Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On est retourné au HMS Ariel, [un centre d’entraînement] près de Warrington dans le nord [de l’Angleterre] et on a poursuivi notre entraînement là-bas sur de vrais aéronefs et on a appris à réparer des radios. En fait, c’est là-bas que j’ai rencontré l’homme qui allait devenir mon mari. Il venait du Canada et il était avec un groupe mais il est tombé malade et n’est pas resté avec le groupe. Le groupe a continué et comme il était malade il est resté seul, donc on a fait connaissance. Il m’avait vu traverser un espace vide et je portais un bâton de hockey et des chaussures de hockey. J’allais jouer un match de hockey. Et il m’a interpellé d’une voix forte, il était assez loin : « eh là, eh là, où allez-vous »? J’ai trouvé ça terrible vous savez, un homme qui m’interpelle de loin en criant. Il était officier aussi et je n’étais que, j’ai trouvé ça affreux.
Donc, j’ai fait comme si je ne l’entendais pas, mais il m’a rattrapé et il m’a demandé : « où allez-vous? ». Et je lui ai répondu : « est-ce que ce n’est pas évident? j’ai des chaussures de hockey et un bâton de hockey, je vais jouer au hockey. » Et il me dit « est-ce que les femmes jouent au hockey? » et je lui réponds : « bien sûr! » alors il me demande, « où est-ce que c’est, est-ce que c’est mixte »? je lui ai répondu que oui. Je lui ai montré comment y aller et en fait après un certain temps il est venu vers moi et j’ai fait comme si je ne le connaissais pas. Mais en fait, quand on a commencé à jouer, il a eu la balle, il l’a envoyé en l’air et a tout de suite marqué un but. Et la personne chargée du match lui a dit : « vous avez déjà joué à ce jeu avant » et il lui a répondu : « non, mais c’est comme le hockey sur glace ». C’était un joueur de hockey sur glace du Canada. On était couvert de boue, on a fini et il m’a invité à dîner et à partir de ce moment-là on est sorti ensemble et à la fin de la guerre, je l’ai épousé. En tout cas, ça c’était à cette époque.
Une autre fois, mon mari, Bob, il s’appelait Robert Brown, était dans un avion avec Foggy, qui était adjudant dans la RAF [Royal Air Force]. Ils devaient faire des tests à l’intérieur de l’aéronef qui était sur place. J’étais dans les parages et mon mari, Bob, m’a fait signe de venir. Donc j’y suis allée et j’ai sauté sur l’aile pour voir ce qu’il voulait. Il me montrait quelque chose à l’intérieur, les aéronefs ne sont pas pareils maintenant mais il y avait juste un cockpit ouvert et ensuite, devant, il y avait un autre cockpit ouvert où le pilote s’installait. En tout cas, j’avais sauté sur l’aile et je regardais à l’intérieur, là où Bob était assis. Le pilote ne s’était pas aperçu que j’avais sauté sur l’aile et il a accéléré le moteur et mes cheveux ont commencé à flotter dans le vent et j’étais assise entre les deux cockpits à l’arrière et on ne pouvait pas le prévenir parce qu’il était beaucoup plus à l’avant. Il a décollé et j’étais encore assise sur l’aile. Mais quand il a fait une sorte de virage sur l’aile, il a senti que quelque chose n’étais pas correct et il a regardé à l’arrière dans son miroir ou quelque chose de ce genre et il m’a vu assise là; il a fait une crise. Donc il est redescendu en virant sur le côté et retourné sur le terrain d’aviation. J’ai sauté de l’avion et je suis partie en courant. Je pensais que j’allais au moins passer devant la cour martiale mais je n’en ai plus jamais entendu parler.
Il est retourné au Canada et je l’ai rejoint en juillet 1946. Donc je suis une épouse de guerre mais aussi - j’ai dû abandonner ma maison bombardée pendant la guerre, j’ai servi pendant la guerre et je suis une épouse de guerre. Donc, trois choses en rapport avec la guerre. Ça a vraiment changé ma vie.