Project Mémoire

William Rodney (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Rodney a servi avec l'Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


William Rodney
William Rodney
la Croix du Service Distingué dans l'Aviation, avec la barre; l'étoile 1939-45; l'étoile France-Allemagne; la Médaille de la Défense; la Médaille du Service des Volontaires Canadiens; la Médaille de Guerre (1939-45).
William Rodney
« Après s’être éloignés de la cible et avoir échappé à l’ennemi, ma plus grande crainte était de survoler Paris car nous volions presque à hauteur des toits et je craignais de percuter la tour Eiffel. »

Transcription

J’étais, évidemment affecté outre-mer, suis allé à Bournemouth. Pendant que j’étais là-bas, j’ai été envoyé à l’école de pilotage des officiers pour en apprendre un peu sur les lois relatives à l’armée de l’air et les exercices d’évasion, et ce genre de choses. Et comme ils n’avaient pas je suppose vraiment organisé nos affectations parce que le Bomber Command avait besoin de gens et j’étais, ainsi qu’un bon nombre d’autres gars, on avait été envoyés dans une école de début juste pour qu’on ne perde pas la main avec les avions pendant qu’ils s’occupaient de nos affectations. Nous avons été transféré de ce qui allait être une opération du commandement de l’aviation côtière au Bomber Command. J’ai fait deux sorties le jour J. Une fois à l’aube et puis le jour d’après, on est allé à une gare de triage au sud de Paris appelée Juvisy. On arrivait sur place à basse altitude, 5000 pieds environ, et on s’est fait sauter dessus par un Me10 (Messerschmitt bf 109, chasseur allemand) et on s’est fait salement touché. Mes instruments de navigation étaient morts, mon bombardier a perdu une bonne partie de sa jambe à la suite de ça. L’avion était sévèrement endommagé : la gouverne de profondeur, la gouverne de direction les trappes de bombes ne fermaient plus ; le train d’atterrissage et les hydrauliques avaient été malmenés ; le train ne pouvait plus être rétracté. Le résultat de tout ça c’est que je devais ramener l’avion à la maison et je l’ai ramené à 50 pieds d’altitude dans le noir et je l’ai ramené au Royaume-Uni et j’ai atterri sur un terrain d’aviation d’urgence en Angleterre. Mais c’est un des aspects pratiques du fait d’avoir de solides notions dans la navigation astro parce que je suis rentré en me basant sur les étoiles et en faisant le point en conséquence. Ma plus grande inquiétude pendant cette opération, après qu’on se soit éloignés de la cible et aussi de notre adversaire, c’était (rire) qu’on survolait Paris à, à peu près au niveau des toits et j’avais peur de percuter la Tour Eiffel. (rire) On a éliminé un grand emplacement de canon à l’aube et le Bomber Command, il y avait beaucoup de canons lourds dont la marine avait une peur mortelle. Et ce sont les batteries côtières et elles ont toutes été éliminées. La notre en particulier ça n’a pas été une grande réussite parce que le temps était tellement épouvantable et le résultat c’était qu’elles ont toutes réussi, mais je crois que la notre n’a pas été aussi bonne que les autres parce qu’on avait des conditions météo très difficiles. Des nuages bas et du brouillard et, bien sûr, sur le chemin du retour, on a vu toute l’armada et les navires et ainsi de suite. Ça a été une sacrée expérience parce que le temps s’était levé et on est rentrés sous le, bon, il faisait plus clair. Et, bien sûr, vous pouviez voir toute l’armada arriver et c’était toute l’attaque sur la côte. Alors tout le transport de troupes, les vaisseaux de la marine et ainsi de suite, c’était en quelque sorte une partie de la manœuvre dans son entier, c’était vraiment une sacrée expérience. J’ai vu un millier d’avions dans les airs quand on est allés à Caen et c’était une journée radieuse et agréable. Il y avait un flot ininterrompu comme des taxis qui traversait la Manche et arrivait en France. Ils faisaient demi tour et repartaient en parallèle. À ce moment-là on avait démoli plus encore, la Luftwaffe (armée de l’air allemande) ne représentait pas un grand danger et il y avait toutes sortes de choses à voir qui valaient la peine d’être remarquées et ça valait la peine de s’en rappeler ; et je les vois encore chaque fois que je lis quelque chose ou que je repense à tout ça.