Ruth Pauline Michener (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Ruth Pauline Michener (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ruth Pauline Michener s'est jointe à la Division féminine de l'Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle a servi dans un poste de commis, cartographiant les vols d’avions en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Ruth Michener
Ruth Michener
Mme Ruth Michener, employée de bureau du service de tracé des aicrafts à Terre-Neuve, en mai 1945.
Ruth Michener

Transcription

Je m’appelle Ruth Pauline Michener et je suis née à Windsor, en Ontario, en 1923. J’ai grandi à Windsor, j’ai fait une partie de mes études à Toronto, puis je suis retournée à Windsor, où je me suis enrôlée dans la Force aérienne. J’avais lu des articles sur le travail de commis dans les journaux, des filles qui traçaient des plans pour les avions, et j’ai trouvé ça intéressant. Un soir, une de mes amies m’a téléphoné et m’a demandé si je voulais entrer dans la Force aérienne. J’y avais pensé, mais je ne l’aurais jamais fait de moi-même. J’ai donc accepté. C’était en février 1943.

C’est ce que je voulais. Je n’aurais pas rejoint le service si je n’avais pas pu obtenir un poste de commis. J’ai été examinée et testée et le 3 septembre, ma copine et moi étions tous les deux dans l’armée, elle au sans-fil et moi comme commis. Nous avons quitté Windsor pour nous rendre à Ottawa.

Nous cartographions les vols d’avions. Il y avait des stations radars. J’ai été en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve. En Nouvelle-Écosse, il y avait des stations radars tout autour de la côte. Les opérateurs radars étaient toujours des hommes et ils contrôlaient ces stations radars 24 heures sur 24. Il y avait des échos sur les écrans. Grâce à ces échos, on pouvait détecter des avions dans le ciel et parfois des sous-marins et des navires de surface. Lorsqu’un écho était détecté, on nous le signalait. Nous avions un quadrillage de la Nouvelle-Écosse. Il indiquait Able Baker 4269 et, d’après nos connaissances, nous placions l’objet sur les carrés en question. Il nous donnait tous les chiffres. Comme les coordonnées formaient une trajectoire, nous pouvions savoir où allait l’avion. Au rang supérieur, il y avait nos officiers. On les appelait les officiers des mouvements aériens, et ils avaient tous les plans de vol et pouvaient identifier les avions. Si l’avion ne pouvait être identifié, une escadrille d’intercepteurs se rendait sur place pour l’intercepter. On prenait tout le temps pour identifier un avion, car on ne savait pas s’il s’agissait d’un ami ou d’un ennemi.

C’est ce que nous faisions, nous travaillions 24 heures sur 24 également. C’était très secret. Personne n’en parlait.

J’étais stationnée à Halifax au sein du Commandement aérien de l’Est. Notre caserne se trouvait en pleine ville; c’était une caserne exclusivement féminine. Nous travaillions 24 heures sur 24, huit heures par jour et nous alternions les quarts de travail. Il y avait différents groupes. J’étais dans le groupe C et nous travaillions huit heures le jour pendant une semaine, puis huit heures le soir pendant une semaine et huit heures la nuit la troisième semaine. Puis, nous recommencions un autre cycle. J’étais toujours avec le même groupe de filles. Elles étaient formidables.

Après chaque semaine, nous obtenions un congé de 48 heures et, après la semaine de travail de nuit, le congé était de 72 heures. Pendant nos congés, nous faisions de l’auto-stop dans toute la Nouvelle-Écosse. À cette époque, c’était très facile de faire de l’auto-stop. On prenait les filles militaires très rapidement et nous faisions de l’auto-stop en groupe. Nous avons vu Annapolis et toutes les parties de la Nouvelle-Écosse, c’était super. Nous avons passé de bons moments avec les filles parce que nous décidions de ce que nous faisions pour nous amuser. Je sais qu’à un moment donné, lorsque je travaillais, nous nous appelions le groupe des vieilles filles parce que nous ne travaillions pas avant 16 heures, et j’ai appris à taper à la machine. Je suis allée suivre des cours de dactylographie au YWCA, c’est le genre de choses que pouvait faire le personnel militaire. C’est là que j’ai appris à taper à la machine.

Une fois, à Terre-Neuve, je suis montée à bord d’un sous-marin allemand qui avait été capturé. La fille responsable de notre équipe, dont le petit ami était dans la marine, était stationnée à Terre-Neuve. C’est grâce à lui que nous avons été autorisées à monter à bord de ce sous-marin allemand. Je ne me suis jamais sentie aussi enfermée! Je me suis dit que je ne voudrais jamais avoir à travailler dans un sous-marin. C’est un espace tellement restreint. Mais c’était un vrai plaisir de pouvoir le visiter.

Il n’y avait que des allées étroites. Nous n’avons pas pu entrer dans bon nombre de pièces. Mais il n’y avait pas le moindre espace perdu, tout était très compact.