Wendell Harper a servi comme radiotélégraphiste dans l'Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Avertissement sur le contenu : Cet article contient des propos que certains pourraient trouver choquants ou dérangeants.
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Transcription
J'étais radiotélégraphiste et je faisais équipe avec le pilote Roy Meredith, de la Saskatchewan, le navigateur Bruce Jennery, de Toronto, le bombardier Al Murray, de la Nouvelle-Écosse, le mitrailleur arrière Rocky Bower, de la Colombie-Britannique, le mitrailleur dorsal George Bringham, d’Edmonton et Marsden Boor, du Yorkshire, en Angleterre, où nous avons poursuivi notre formation sur le bombardier quadrimoteur (Handley Page) Halifax. De là, nous avons rejoint l'Operational Squadron 158 à Lissett, dans le Yorkshire. C'est de là que nous avons effectué un total de 32 opérations au-dessus de l'Allemagne. Je me souviens de quelques événements survenus lors de certaines missions de bombardement. Chaque nuit, en approchant de la cible, nous pouvions voir les éclats d’obus de la Flak. Ils nous tiraient dessus, essayant de nous trouver avec leurs projecteurs. Dans la nuit du 6 octobre 1944, au-dessus de Stuttgart (Allemagne), le viseur de lance-bombes a été touché par la Flak, rien de très grave. À un autre moment, le mitrailleur dorsal s'est fait une entaille à la tête à cause des tirs de la Flak. Un bandage a suffi. Au même moment, la tourelle arrière a été touchée, mais le mitrailleur arrière n'a subi aucun dommage. Dans la nuit du 30 octobre 1944, Bruce, notre navigateur, a été blessé à la tête. Nous l'avons transporté sur une aire de fortune. Je me suis assis à côté de lui pendant qu'il mourait. Sans navigateur, j’étais censé aider le pilote à rentrer à la base. Ma radio était inutilisable, il n'y avait donc aucun contact avec la base. J'ai pu naviguer un peu, mais les cartes étaient couvertes de sang. Nous avons finalement atterri sur une base aérienne américaine quelque part en Angleterre, puis nous avons pris le train pour retourner à Lissett. Le 18 décembre 1944, nous sommes rentrés avant d'avoir atteint notre objectif à cause des dégâts causés par le givrage de l'avion. Le 7 mars 1945, sur le chemin du retour après avoir bombardé une raffinerie de pétrole à Hemmingstedt (Allemagne), nous avons été attaqués par un chasseur allemand Junker (Ju) 88. Il a raté son coup, mais il a arraché une bande sur le côté de l'avion. J'entends encore le mitrailleur arrière. Il tirait sur le chasseur. Il a dit que les balles volaient dessus comme des pois sur un pot de chambre. Je pense que c'est ce qui a distrait le pilote du chasseur. Nous avons terminé notre mission par la dernière sortie au-dessus de Hambourg (Allemagne). En arrivant, j'ai vu un avion en feu qui avait été touché dans la soute à bombes. L'avion transportait des marqueurs de bombes. Le ciel s'est illuminé de marqueurs explosifs verts et rouges. L'équipage n'avait pas vraiment de chance. Je suis rentré au Canada en 1945, Isabel m'a suivi plus d'un an plus tard, debout sur le (HMS) Queen Mary avec son fils d'un an, James, au Quai 21 à Halifax, puis en train jusqu'à Chesterville (Ontario). Elle pensait être arrivée au bout du monde. D'une quelconque façon, nous avons réussi. Nous avons deux fils, James, né en Écosse, et Richard, né au Canada.