« Je crois qu’il faut que les jeunes comprennent ce que notre génération a traversé et qu’ils apprécient que c’est un peu grâce à nous si aujourd’hui ils jouissent de tous leurs droits. »
Peggy Lee a servi avec le Corps de l’Ambulance Saint-Jean pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour le témoignage complet de Mlle. Lee, veuillez consulter en bas.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On nous avait donné comme mission de former un corps ambulancier. Notre groupe comptait vingt personnes et c’était le seul groupe de Sino-canadiens à devenir une unité du Corps de l’Ambulance Saint-Jean. Nous accomplissions toutes les tâches typiques des temps de guerre. En cas de black-out, nous nous déplacions à pied, nous marchions en rang. Nous offrions des services de premiers secours et des soins infirmiers à domicile avec l’Ambulance Saint-Jean. Évidemment, ils avaient des…certificats. J’ai tous mes certificats, vous savez. J’ai aussi fait du SOS, j’ai travaillé en tant que pompière et brancardière. J’ai tout fait.
Pour quelconque raison, pendant mon service avec la Saint-Jean, je n’ai jamais ressenti la discrimination raciale que j’avais connue à Vancouver. À Vancouver, j’étais limitée dans mes déplacements. Nous étions mal accueillis. C’est vrai. Partout dans les rues on embauchait seulement les Blancs ; on voyait des écriteaux qui disait ‘’Aide demandée - pas de Chinois’’. Pas de Chinois. Les Sino-Canadiens étaient relégués aux emplois dans les commerces d’épicerie et de buanderie et, vous savez, les emplois subalternes. C’était très difficile. Alors, je crois que les gars se sont très bien acquittés de leurs tâches.
Je vous dis, c’était comme à New-York sous une pluie de serpentins et de confettis. Nous avons décidé de parader sur la rue Hastings (Vancouver). La foule jubilait. Nous débordions de joie. Les Sino-Canadiens ont vraiment été victime de discrimination. Je me souviens qu’ils étaient limités dans leurs déplacements. Certains employeurs n’embauchaient pas les Asiatiques. Ils étaient limités aux emplois dans les commerces d’épicerie et de buanderie et, vous savez, les emplois subalternes. Mais, personnellement, je n’ai pas beaucoup connu ce genre de discrimination. J’habitais la petite ville de Prince Rupert (Colombie-Britannique) où il y avait des gens de toutes sortes de nationalités différentes. Nous nous entendions tous très bien. Et, à l’époque, nous nous entendions tous pour dire que notre seul ennemi, c’était les Japonais parce qu’ils faisaient la guerre à la Chine. Alors je n’ai pas connu la discrimination que les gens d’ici on pu connaître. Mais, lorsque je suis arrivée ici, j’ai bien senti que la discrimination était plus évidente qu’à Prince Rupert. Moi, ça me dérangeait moins mais je voyais bien que mes copains en étaient affectés. Ils répétaient, ‘’On ne peut pas rentrer ici, on ne peut pas aller là.’’ Je crois qu’il faut que les jeunes comprennent ce que notre génération a traversé et qu’ils apprécient que c’est un peu grâce à nous si aujourd’hui ils jouissent de tous leurs droits. Tous, Chinois, Japonais, Irlandais on connu la discrimination ici au Canada à cette époque. Les jeunes doivent comprendre cette réalité et apprécié comment le Canada a évolué pour devenir le pays formidable qu’il est aujourd’hui.