William Elliott a servi avec le Corps royal d’intendance de l’Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Quand je me suis enrôlé dans l’armée le 15 mars 1940, ils manquaient de chauffeurs en Europe. Donc quiconque levait la main pour dire qu’il savait conduire se faisait envoyer en Europe. Bon, on était à Calgary pendant deux ou trois jours, puis on est descendu à Ottawa et d’autres se sont joints à nous. Ils nous appelaient la 1ère Intendance militaire canadienne du MTVRD [Mechanical Transport Vechile Reception Depot]. Ensuite, on s’est arrêté en Terre-Neuve pour prendre 15 autres gars. En ce temps-là, Terre-Neuve appartenait à l’Angleterre et ils voulaient se joindre aux Forces britanniques. On était sur un navire qui s’appelait à l’époque [SS] le Duchess of Richmond, il avait été transformé en bateau de transport des troupes et donc on voyageait en première classe. On avait quelqu’un pour nous cirer nos chaussures, faire nos lits et s’occuper de l’entretien de notre cabine. Mais on a traversé l’Atlantique en zigzagant. Pendant 14 jours on a essayé d’éviter les sous-marins nazis. Le destroyer est venu à notre rencontre quand on était à un jour de Liverpool [Angleterre]. Là-bas, on a rencontré le Premier ministre [Winston] Churchill et Anthony Eden, qui était ministre d’État à l’époque, je crois. Ensuite, on est allé à notre camp à Bordon, au sud d’Aldershot, on était posté au sud de Londres. À cette époque, notre reine actuelle [Elizabeth II] était princesse et faisait une formation pour devenir conductrice d’ambulance. On la voyait tous les jours de l’autre côté de la route. On allait assez régulièrement au Quartier-général de l’Armée canadienne de Londres. Et on voyait les princesses se promener à cheval. Quand on est arrivé là-bas, on s’est rendu compte que la moitié des gens ne savaient pas conduire. Donc notre boulot c’était d’aller chercher les véhicules sur les quais et de les amener dans les différentes unités. On devait s’arrêter dans notre garage pour les réparer. Beaucoup de gens conduisaient avec le frein à main, ça abîmait les freins et après, il fallait les réparer. Il fallait s’habituer à conduire du mauvais côté de la route, dans le noir, parce qu’il n’y avait aucun éclairage. Ah, oui et puis la première fois qu’on est revenu de Southampton [Angleterre] un pilote de chasse allemand est descendu directement en ligne et il a fait un trou dans notre pare-brise en tirant. Mais on était déjà dans le fossé. L’autre bombardement que j’ai vécu, c’est quand des bombardiers allemands étaient au-dessus de nous et qu’un français dans un trou à canon s’est mis à leur tirer dessus, autrement ils ne nous auraient pas embêté. Mais deux des bombardiers se sont retournés et ils ont littéralement rasé le camp. J’avais une chemise sur un fil que je venais de laver et elle était pleine de trous. Heureusement que je n’étais pas dedans. En ce temps-là on était dans un abri antiaérien, tout le monde avait peur, c’était leur premier bombardement. Le lendemain, il y avait un type, Bill Cooper de Calgary, ses cheveux avaient blanchi pendant la nuit. Après ça, on m’a envoyé à Cardiff dans le pays de Galles pour chercher une ambulance offerte par les quintuplés Dionne. J’ai conduit cette ambulance à Londres pendant le blitz, donc la bataille d’Angleterre, les bombardiers d’Hitler entrain de bombarder Londres, il pensait qu’il pouvait les vaincre [les Anglais]. Mais ils sont restés dans le métro et ils ont passé de bons moments là en bas. Quand je descendais, je les voyais jouer aux cartes et chanter. Chaque nuit après ça, on nous appelait pour voir si Hitler et ses troupes allaient envahir l’Angleterre, il aurait pu le faire et la guerre aurait été terminée. Mais il a fait une erreur en allant en Russie et la Russie l’a maté. J’ai conduit des milliers de km là-bas sans jamais avoir d’accident. Une fois, ils me donnaient d’habitude une solde de commandement de 5$, je rentrais de Glasgow, à 500 milles de notre camp, où j’étais allé chercher un char. Les routes étaient terriblement étroites là-bas, il n’y avait pas de trottoirs et les gens marchaient directement dans la rue. Mais un jour, je rentrais et une femme a foncé droit sur moi en vélo et je ne pouvais pas m’arrêter avec tout ce poids, avec le char et le camion et j’ai pensé que j’avais dû la tuer. J’ai regardé derrière moi et elle s’est levée. J’étais vraiment content de la voir se lever. Elle avait dû se coucher à plat parterre parce qu’elle ne semblait pas blessée, mais sa bicyclette était fichue.