Project Mémoire

William Carr (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Carr s'est enrôlé dans l'Aviation royale canadienne en 1941 après avoir obtenu son diplôme à l'université Mount Allison. Il a été envoyé outre-mer et a effectué des missions de reconnaissance photographique en Angleterre et en Italie.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.


Credit: Canada. Dept. of National Defence / Library and Archives Canada / PA-136915 Restrictions on use: Nil Copyright: Expired
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Le chasseur Supermarine Spitfire IXE du 412e Escadron (Falcon), ARC, s'apprête à décoller.
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Crédits: Ministère de la Défense nationale canadien / Bibliothèque et Archives Canada / PA-065218 Restrictions d'utilisation: Néant. Droits d'auteur: expirés
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Pré-indexation de photographies aériennes trimétrogones, No.1 Photographic Establishment, ARC à Rockcliffe en Ontario le 1er mars 1945.
Crédits: Ministère de la Défense nationale canadien / Bibliothèque et Archives Canada / PA-065218 Restrictions d'utilisation: Néant. Droits d'auteur: expirés
L'extrait en français n'est pas disponible en ce moment. Veuillez consulter l'extrait en anglais.

Transcription

(Enrôlement) Je m’appelle Bill Carr, C-A-R-R. Je suis né à Grand Banks, Terre-Neuve, le 17 mars, jour de la Saint-Patrick, 1923. J'ai fréquenté l'école là-bas et j'ai obtenu mon diplôme d'études secondaires au jeune âge de 15 ans. Je suis allé à l'université Mount Allison et j'ai obtenu mon diplôme à l'âge de 18 ans, en 1941, date à laquelle je me suis enrôlé dans l'Aviation (royale canadienne). La raison pour laquelle je me suis enrôlé dans l'Aviation était que j'avais servi dans le COTC (Corps-école d'officiers canadiens ) pendant quelques années et que j'avais besoin d'argent. J'ai travaillé pendant les mois d'été à creuser des trous dans le sol dans des endroits comme Sussex, au Nouveau-Brunswick, et ainsi de suite, et j'ai décidé que lorsque je partirais, si je partais, je ne m'engagerais certainement pas dans l'armée, mais plutôt dans l'Aviation (royale canadienne).

(Opérations dans la mer Méditerranée) À Malte, c'était à la fois stratégique et tactique dans le sens où nous étions là pour soutenir l'Armée, une fois l'invasion de la Sicile (juillet 1943) et la campagne d'Afrique du Nord (jusqu’en mai 1943) toujours en cours et l'invasion de la Sicile réalisée, et une partie du travail consistait à fournir une couverture à l'Armée sous la forme de bonnes cartes ou d'identifications de cibles et ainsi de suite. En même temps, cela ne prenait pas tout notre temps, et par conséquent nous faisions aussi des morceaux du travail stratégique, qui incluait des choses à longue portée comme l'évaluation des dommages causés par les bombes des raids qui avaient eu lieu depuis l’Angleterre, par exemple. Et les Américains, nous avons fait énormément pour eux parce qu'ils étaient très enclins à, je suppose que l'on dit que leurs avions étaient plus vulnérables que les nôtres en ce qui concerne les pertes. Leurs P-38 (le Lockheed P-38 Lightning, un chasseur bimoteur américain) n'avaient pas les mêmes performances que les nôtres. Et nous les avons relevés à une occasion sur le front de la 5e armée au nord de Naples. Je suppose que ce dont je me souviens particulièrement à propos de Malte, c'est à quel point elle avait été bombardée. Il n'y avait... vous savez, il ne restait pas un brin d'herbe ou un arbre debout ou quoi que ce soit d'autre. Je crois que c'est sur l'île de Malte qu'il y a eu la plus forte concentration de bombes pendant la Deuxième Guerre mondiale, je l'ai lu quelque part. Quoi qu'il en soit, une grande partie du travail de renseignement se faisait sur le terrain, dans les grottes près du port, et le port lui-même était toujours plein de navires. Mais je me souviens d'une chose avant de quitter Malte : l'Italie avait capitulé (en septembre 1943) et la marine italienne, si vous vous souvenez bien, avait été retirée de Tarente (Italie) et était arrivée au port de Malte. Mais je revois ces magnifiques navires de combat, croiseurs et autres, conduits à Malte par cette petite corvette toute sale de la British Royal Navy, ou quelque chose du genre… le comble de l'indignation. Ils l'ont manifestement fait exprès pour qu'ils se sentent encore plus mal qu'ils ne le devraient. Quoi qu'il en soit, à partir de là, nous sommes vraiment entrés en Italie. Nous avons traversé la Sicile, puis l’Italie, où nous avons été installés sur une base, une piste d’atterrissage en gazon, et envoyés dans la plaine de Foggia sur la côte Est de l'Italie, au nord de Tarente et de Brindisi, etc. Mais en gros, nous faisions partie de l'Escadre de reconnaissance photographique d'Afrique du Nord (l’Escadre de reconnaissance photographique d'Afrique du Nord-Ouest, une escadre de reconnaissance photographique alliée rebaptisée Escadre de reconnaissance photographique alliée de la Méditerranée à la fin de l'année 1943). Le chef était le colonel L. A. (Elliott) Roosevelt, le fils du président (Franklin D. Roosevelt). Il avait sous ses ordres deux escadres, une escadre américaine et une escadre de la RAF. Dans l'aile de la RAF, nous avions un mélange de pilotes, des Canadiens, des Britanniques et même des Polonais. Et dans l'aile américaine, ils étaient tous, bien sûr, de l'United States Army Air Corps et ils pilotaient tous des P-38... des P-38, oui, des Lightnings, des F5A (un avion de reconnaissance basé sur la variante P-38G). Mais nous nous entendions très bien et nous leur rendions visite chaque fois que nous en avions l'occasion parce qu'ils avaient une bien meilleure nourriture que nous et ils n'aimaient pas les rations K, alors que nous les adorions (une variante de la ration alimentaire quotidienne de combat de l'armée américaine), et une fois qu'ils ont obtenu des rations C (une autre variante de la ration individuelle de l'armée américaine), ils nous ont donné toutes leurs rations K. Les rations C étaient meilleures, je suppose. Mais non, nous n'avons pas eu de problèmes et les Canadiens semblent avoir cette capacité à s'adapter à tout environnement auquel ils sont confrontés et ils ne s'énervent pas. Ils semblent accepter que les choses soient ainsi faites et ils les font ainsi. Et j'ai eu l'impression que partout où nous allions, nous, les équipages canadiens, nous portions toujours le nom « Canada » sur nos uniformes, nous étions acceptés en tant que Canadiens, nous n'étions ni Britanniques ni Américains, ce qui nous donnait un avantage, à mon avis. Quoi qu'il en soit, à partir de San Severo (Italie), nous faisions partie de l'Escadre de reconnaissance photographique d'Afrique du Nord. Je crois que c'est ainsi qu'elle s'appelait. Le colonel Roosevelt venait nous voir de temps en temps. Et dans l'escadre, il y avait aussi une organisation de traitement des photos et de renseignement. Mais en termes de nombre d'avions, je suppose que l'escadre dans laquelle j'étais, l'Escadre 285, et plus tard l'Escadre 336, il y avait, je pense, trois escadrons, donc environ 30 avions, 36 avions peut-être. Du côté américain, je ne connais pas les chiffres, mais ils en avaient beaucoup, beaucoup d'avions. Mais les performances de leurs avions étaient telles qu'ils nous ont demandé à l'occasion de reprendre certaines de leurs responsabilités parce que lorsque le long nez 190 (Focke-Wulf Fw 190, un avion de combat monoplace allemand) est arrivé, leurs avions étaient — ils ont perdu un certain nombre d'avions parce qu'ils ne pouvaient pas à échapper au FW190 (Focke-Wulf Fw 190), ils n'étaient pas… ils n'avaient pas les performances. Ils n'avaient peut-être pas non plus l'expérience nécessaire. Pour une raison ou une autre, nos hommes semblaient avoir plus d'expérience et n'effectuaient pas de rotations aussi fréquentes que les Américains. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les tours d'opérations variaient selon le type d'activité à laquelle on participait. Dans le cas de la reconnaissance photographique, elle était basée sur les heures, le nombre d'heures. Au Bomber Command, je crois que c'était 25 missions, ou quelque chose comme ça, sur les bombardiers. Dans notre cas, c'était 300 heures sur le Spitfire (Supermarine Spitfire, un avion de chasse britannique monoplace), ce qui était une mission normale. Vous pouviez vous attendre à faire cela en un an, un an et demi, quelque chose comme ça. Et c'est à peu près le temps qu'il m'a fallu. Maintenant, les événements intéressants, chaque fois que j'ai volé était un événement intéressant pour moi, mais je... j’aimais ça, c'était un défi, j’étais jeune, plein d'entrain et de vigueur. Je ne détestais personne. Je faisais ce que j’étais censé faire, et c'est pour cela que tous les autres étaient là. Me suis-je joint à l'armée pour des raisons de loyauté? Je ne sais pas. Non. Je me suis enrôlé parce qu'on attendait de moi que je fasse la même chose que les autres et nous avons fait ce que nous avions à faire. Et maintenant, les choses intéressantes, oui, j'ai trouvé ça intéressant quand je suis allé à Malte, pour jeter un coup d'œil. J'étais enfin dans une partie du monde que je ne m'attendais pas à voir. Ou lorsque j'ai traversé l'Afrique du Nord. Et puis en Italie, je me souviens de l'invasion de, ou du moins de l'entrée dans Rome (juin 1944). Nous étions basés sur une petite bande appelée San Fransesco, juste à l'est de Rome. C'est la seule fois où j'ai servi sur un aérodrome pendant la Deuxième Guerre mondiale avec un escadron canadien, avec l'Escadron 417, l'escadron de la ville de Windsor, commandé par Bert Houle, le capitaine de groupe Bert Houle, DFC (Croix du service distingué dans l’Aviation) et barrette, qui habite ici à Manotick (Ottawa). Bert était un pilote de chasse très actif et agressif. Je me souviens qu'un jour, en revenant d'un voyage, j'ai atterri, je suis entré dans la piste et qui me poursuivait, si ce n'est Bert Houle, qui essayait de m’abattre. Il avait supposé que j'étais un pilleur allemand solitaire. Il y en avait quelques-uns dans les environs. Il m'a poursuivi jusqu'au bord de l'aérodrome, jusqu'à ce qu'il se rende compte que j'étais un autre Spitfire, même si j'étais peint en bleu. Mais bon, c'est une longue histoire. Mais Rome, j'ai une copie, je l'ai trouvée l'autre jour, de l'ordre ultra-secret donné aux commandants d'unités sur la façon de se comporter lorsque nous sommes arrivés à Rome, et je l'ai dans mon dossier en bas. J'ai pensé la présenter au Musée national (Musée canadien de la guerre), ils aimeraient peut-être l'avoir. C'est un document ultra-secret. Je ne sais pas comment je l'ai gardé. Je suppose que je l'ai gardé parce que j'étais commandant d'une unité pendant la guerre. Mais l'entrée dans Rome était vraiment quelque chose parce que la ville, nous le savions, personne ne vous tirerait dessus si vous survoliez Rome et le Tibre, il y avait une magnifique plage de baignade tout le long du Tibre. Je me souviens d'avoir battu la plage à cause des belles filles qui s'y trouvaient, allongées au soleil. L'Italie était maintenant sortie de la guerre et nous étions enfin arrivés à Rome. Mais Rome elle-même nous a ouvert les yeux, car les restaurants fonctionnaient encore. Les choses étaient extrêmement peu dispendieuses. Une chambre d'hôtel coûtait 25 lires, soit environ 25 cents. Et les hôtels étaient magnifiques, ce qui changeait tout. Mais nous n'avions pas le droit de vivre dans les immeubles. Nous vivions toujours dans nos tentes et nous avons continué à bouger au fur et à mesure que l'armée se déplaçait. Je me souviens notamment de l'entrée dans Rome, une ville magnifique. J'y suis retourné plusieurs fois et elle est toujours aussi belle. On se souvient aussi de choses comme Anzio, pas Anzio, mais Cassino, et le fait d'avoir été bombardé par nos propres avions (la bataille de Monte Cassino, du 17 janvier au 18 mai 1944), ce genre de choses, ce qui n'est pas inhabituel. Mais je suppose que mon impression la plus durable de toute cette période a été d'apprendre ce jour-là que j'allais aller à Malte parce que j'avais lu tout ce qu'il y avait à lire sur ce qui se passait à Malte et de réaliser que, oui, enfin, je n'étais plus en mission d'entraînement ou en opération de courte durée, c'était une affaire sérieuse dans laquelle je m'impliquais. J'étais seul, et je le resterais, et je ne l'oublierai jamais. Ce fut une bonne expérience pour moi, et cela m'a aidé le reste du temps.

Entrevue avec le lieutenant-général William Carr FCWM Oral History Project

CWM 20020121-011

George Metcalf Archival Collection

© Musée canadien de la guerre