officielles. Contre paiement, il transporte également d’autres messages. Le long de la route, des « relais de poste » dirigés par un « maître de poste » sont aménagés pour recevoir les messages et l’argent et pour fournir des chevaux frais jusqu’au relais suivant.

Québec, services des postes
Canada-Est, 1848 (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-40269).

En 1753, Benjamin Franklin est l’un des deux sous-ministres des postes nommés pour l’Amérique et les colonies britanniques. Il met sur pied, en 1755, le premier service postal régulier, qui relie mensuellement Falmouth, en Angleterre, et New York. Il ouvre également le premier bureau de poste officiel du Canada, à Halifax, en Nouvelle-Écosse, pour relier cette ville aux colonies de l’Atlantique et assurer un service postal vers l’Angleterre. En avril 1754, Benjamin Leigh ouvre à Halifax un bureau de poste pour le courrier local et extérieur.

Après la signature du Traité de Paris, en 1763, Franklin établit un bureau de poste à Québec et des succursales à Montréal et à Trois-Rivières et nomme un immigrant écossais, Hugh Finlay, maître de poste. Ce bureau permet d’instaurer un service mensuel de messagerie par la voie du lac Champlain entre Montréal, New York et le service d’expédition de colis de l’Atlantique. Ses sympathies envers la Révolution américaine valent à Franklin d’être démis de ses fonctions en 1774, et Finlay devient alors le sous-ministre des postes des colonies du Nord. En 1775, les révolutionnaires perturbent sérieusement le service postal et mettent en danger la vie des messagers. C’est pourquoi Finlay interrompt le service intérieur. La paix revient en 1783, et le 7 juillet 1784, Finlay devient maître de poste général du Canada. La Révolution provoque une vague d’immigration de Loyalistes au Canada et nécessite l’amélioration des services postaux. Au début de 1784, Finlay engage un messager, Pierre Durand, pour mettre sur pied une liaison canadienne entre Halifax et Québec, séparées par 1000 km de forêt. L’aller-retour prend 15 semaines.

En 1851, il y a des maîtres généraux des postes en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et dans la Province du Canada, mais le gouvernement britannique administre toujours les postes. Convaincus de pouvoir faire fonctionner le service plus efficacement, les adjoints provinciaux réclament à la reine Victoria la passation de pouvoir. L’approbation royale devient officielle le 22 février 1851 et entre en vigueur le 5 avril suivant. Jusqu’à la Confédération, les provinces unissent leurs efforts pour offrir les services postaux nécessaires, sous la direction de W.H. Griffin, secrétaire de James Morris, maître de poste général de la Province du Canada. Cette nouvelle collaboration décentralisée comble les attentes de ses artisans. Les tarifs sont réduits et le nombre d’envois double au cours de la première année de collaboration interprovinciale.

Vers 1850, les bateaux à vapeur remplaçaient en bonne partie les voiliers pour le transport en toute sécurité du courrier sur les principales voies navigables du Canada. Durant la saison navigable, des bateaux à vapeur postaux acheminent régulièrement le courrier de Kingston à Montréal et de Montréal à Québec. En 1852, ces services fonctionnent selon un programme de liaisons et s’étendent jusqu’à l’extrémité du lac Ontario pour accélérer le transport du courrier en provenance du Canada-Ouest. Vers 1865, des navires postaux sillonnent la région supérieure des Grands Lacs, reliant Parry Sound, Collingwood, Sault-Sainte-Marie et Fort William avec le service postal des États-Unis. Un service hebdomadaire de navire à vapeur transporte aussi le courrier de Québec vers la Gaspésie et les ports du golfe du Saint-Laurent.

En 1860, les Postes décident de créer leur propre service transatlantique de Montréal à Liverpool, en Angleterre. L’année 1861 est un vrai désastre. En effet, le 4 juin, le Canadian heurte un iceberg et sombre au large de Terre-Neuve tandis que le North Briton coule sur le Rocher du Perroquet dans le golfe du Saint-Laurent, le 5 novembre. De nouvelles règles améliorent la sécurité et la fiabilité du service tout en en abaissant les coûts, de sorte que vers 1890, le Canada dispose d’un service postal par mer qui le relie à la Grande-Bretagne et à l’Europe au départ de Montréal et de Halifax, aux Antilles à partir de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, et à la Chine et au Japon au départ de Vancouver. Une ligne directe avec l’Australie est créée en 1893 en passant par Honolulu et Fiji.

P.C.N.-O. - Yukon
Police à cheval du Nord-Ouest (P.C.N.-O.) au Yukon 1898-1899
Uniforme : police à cheval du Nord-Ouest
La tunique écarlate de cérémonie de la Gendarmerie royale du Canada est probablement le plus célèbre des uniformes canadiens (avec la permission des Musées nationaux du Canada/Musée canadien des civilisations).

En 1899, la Police montée du Nord-Ouest cède le service postal à la Canadian Development Company, qui lance un service de navire postal bihebdomaire entre Atlin et Bennett et entre Bennett et Dawson pendant la saison navigable au Yukon. Des commis des postes ambulants commencent, en 1854, à trier le courrier et à le distribuer aux étapes entre Niagara et London (Ontario). En 1857, des wagons spécialement aménagés, appelés bureaux de poste du chemin de fer, rattachés au service postal par train, réduisent le délai de livraison du courrier de Québec à Windsor (ON), de 10 jours à 49 heures, sans faute. En 1863, la période d’essai des bureaux de poste mobiles se termine et, le 12 août, un décret en généralise l’utilisation sur le Grand Trunk Railway.

Locomotive de type Scotia 0-6-0
Locomotive de type Scotia 0-6-0, sur un timbre de 32 cents (avec la permission de la Société canadienne des postes).

Les Postes sont l’un des premiers ministères formés après la Confédération et prennent en charge le service postal le 1er avril 1868. À bord du Canadien Pacifique, qui traverse les Prairies, un bureau de poste, dont l’adresse est « Fin de la voie ferrée » met à la disposition des pionniers les opérations bancaires, les mandats postaux et les commandes postales. Un autre train, parti de Montréal le 28 juin 1886, arrive le 4 juillet à Port Moody, en Colombie-Britannique. Ce train inaugure un service postal national qui fait l’envie du monde entier pendant 80 ans. Le service gratuit de facteur est introduit à Montréal le 1er octobre 1874. La livraison rurale gratuite commence entre Hamilton et Ancaster, en Ontario, le 10 octobre 1908. Le 24 juin 1918, le capitaine Brian Peck pilote de Montréal à Toronto le premier avion postal officiel du Canada. Deux semaines plus tard, Katherine Stinson, la première femme à piloter un avion postal au Canada, répète l’exploit de Calgary à Edmonton, emportant avec elle 259 lettres « autorisées ». Le 21 septembre 1924, un avion postal transporte, de Haileybury, en Ontario, à Rouyn, au Québec, du courrier payé à l’avance, ce qui réduit le délai de livraison entre ces deux villes minières nordiques et isolées de quelques semaines à quelques heures.

Les premiers « contractuels » de la poste aérienne entreprennent leurs activités le 4 octobre 1927 entre Lac du Bonnet, Bisset et Waldhope, au Manitoba. En 1927, les Postes mettent également à l’essai un service de poste aérienne qui rejoint les transatlantiques à Rimouski et transporte ensuite le courrier vers Québec, Montréal et Ottawa. Ce service est maintenu jusqu’en 1939. En janvier 1929, en compagnie de l’ingénieur L. Parmenter, F. Lundy de Western Canada Airlines et de T.J. Reilly, inspecteur des bureaux de poste, le célèbre pilote de brousse. Punch Dickins transporte du courrier jusqu’à Fort McMurray, Fort Resolution et Aklavik. La même année, en décembre, la poste aérienne entre Fort McMurray et Aklavik relie les Territoires du Nord-Ouest au réseau postal et fait pénétrer le service postal environ 200 kilomètres à l’intérieur du cercle arctique. En 1937, un contrat de poste aérienne contribue à financer les Lignes Aériennes Trans-Canada. Le 1er mars 1939, un service quotidien de poste aérienne entre Montréal et Vancouver est inauguré. Il s’étend aux Maritimes en janvier 1940. Le 1er juillet 1948, le Canada devient le premier pays du monde à introduire un service intérieur entièrement par avion. Le courrier de première classe est acheminé par avion au tarif normal.

Changements technoloqiques

Au XIXe siècle, le train et le bateau à vapeur permettent de transporter plus rapidement du courrier toujours plus volumineux sur des distances sans cesse croissantes. Il est possible d’effectuer le tri pendant l’acheminement, ce qui élimine les temps morts et la manutention au bureau de poste. La mécanisation du réseau raccourcit énormément les délais de livraison et augmente la régularité du service. Durant les années 1920, l’introduction du convoyeur, de l’élévateur et du système d’alimentation par gravité réduit le temps et le travail requis pour la manutention dans les bureaux de poste. Un postier albertain du nom de J.A. Lapierre construit une machine à neige pour le transport du courrier entre Saint-Paul et Sainte-Lina, en Alberta, durant l’hiver de 1923. Pour ce faire, il remplace les roues avant d’un modèle T de Ford par des skis et relie les roues avant en tandem avec les roues arrière. Des chaînes d’une double longueur passe au-dessus de chaque couple de roues. La cabine est chauffée par la chaleur du radiateur. Cette machine ressemble quelque peu aux premières motoneiges. Elle fonctionne tellement bien qu’on s’en sert comme taxi pour conduire les gens vers les salles de danse ou de réunion quand les routes sont impraticables.

L’introduction du service postal complet entièrement par avion, l’amélioration du réseau routier asphalté et des services de l’industrie du camionnage de même que la grève des chemins de fer en 1950 entraînent la fin du transport postal par train et ramènent les opérations de tri aux bureaux de poste. La poste aérienne rend également la population plus exigeante envers les Postes : on s’attend à recevoir son courrier en quelques heures.

La croissance du pays et l’urbanisation, en plus des changements dans la composition du courrier, rendent plus complexes les réseaux de distribution. Puis, au milieu des années 1960, l’abandon des examens annuels sur les capacités de distribution et de la réglementation réduit la vitesse du tri manuel de mémoire. Pour résoudre ce problème, on étend donc à toute l’année le tri alphabétique simplifié, habituellement employé à la période de Noël. Ce tri exige moins de formation, mais plus de gens pour le faire. Les installations, déjà à peine suffisantes, deviennent nettement inadéquates. De toute évidence, il faut mécaniser le tri.

Les Postes canadiennes cherchent d’abord à simplifier, à rationaliser et à standardiser le travail tout en s’accommodant des installations existantes. Cela entraîne la mécanisation des étapes du tri. Une machine à séparer, à redresser et à oblitérer de conception britannique appelée SEFACAN est introduite à Winnipeg et une machine à trier, importée de Hollande, du nom de Transorma, est installée à Peterborough au cours des années 1950. Ces machines sont bruyantes et lentes.

Le ministère des Postes charge alors Maurice Lévy, un scientifique, de concevoir et de superviser la construction, pour le Canada, d’un nouveau système électronique contrôlé par ordinateur de tri automatique du courrier. Il fait tester, en 1953, un modèle expérimental et artisanal de trieuse au quartier général des Postes à Ottawa. Comme il fonctionne bien, des manufacturiers canadiens construisent le prototype d’une codeuse-trieuse, capable de traiter l’ensemble du courrier en provenance de la ville d’Ottawa. Cet appareil est assemblé sur place en 1956 dans l’édifice Langevin. Son taux de rendement est de 30 000 lettres à l’heure, avec une marge d’erreur de moins d’une lettre sur 10 000.

Cette machine impressionne les visiteurs venus de tous les coins du monde, en 1957, pour participer au congrès mondial de l’Union postale universelle. Un nouveau gouvernement ordonne cependant la fermeture du laboratoire de Lévy et charge Canadair, à Montréal, de poursuivre les mises au point. C’est un échec, et l’équipement sera vendu plus tard à la ferraille. C’est alors qu’en 1970, Postes Canada porte son choix sur une machine belge qui a fait ses preuves pour le tri et le codage ainsi que sur des machines ultra-rapides de conception japonaise pour la séparation, le redressement, l’oblitération et la lecture optique. Le Canada possède actuellement le réseau postal le plus mécanisé et peut-être le plus efficace du monde.

Processus d’acheminement du courrier

On dépose une lettre dans une boîte aux lettres rouge du voisinage. Cette boîte est vidée à heures fixes et son contenu est transporté par camion au bureau de poste central, où les colis, les grandes enveloppes et le courrier affranchi au compteur sont mis à part et où le reste est oblitéré. Le courrier qui circule à l’intérieur de la ville où il a été posté est trié par nom de rue et réparti selon les itinéraires des facteurs ou expédié aux succursales postales, où il sera distribué aux facteurs, qui eux, le répartiront par rues et numéros de porte en vue de la livraison. Le facteur prend dans son sac environ 16 kilogrammes de courrier à la fois. Le reste est amené par camion à des boîtes de relais situées à des endroits commodes sur le trajet du facteur. Les gros colis sont livrés par camion. Le courrier destiné à l’extérieur de la ville est trié, mis en sacs et acheminé vers le pays, la ville ou le centre de distribution nécessaire. Là, il est à nouveau trié, placé dans les boîtes des abonnés ou distribué aux facteurs ruraux qui le livrent aux destinataires.

C’est à Ottawa qu’on commence à mécaniser le tri du courrier, en 1972. Le système est fondé sur un code postal alphanumérique (AN) de six caractères qui constitue la dernière ligne de l’adresse. Ce code est composé de lettres et de chiffres alternés et divisés en groupes ANA et NAN. Le premier désigne la zone géographique alors que le deuxième est un code local qui peut désigner la rue, l’immeuble ou le groupe de bureaux de poste ruraux. Le courrier est apporté à un établissement de traitement du courrier (ETC), puis déchargé sur un convoyeur qui le transporte vers une machine à vider les sacs. Puis, un autre convoyeur l’achemine vers un poste de tri éliminatoire, où les articles trop gros, trop petits ou inacceptables sont retirés à la main. Le courrier est ensuite dirigé vers une machine à séparer, à redresser et à oblitérer, où il est à nouveau séparé s’il ne répond pas aux normes de dimensions et d’épaisseur de la machine. La machine redresse alors le reste des enveloppes et une cellule photoélectrique repère le timbre et déclenche l’oblitération. Les lettres sont ensuite empilées dans des plateaux codés et envoyées à un système d’entreposage temporaire, d’où un ordinateur les expédie à l’étape suivante, selon un programme préétabli.

Pour ce qui est de l’étape suivante, il peut s’agir du balayage au lecteur optique qui repère et lit les codes dactylographiés ou écrits en caractères d’imprimerie et applique un code de lignes colorées qui actionne une trieuse. Un maximum de 30 000 lettres à l’heure peuvent ainsi parvenir aux boîtes d’acheminement de la trieuse. Les adresses qui ne peuvent être lues par le lecteur optique sont envoyées à un pupitre de codage où un employé introduit à la main le code de lignes colorées. Les enveloppes qui ne portent pas de code ou dont le code est indéchiffrable sont rejetées par le pupitre de codage qui les envoie à des codeurs manuels. Le lecteur optique et le pupitre de codage s’occupent du premier tri et ajoutent les lignes de couleur au code en vue du tri final par la trieuse.

Le courrier qui ne répond pas aux normes ou dont le code n’est pas facilement lisible doit être mis à part. Les grandes enveloppes et les revues, qu’on appelle les grands objets plats, sont triées par des machines spéciales. Les petits colis et les petits objets ont également leur propre système de tri. Un employé indique leur code postal à un ordinateur, qui les achemine vers un mécanisme qui les trie en fonction de leur destination. Le courrier ordinaire, les colis, les grandes enveloppes et le courrier trié à la main sont ensuite rassemblés en un point où le courrier destiné à un endroit précis est assemblé et emballé, puis transporté par convoyeur ou par chariot élévateur jusqu’à l’aire de répartition. Des navettes de camions assurent le transport du courrier local vers les succursales postales, d’où il sera livré. Le reste du courrier est transporté par camion à d’autres bureaux de poste ou à une installation de poste aérienne, d’où il sera expédié par avion vers d’autres villes ou d’autres pays.

Union postale universelle

L’Union postale universelle est un organisme international qui facilite l’échange de courrier entre les pays. C’est un lieu de discussion où les nations peuvent résoudre les problèmes qui empêchent la libre circulation du courrier. L’Union est fondée en 1874, à Berne, en Suisse. Le Canada en est membre depuis 1878. L’Union postale universelle est un organisme spécialisé des Nations Unies comptant 192 pays membres qui forment un territoire postal unique. Le libre transit du courrier est garanti dans tout le territoire de l’Union. Le Canada est également membre de l’Union postale des Amériques, de l’Espagne et du Portugal (UPAEP) au sein de laquelle il joue un rôle actif.

Société canadienne des postes

Postes Canada devient la Société canadienne des postes le 16 octobre 1981. Le sous-ministre des Postes, J.C. Corkery, est alors remplacé par le président de la Société, R. Michael Warren, responsable devant un conseil d’administration présidé par le juge R.J. Marin. Les sous-ministres adjoints sont remplacés par des vice-présidents exécutifs, et la société d’état est réorganisée de façon hiérarchique.

La négociation collective est régie, conformément au Code du travail du Canada, par la Commission des relations de travail du Canada et Emploi et Développement social Canada. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) représente 51 000 membres répartis en 208 sections locales (2016) qui sont facteurs ruraux et suburbains, facteurs, livreurs de service postal, commis des postes, préposés à la manutention du courrier, manieurs de dépêches, techniciens, mécaniciens, électriciens et techniciens en électronique. Le STPP représente également des nettoyeurs, des messagers, des chauffeurs, des mécaniciens des véhicules, des employés des entrepôts, des employés d’agences de publipostage, des répartiteurs aux urgences médicales, des messagers à bicyclette et d’autres travailleurs dans plus de 15 unités de négociation du secteur privé.

La distribution postale à l’ère du numérique

Postes Canada, qui doit relever des défis importants, se trouve notamment confrontée à des difficultés dans les relations du travail qui ont donné lieu à des lock-out et à des grèves. La Société doit également résoudre les problèmes associés à la révolution du numérique, tout en renforçant son principal atout, c’est-à-dire la capacité de faire concorder le flux de données numériques et un flux parallèle de marchandises physiques, y compris des imprimés. Voyant le salut dans le marché naissant du commerce électronique, Postes Canada s’efforce de régler les problèmes liés à la structure des coûts qui accompagnent inévitablement les nouvelles technologies.

La corbeille arrivée remplaçant la boîte aux lettres et la correspondance physique chutant au Canada, Postes Canada se modernise pour rester concurrentielle, gère l’évolution des volumes et des demandes du marché, et se positionne pour une croissance future. La Société investit dans une transformation postale afin de moderniser le matériel, les véhicules et les systèmes informatiques, y compris dans de l’équipement et des systèmes de traitement du courrier de nouvelle génération, dans de nouveaux véhicules éconergétiques et ergonomiques, et dans de nouveaux modèles de chariots et de conteneurs pour faire circuler le courrier en toute sécurité dans les installations.

Les nouveaux modèles de distribution comprennent du matériel qui permet de pré-séquencer le courrier en fonction de la tournée du facteur. Les facteurs sont dotés de dispositifs de saisie de données portables qui leur permettent un accès en temps réel aux services de communication. Ainsi, ils peuvent mettre à jour des données relatives à la distribution pour le suivi des colis et la confirmation d’erreurs dans les adresses des clients. Des services Web intégrés relient directement aux plateformes de commerce électronique des entreprises, à leurs sites Web et à des applications personnalisées grâce à des interfaces de programmes d’application (API), ce qui permet aux magasins en ligne, aux plateformes de commerce électronique et aux développeurs d’ajouter l’expédition, le suivi, des estimations, les ramassages et les retours directement sur les plateformes, les sites Web et les applications personnalisées, en temps réel.

Postel, la « boîte aux lettres numérique personnelle » gratuite lancée en 2000, a été le premier groupeur de factures du Canada. Ce service, qui compte en 2016 plus de 7,5 millions d’abonnés, leur offre un guichet en ligne unique à partir duquel ils peuvent, en se connectant grâce à un mot de passe, gérer les factures du ménage et des documents essentiels. De plus, postel est pleinement intégré dans sept grandes banques du Canada. Un nouveau système de « coffre » permet aux particuliers et aux entreprises de conserver pendant sept ans au maximum, contre acquittement de frais, des documents tels que des factures, reçus, déclarations fiscales et relevés bancaires. Les fichiers sont codés et bénéficient d’un niveau de sécurité égal à celui du secteur bancaire dans des centres de données de niveau trois dotés d’un module de reprise après sinistre, de sauvegardes hors site et de systèmes d’alimentation électrique multiples indépendants.

Suppression progressive de la distribution du courrier à domicile

Postes Canada a traité en 2013 près de 1,2 milliard d’articles de courrier en moins qu’en 2006. Invoquant des coûts croissants et un volume de courrier en constante diminution, Postes Canada a annoncé en 2013 un plan de suppression progressive de la distribution du courrier à domicile et l’élimination de 8 000 emplois dans le cadre de sa stratégie visant à rester compétitive sur un marché de plus en plus ancré dans le numérique. La Société prévoit à l’époque de livrer le courrier au tiers des Canadiens qui en reçoivent encore dans des boîtes à lettres communautaires. Cette mutation, dont le début est programmé pour l’été 2014 et qui devait entrer en pleine action d’ici 2019, devait permettre d’économiser jusqu’à 500 millions de dollars par an d’ici 2019.

Perçue par de nombreux observateurs comme une première étape vers la privatisation du service, cette décision a déclenché une vive opposition et des manifestations dans plusieurs villes. Plusieurs observateurs se sont inquiétés d’une telle diminution des services, eu égard à la sécurité et à la commodité offerte jusqu’à maintenant aux clients, en particulier aux personnes âgées et aux personnes atteintes d’incapacités. Les plaintes formulées par plusieurs résidents frustrés et mécontents d’une augmentation du trafic et des détritus autour des boîtes aux lettres communautaires ont poussé Postes Canada à changer l’emplacement de plus de 700 nouvelles boîtes.

En octobre 2015, Postes Canada annonce qu’elle va suspendre de manière temporaire le processus de conversion vers les boîtes aux lettres communautaires à la suite de la promesse formulée par le candidat au poste de premier ministre Justin Trudeau d’annuler les coupes budgétaires visant la Société. Au début de 2016, des efforts étaient en cours pour mettre fin au processus de conversion vers des boîtes aux lettres communautaires qui touchait environ 460 000 adresses d’un bout à l’autre du pays. Dans les quartiers où la conversion a déjà été réalisée, les clients devront continuer à aller chercher leur courrier dans la boîte communautaire.