Project Mémoire

Ruby Boersma (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ruby Boersma raconte ce qu’elle a vécu alors qu’elle était enfant à bord du SS Athenia, un navire torpillé le premier jour de la Deuxième Guerre mondiale, le 3 septembre 1939. Elle décrit l’endroit où elle se trouvait à bord du navire, comment elle a réussi à embarquer sur un canot de sauvetage, les conditions à bord du canot de sauvetage ainsi que son sauvetage et son retour au Canada.

Contenu sensible : Cet article peut contenir du contenu que certaines personnes pourraient trouver dérangeant ou offensant.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Le Projet Mémoire, Historica Canada

Transcription

Lorsque les lumières se sont éteintes, Margaret a crié à sa mère et s’est précipitée vers la porte de la cabine. Je suis restée là où j’étais et j’ai commencé à chercher à tâtons les ceintures de sauvetage parce que je me suis dit que nous en aurions besoin vu l’urgence. Peu après, Chrissy Horigan est entrée et a demandé si j’étais là. J’ai répondu dans l’affirmative. Elle m’a dit que nous devions monter à l’étage immédiatement, car il s’était passé quelque chose. Elle a indiqué que nos deux ceintures et les deux autres étaient sous le lit. Nous avons donc attrapé nos ceintures de sauvetage et sommes parties. Nous transportions toutes les deux les ceintures et avons commencé à monter l’escalier après être sorties pour rejoindre le pont.

Nous étions très profondément dans le bateau, c’était un grand bateau à passagers. Durant notre ascension, j’ai senti une drôle d’odeur, une odeur de gaz. J’ai pris conscience, à un certain moment sur mon chemin, que je marchais sur des gens. Je n’arrêtais pas de dire que je pilais sur des personnes. Chrissy m’a dit de ne pas m’en faire et de ne pas m’arrêter, que c’était juste du mou. Nous sommes arrivées sur le pont et avons atteint notre canot de sauvetage. Chrissy s’est assurée que j’avais bien mis ma ceinture de sauvetage. Nous avons trouvé Margaret et lui avons mis sa ceinture de sauvetage. Chrissy avait la sienne. Nous n’avons pas vu Mme Calder. Finalement, à notre poste d’abandon, nous avons vu Mme Calder en bas sur le pont, et on ne laissait personne d’autre monter à bord de notre canot. Elle a dit que nous étions sa fille, sa sœur et la petite fille qui voyageait avec elle et qu’elle devait nous rejoindre. On lui a répondu que nous allions la rejoindre. Nous avons donc dû quitter notre poste d’abandon et retourner sur le pont principal.

C’était un mal pour un bien, car les cordes du canot de sauvetage dans lequel nous devions monter se sont rompues et tout le monde est tombé à l’eau. Quelques personnes en sont mortes, soit parce qu’elles n’avaient pas leur ceinture de sauvetage, soit parce que le destin en a voulu ainsi. On a descendu un autre canot de sauvetage pour que nous puissions y monter, mais il est arrivé trop bas. Heureusement, les cordes ne se sont pas rompues. Pour monter à bord, nous avons dû attraper les cordes et glisser le long d’elles jusqu’au canot.

Il faisait froid et c’était un peu effrayant. On essayait de nous faire monter le plus vite possible dans les canots de sauvetage. Je dois également préciser qu’il était plus de 19 h et qu’il commençait à faire sombre, ce qui posait un problème vu le peu de lumière qu’il y avait sur le bateau. Ce n’était pas la meilleure façon de quitter un navire, je peux vous le dire.