Project Mémoire

Rex Wallace Rose

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Rex Rose
Rex Rose
Portrait de Rex Rose à Victoria, Colombie Britannique, 1943.
Rex Rose
Ils s’étaient rendus et c’était tellement, assez, étrange. Ici, les équipages allemands étaient encore dessus, les équipages n’avaient pas été emmenés. Et ils sont là, à nous regarder remonter la rivière, vous savez.
On était en bas dans la salle des machines et la vapeur passe à travers la, ces turbines ils appellent ça, les trucs qui font tourner les hélices. Et ensuite ça va dans un condensateur parce qu’il faut qu’ils recyclent cette eau fraiche en permanence. Alors vous devez surveiller tout ça, vous savez, que ça se refroidisse correctement et puis vous avez la valve ouverte pour donner la bonne vitesse. L’anneau qui descend du pont, combien de tours ils veulent, 90 ou 120 tours. Et vous ajustez les manettes pour qu’elles vous donnent la vitesse désirée. D’ailleurs vous ne savez pas du tout ce qui ce passe à l’extérieur, si c’est le jour ou la nuit ou quoique ce soit d’autre parce que évidemment, vous êtes dans la salle des machines. Vous êtes en service pendant 4 heures et de repos pendant 8 heures. Par exemple si vous faites midi à 4 heures, vous êtes de repos de 4 heures à minuit, et vous êtes à nouveau en service à minuit jusqu’à 4 heures du matin. Et il y a tout un groupe de gens comme vous qui font ça. Alors il y a toujours deux personnes de service en même temps, 24 heures sur 24. Vous êtes toujours en bas dans la salle des machines à surveiller les pompes et les manettes sur les moteurs. Et envoyer un signal vers la chaufferie comme ça ils savent combien de feux allumer et si c’est au mazout, pour garder la pression constante. Et je crois que c’était 300 livres par pouce carré (21,09 kgf/cm2 ou 20,676 bars), je crois. Dans la chaufferie, vous recevez un signal de la salle des machines mais elle est pressurisée, il y a un grand ventilateur et ça souffle, en prenant l’air depuis le pont et en le propulsant en bas dans la chaufferie et ensuite ça sort de la chaudière et ça monte dans la cheminée. Alors vous devez descendre, vous descendez par une porte et vous la fermez et puis il y a une sorte de trappe et vous descendez le long d’une échelle et vous fermez hermétiquement derrière vous. Et puis vous devez garder assez de pression là pour avoir l’air qui circule dans les chaudières. Ca a l’air difficile mais en réalité, ils ont fait ça pendant des années et des années et des années. Quand vous avez l’habitude, ce n’est pas si mal. Le Jour de la Victoire en Europe, on était dans la Manche, côté anglais, et la radio était allumée, ils avaient une radio à ondes courtes. Et c’était diffusé, vous savez, ça émettait sur tout le bateau alors vous pouvez entendre les nouvelles. On nous avait dit d’aller à Portsmouth en Angleterre pour nous ravitailler en carburant. On est entrés à Portsmouth et c’était quelque chose, des festivités incroyables. On pouvait voir les feux d’artifices sur la côte anglaise pendant qu’on descendait sur la Manche à l’entrée de Portsmouth. On a refait le plein et ils nous ont renvoyés en patrouille pendant cinq jours, à monter et descendre le long de la Manche, en attendant que les U-boots se rendent. Alors notre, mon expérience du Jour de la Victoire en Europe a été très limitée. Et on a entendu parler des émeutes à Halifax, qu’ils avaient forcé le magasin d’alcools et tout ça et nous, à continuer notre train-train sur la Manche. On est retournés sur la Foyle, pour remonter jusqu’à Londonderry, et il y avait à peu près 4 U-boots attachés là en bas près de l’embouchure de la rivière. Ils s’étaient rendus et c’était tellement, assez, étrange. Ici, les équipages allemands étaient encore dessus, les équipages n’avaient pas été emmenés. Et ils sont là, à nous regarder remonter la rivière, vous savez. Vous pensez, je me demande bien s’ils nous ont jamais vu dans leur périscope ? Est-ce qu’il nous est arrivé de lancer des grenades sous-marines près de ces gens ? Et malgré tout, ils étaient juste, vous savez, des gars comme nous. Ca semble, je ne sais pas, ça fait un drôle d’effet, c’est la seule manière dont je peux décrire ce sentiment.