Project Mémoire

Marcel Routhier

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Marcel Routhier
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M. Routhier posant lors de l'expédition Muskox à Norman Wells (Territoires du Nord-Ouest) en 1946.
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Les "Muskoxers", tel que l'on surnommait les hommes faisant partie de l'expédition militaire canadienne dans les Territoires du Nord-Ouest en 1946. Ils posent à l'aérodrome de Churchill (Manitoba). Selon la légende sous la photo d'époque, la température à ce moment-là s'établissait à 44 degrés sous zéro.
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Pendant son service militaire de 1943 à 1946 avec l'Aviation Royale du Canada, M. Routhier fit partie de l'expédition Muskox dans les Terrritoires du Nord-Ouest. Le voici posant à Norman Wells en 1946.
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M. Routhier à Norman Wells (T.-N.-O.) en 1946.
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M. Routhier posant devant un appareil de transport Douglas C-47 chargé d'équipements hivernaux afin de faire face aux dures conditions dans les Territoires du Nord-Ouest.
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Ils nous obligeaient à prendre un petit coup de deux onces de rye. Pas du rye, du Navy Rhum, du rhum de la marine. Ils appelaient ça Navy Rhum, et une barre de chocolat avant les repas.
Il n’y a rien que je n’aie pas fait quand on était de l’autre côté. « My better achievement » (ma plus grande réalisation) comme on dit, la guerre étant finie. Quand on est pour deux ans et demi, trois ans, tout ce que c’est, plier des parachutes. Je pouvais travailler dans la cuisine. J’ai travaillé presque un an dans les bureaux. Ça, j’aimais ça dans les bureaux. Tous les jobs imaginables dans l’armée. Creuser des canaux, arroser des feux. Il n’y a rien qu’on n’a pas fait là-dedans. La chose qui m’a été la plus personnelle, c’est quand ils ont demandé cinq aviateurs d’aller dans… ça, c’est après la guerre. La guerre étant finie en 1945, moi, à la fin de 1945, j’ai été dépêché volontairement pour aller dans le Grand Nord canadien pour une expédition (l’Opération Muskox, l’une des quatre expéditions militaires canadiennes menées dans les Territoires du Nord-Ouest dans les années 1940). De la baie d’Hudson jusqu’au Yukon en traineau, puis des chiens. Mais c’était, c’était une expérience d’armée. Comme j’étais dans l’Air Force (Aviation Royale du Canada), moi, je montais dans les avions, je n’étais pas pilote. Mais je montais et puis j’attachais des (…) un Air Supply Unit (unité de ravitaillement aérien). Je n’ai jamais su si c’était plutôt... Je pense qu’ils attendaient plutôt... Personne ne le savait, mais ça s’est déclaré un peu plus tard. Les nazis, une fois qu’ils ont capitulé, ils attendaient (les forces alliées) probablement une invasion des... par la Russie. Nous autres, ils nous ont envoyés, moi personnellement, on était seulement cinq là-dedans. Cinq aviateurs, mais c’était pour l’habillement, des Mukluks, des grosses chausses (bottes) d’armée puis j’ai ça en avant de moi. J’ai à peu près dix photos des eskimos (inuits), comment bâtir des… Comment s’habiller? Il faisait soixante-quinze (degrés) en bas de zéro. Dans le système Fahrenheit, dans ce temps-là, on ne connaissait pas le Celsius. Soixante-quinze en bas de zéro, c’est froid, ça. Ils nous demandaient si on allait dehors deux minutes. Le nez devenait blanc. On avait expérimenté des chamois pour se mettre dans le visage. Des Mukluks après les chausses. On a vécu là-dedans pour presque un an, j’ai été là-dedans. Ils nous ont récompensés en nous donnant la paie d’outre-mer. Un capitaine est venu nous voir et on a commencé à lui dire : « C’est bien pire qu’aller en Grande-Bretagne ça. » Oui, bien on va essayer de voir. Une fois que j’ai été licencié, j’ai reçu un beau chèque. Un beau chèque, la différence entre du service non, dans les choses de guerre (la différence de solde perçue entre le service effectué outremer et sur le front intérieur). On était payé 28 piastres (dollars) par mois. Là, ils donnaient sept piastres de plus si tu avais du service outre-mer. Trente-cinq multipliés par… j’ai passé deux cent quatre-vingts, pas loin de trois cents jours dans le nord. Ils m’ont donné la différence. Ils nous ont dit : « Vous avez droit au service outremer maintenant. C’est le Muskox Expedition. Nous autres, c’était strictement pour l’habillement. Mais l’armée, en bas, je ne le sais pas. Ils ont fait un “trek” (véhicule adapté) en traineau avec des huskies, des chiens husky. On était nourri avec des mineurs qui travaillaient là. Parce qu’on était seulement cinq aviateurs comme je vous dis. On était nourri par les autres. Avant de… ils nous obligeaient à prendre un petit coup de deux onces de rye. Pas du rye, du Navy Rhum, du rhum de la marine. Ils appelaient ça Navy Rhum, et une barre de chocolat avant les repas. Ça, c’est pour le soleil, puis le froid. Moi, je riais de ça. Il y‘en a qui n’aimaient pas ça. Il fallait que tu boives ça devant eux autres. Il fallait que tu boives ça devant eux autres. Si tu ne le buvais pas là... Un de mes chums gardait ça pour le samedi soir. Deux onces multipliées, par six disons, ça fait douze onces. Il virait une brosse le samedi soir.