En 2003, le Projet Mémoire s’est entretenu avec Margaret O’Connor, ancienne combattante de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement et la transcription qui suivent proviennent de cet entretien. Margaret O’Connor a servi dans le Service féminin de la Marine royale du Canada, le SFMRC. Née à Ottawa, Ontario, le 5 janvier 1922, elle est devenue dessinatrice technique au quartier général de la marine à Ottawa après avoir obtenu son diplôme; elle a rejoint la SFMRC après deux ans de travail. En tant que photographe du Service, elle a pris des photos de tous les navires qui tentaient d’entrer dans le port d’Halifax, y compris un sous-marin allemand (voir aussi Le Canada et la lutte anti-sous-marine pendant la Première Guerre mondiale). Dans son témoignage, elle décrit son travail de photographe dans la marine. Elle évoque également son éventuel mariage à Annapolis Royal. Elle a reçu son congé de la SFMRC lorsqu’elle est tombée enceinte et est finalement redéménagée à Ottawa. Elle est décédée le 21 janvier 2016.
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Transcription
À Halifax, l’une de mes principales tâches consistait à prendre des photos des navires qui franchissaient le portail. Chaque navire devait être photographié, puis consigné. C’était juste pour qu’on puisse garder une trace des bateaux qui franchissaient le portail. Il est arrivé que des sous-marins tentent de passer et nous les avons pris sur pellicule. J’étais à bord d’une embarcation à l’époque, et nous nous sommes rendus jusqu’au portail. Nous avions entendu dire qu’il y avait un sous-marin dans les parages, alors nous sommes sortis au cas où il essaierait de passer en même temps qu’un bateau. Nous y sommes allées à deux, et l’une d’entre nous a pris des photos du navire tandis que l’autre prenait des photos du sous-marin. Le sous-marin n’a pas réussi à entrer. Le portail s’est refermé trop vite.
On a demandé que j’aille sur le terrain une fois. Deux d’entre nous ont été appelées à embarquer sur un navire pour récupérer les survivants d’un torpillage. Lorsque nous sommes arrivées, bien sûr, l’eau était recouverte de pétrole qui avait pris feu. Les hommes étaient dans l’eau. On a mis à l’eau des radeaux Carley*, des genres de grands radeaux. Deux hommes pouvaient alors monter dans chaque radeau, puis on faisait le tour pour tenter de récupérer le plus d’hommes possible. On laissait les morts sur place. On ramenait seulement les blessés. L’expérience a été très traumatisante pour eux et pour nous.
Je commençais un congé vers six heures un matin et on m’a dit de faire ma routine de caserne. Je m’en allais sur le [NCSM] Cornwallis. J’ai dit que je ne voulais pas y aller. On m’a répondu que c’était un ordre du quartier général et que je devais m’y conformer. J’avais deux heures pour faire ma routine et monter à bord du train. Lorsque je suis descendue du train à l’endroit où se trouvait le Cornwallis, mon fiancé m’attendait sur le quai. Mon père avait organisé mon transfert parce qu’il savait qu’il serait présent. Finalement, nous nous sommes mariés à Annapolis Royal [Nouvelle-Écosse].
* Le radeau Carley était un radeau de sauvetage en toile léger et robuste fait de cuivre et de liège.