Transcription
J’ai vécu à [Fort] Qu’Appelle toute ma vie jusqu’en 1942-1943 environ; et ma mère m’a appris à devenir téléphoniste. Je suis d’abord allée à Estevan comme téléphoniste, puis j’ai été transférée à Oxbow. Un jour, un agent de recrutement est venu et a dit : « Nous avons besoin que des femmes s’engagent dans l’armée, cela vous intéresse-t-il? » Eh bien, trois ou quatre d’entre nous ont décidé que c’était une bonne idée, de quitter Oxbow, qui était un tout petit endroit, je n’étais jamais allée nulle part, et d’aller ailleurs, et donc on m’a envoyée à Regina. Et de là, je suis allée à Kitchener et vous verrez dans mes papiers la date à laquelle j’ai rejoint le Service féminin de l’armée canadienne.
J’y suis restée environ six mois, puis on m’a envoyée à Vancouver. J’ai d’abord été à l’UBC [Université de la Colombie-Britannique] comme opératrice, puis on m’a envoyée à l’hôpital, où il y avait toutes les baraques et tout le reste, l’hôpital militaire; c’est là que j’ai rencontré mon mari en 1944. Et nous nous sommes mariés en 1946. C’était très intéressant et très exaltant pour quelqu’un de la Saskatchewan qui n’avait jamais été nulle part ni fait quoi que ce soit. C’était fascinant, je trouve. Lorsqu’ils ont amené à l’hôpital les civières de soldats qui revenaient d’outre-mer dans l’hôpital et que j’ai vu mon mari, je dis toujours à mes garçons, ils trouvent toujours ça drôle, que j’aurai celui-là, lorsqu’ils l’ont amené, et je l’ai épousé en 1946. [rires]
C’était exaltant. Et on allait en ville. À Kitchener, ils ne nous aimaient pas, nous, les femmes. Ils n’aimaient pas les femmes parce que c’était une colonie allemande. Et je suppose qu’il y avait du pour et du contre dans ce qu’ils défendaient, vous voyez. Alors quand on allait en ville, nous étions tout un groupe, on nous avait dit, quand vous allez en ville à Kitchener, restez ensemble. Alors c’est ce qu’on faisait. Je suis allée en permission à Toronto une fois pendant mon séjour dans la région, puis j’ai été envoyée ici, à Vancouver. J’ai beaucoup aimé. Je le referais si j’étais un peu plus jeune.
Nous étions trop jeunes, je crois. Ils s’attendaient à ce que les femmes qu’ils prenaient pour aller outre-mer aient 24 ou 25 ans. Et je n’avais que 18, 19, 20 ans. Alors ils voulaient les femmes plus âgées, je suppose qu’elles avaient plus d’expérience dans la vie ou quelque chose comme ça, ils les voulaient là-bas. Remarquez, quand les garçons sont revenus, ils espéraient qu’ils enverraient un peu de femmes plus jeunes, des Canadiennes, mais c’était la prérogative du général.