Project Mémoire

William Parfitt (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Parfitt a servi comme mitrailleur aérien dans l'Aviation royale canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.


Un bombardier Lancaster vers 1942-1945 semblable à celui dans lequel vola William Parfitt. Crédit: Fred Joseph Moritz
Je me souviens d'un équipier abattu à nos côtés. C'était vraiment quelque chose. C'était si instantané que vous n'aviez pas le temps de vous apitoyer, ne serait-ce qu'en raison de la tension du moment.

Transcription

Mon père était un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. William Parfitt, est né et a grandi à North Bay (Ontario) dans une ferme marginale. C'était l'époque de la Grande Dépression (crise des années 1930), et les gens travaillaient souvent à l'extérieur de la ferme pour gagner un peu plus d'argent afin de survivre à la (Grande) Dépression, car je suis né en 1924, et ça c’était après les « sales années trente », comme on disait. Mon père a fini par devenir contremaître sur le chantier de l'aéroport lors de sa construction. À cette époque, il a fait une dépression nerveuse. J'ai fini par aller à Toronto. Ma mère avait quatre autres frères et sœurs et elle était une ancienne institutrice. Elle est retournée enseigner et je suis allé à Toronto. Trois ans plus tard, j'ai été appelé dans l’armée et je me suis engagé dans l’Aviation royale canadienne. Ma formation n'a pas été très longue. Je n'avais jamais fréquenté l'école secondaire. Je suppose que j'étais assez intelligent pour passer le comité de sélection et j'ai choisi d'être mitrailleur aérien, ce qui signifie que j'ai été envoyé outre-mer. Je me suis enrôlé en août et en avril de l'année suivante, j'étais en route pour la Grande-Bretagne. Si j'avais choisi à l'époque d'aller à l'ITSB (Initial Training School, pour recevoir une formation avancée pour les métiers de l’Air), ce que j'aurais pu faire parce que j'étais un assez bon élève, mais que j’ai choisi de ne pas faire, j'ai décidé qu'ils manquaient de mitrailleurs aériens et on m'a dit que je pouvais continuer et faire plus d'études et probablement me qualifier pour devenir pilote ou viseur de lance-bombes ou quelque chose comme ça. Mais j'ai dit, oh, je vais y aller en tant que mitrailleur aérien. Nous volions toujours après le dîner, toujours à la nuit tombée, pour des raisons évidentes. Il est plus difficile d'être vu après la tombée de la nuit qu'en plein jour. Dans notre groupe, nous avons effectué quelques raids de jour parce qu'à l'époque, ils avaient des chasseurs Mustang avec des réservoirs à long rayon d'action. Nous étions donc protégés par des chasseurs lors des raids de jour. Une fois que nous avions traversé la côte ennemie. Ensuite, c'était des chasseurs ou des ack-ack. Je parle de tirs antiaériens, bien sûr. Et bien sûr, c'était toujours intense au-dessus de la cible. Lorsque nous volions à la lumière du jour, nous volions en formations lâches. Les chasseurs étaient bien sûr présents, mais ils ne participaient pas aux bombardements. Ils restaient donc au-dessus de nous, à l'affût des chasseurs ennemis. Je me souviens d'avoir vu une V-2 (fusée allemande) laisser une traînée de vapeur sur son chemin vers la Grande-Bretagne. Je me souviens d’avoir vu un ailier, un membre de l’équipage se faisant abattre à côté de nous. C'était une grande aventure, je suppose. Et c'était tellement instantané que nous n’avions pas vraiment le temps de réfléchir, à cause de la tension du moment. J'ai une pensée pour ceux qui n'ont pas eu cette chance. La guerre est un enfer.