Project Mémoire

Ted Adye (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Ted Adye
Ted Adye
Billets coréens tachés de sang qui étaient dans les poches de Ted Adye lorsqu'il fut blessé.
Ted Adye
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Billets coréens tachés de sang qui étaient dans les poches de Ted Adye lorsqu'il fut blessé.
Ted Adye
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Ted Adye lors de l'événement du Projet Mémoire à Victoria en Colombie-Britannique le 2 novembre 2011.
Ted Adye
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Pièce et plaques d'identité de Ted Adye.
Ted Adye
Alors ce sont eux qui ont demandé à notre artillerie d’intervenir en plus d’eux pour faire dégager l’ennemi et ça a marché. Et c’est étrange, mais personne n’a reçu le moindre éclat d’obus provenant de notre artillerie. Incroyable.

Transcription

On est montés dans un de ces deux tonnes et demie, les camions américains, la compagnie toute entière et ils nous ont montés là-haut. Et ça a pris deux ou trois jours. On s’arrêtait la nuit et on ne, c’était seulement, si je me souviens bien, on se déplaçait seulement en plein jour, et on montait, et le deuxième jour je crois on était sur une route, c’était une sorte de, comme une, juste une route de campagne, ce n’était pas une nationale. Et il y avait des cadavres et au début, on a pensé, oh, un groupe de, vous savez, on en riait, un paquet de soldats ennemis. Mais ensuite quelqu’un nous a fait passer le mot, non c’était des Américains. Et c’était une troupe de soldats et ils s’étaient fait surprendre dans leurs sacs de couchage la nuit précédente et ils n’avaient pas pu se défendre, ils n’avaient pas de guetteurs, personne qui montait la garde. Et alors ça nous a fait un sacré choc.

C’était l’hiver, on avançait en formations de combat et tout ce qui s’en suit. S’il y avait assez de place mais si ce n’était pas le cas, on avançait en file indienne, longues lignes de soldats qui grimpaient sur les collines pour arriver à, si on nous donnait un objectif, Colline machin ou truc, bon, et puis c’était juste de longues files de soldats qui se dirigeaient vers ces positions. Et la plupart du temps, on arrivait dans ces positions et soit l’ennemi n’était pas là ou venait juste de partir. Et parfois on arrivait à savoir s’ils venaient juste de partir ou s’ils étaient partis depuis bien longtemps. Ils mettaient beaucoup d’ail dans leur nourriture et ça se sentait. Même s’ils n’étaient plus là, on pouvait sentir l’odeur de l’ail. Alors on savait qu’ils venaient de partir.

C’était pendant la nuit du 25 (avril 1951) qu’on a été attaqués, le bataillon dans son ensemble a été attaqué. En fait, le 3ème RAR (Royal Australian Régiment) a aussi été attaqué. Ils se sont faits attaqués avant nous mais ensuite ils sont venus et nous ont attaqués nous. Et la compagnie D (Dog), qui était un peu plus sur les hauteurs, et un peu plus loin que nous, a essuyé le plus gros, le plus gros de l’attaque. Alors ce sont eux qui ont demandé à notre artillerie d’intervenir en plus d’eux pour faire dégager l’ennemi et ça a marché. Et c’est étrange, mais personne n’a reçu le moindre éclat d’obus provenant de notre artillerie. Incroyable.

Notre position à nous, la compagnie A (Able), on était au milieu en quelque sorte et un peu au sud sur le côté ou du sommet de cette colline et tout ce qui s’en suit. Et à l’exception d’un de nos pelotons je crois, le reste de notre compagnie n’a pas été attaqué. Mais on était prêts évidemment. J’étais avec l’état-major de la compagnie, à protéger le milieu en quelque sorte. Mais je me souviens d’une chose cette nuit-là, avec mon pote, je ne me souviens pas ce son nom, on avait notre petite tranchée et on regardait vers le sud et c’était une nuit assez claire, et je ne souviens pas si la lune était dans le ciel ou non, et on pouvait apercevoir ces choses dans la pente devant nous. Et ça a bougé. Ou alors on a cru que ça bougeait. Quand le jour s’est levé le lendemain matin, c’était des souches d’arbres.

En octobre 1951, je pense que c’était la brigade au complet qui se déplaçait vers l’ouest, parce qu’on avait été plus au centre est pendant presque toute l’année. Sauf pendant l’été, on était allés sur la ligne défensive de la rivière Han. En tout cas, on s’est déplacés vers l’ouest et comme je l’ai dit, les positions de notre bataillon n’étaient pas très loin de Panmunjom. Et la nuit du 10, l’ennemi a mis en place une grosse attaque, une vraiment grosse, et le RCR (Royal Canadian Régiment) était à notre gauche et je crois que les Van Doos (surnom donné au Royal 22e Régiment) étaient sur notre droite. Et les balles sifflaient et il y avait toutes sortes de trucs qui ont volé cette nuit-là. Et une balle m’a traversé le poumon gauche. Ça a été la fin de la guerre de Corée pour moi.