Après avoir été abattu lors d'un raid de bombardement et interné comme prisonnier de guerre, William Mills a commencé un échange de lettres avec une femme qui deviendra plus tard sa femme.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
On était Canadiens, mais nos escadrons de vol étaient tous basés en Angleterre, c’était le quartier général de tout le truc. Le haut commandement décidait de l’endroit que vous deviez aller bombarder et la raison du bombardement ; il arrivait qu’ils vous donnent la raison, pas toujours, et ça ne changeait rien pour nous, on volait à 20 000 pieds d’altitude et on bombardait, là où on nous avait dit de le faire. S’échappant de son appareil après avoir été descendu en Europe Bon, c’est comme… pour la plus grande partie, j’ai un trou parce que je n’arrive pas à me souvenir de chaque petit détail, et je pense que personne ne se souvient vraiment parce que ça arrive tellement vite. Ce qui nous importait le plus c’était d’essayer de sortir, de sauter et d’atteindre le sol en sécurité ; c’était ça qui nous importait. Rappelez-vous qu’on était sept personnes dans cet espace restreint ; impossible de voir où les autres se dirigeaient parce que vous sautiez tous les sept en même temps. Et moi, comme ma fille vous le racontera, j’ai parlé à toutes les familles après la guerre ; j’ai parlé à tout mon équipage – sept personnes dans mon équipage – et je leur ai parlé à tous et honnêtement, ils n’arrivent pas à se souvenir de quoi que ce soit de plus eux non plus. C’est difficile pour vous de réaliser que les choses se passent très vite – un instant, vous êtes en vie et l’instant suivant vous planez dans les airs et vous ne savez pas ce qui va vous arriver. Vous savez que c’est terminé, mais vous ne savez pas si vous allez vivre ou mourir, et c’était ça la plus grande peur des gens qui volaient, mourir. La vie d’un prisonnier de guerre On avait le droit… Les Allemands c’était l’ennemi, mais on avait le droit d’écrire des lettres sur un certain formulaire. Vous savez, vous ne pouviez pas écrire une quarantaine de pages ou quoi que ce soit ; c’était un truc spécial ce qu’ils avaient. Et bien sûr, c’était fait – si vous aviez écrit quelque chose qu’ils jugeaient… parce que ça passait entre les mains de la censure ; ils avaient ça s’ils voulaient vérifier. Mais c’était une chose ; ça passait par la Croix Rouge. J’écrivais à une jeune fille à l’époque et elle vivait dans une petite ville elle aussi, et elle me racontait tout ce qui se passait là-bas, et j’étais en terrain connu, vous voyez, ce qui rendait les choses plus faciles. Je savais tout ce qui se passait dans la petite ville où elle vivait et dans les alentours, elle me racontait tout ça. Alors quand je suis sorti, comme je connaissais pratiquement ce qui était… vous savez, ce qui se passait dans le monde extérieur. Je dis le monde extérieur parce que quand vous êtes enfermé, ça fait une grosse différence.