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Musique du monde

La musique du monde est un indicateur direct et puissant de la nature multiculturelle de la société canadienne.

Musique du monde

La musique du monde est un indicateur direct et puissant de la nature multiculturelle de la société canadienne. Dans son sens large, le terme « musique du monde » englobe la musique traditionnelle des cultures autres que celles de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale et des versions contemporaines de pièces traditionnelles. Ce terme fait également souvent référence à un métissage musical qui intègre un son non-occidental à la musique pop ou rock. Parfois désignée sous le vocable de musique ethnique ou musique internationale, la musique du monde offre des sons et des techniques variés.

Le terme « musique du monde » fait son apparition en 1906 pour décrire les influences exotiques en musique classique. En 1987, il gagne en popularité lorsque des maisons de disque de la Grande-Bretagne le choisissent pour promouvoir des enregistrements de musiciens africains ou latino-américains. Il est utilisé au Canada depuis 1988. La catégorie « musique du monde » comprend les styles musicaux suivants : celtique, cajun, zydeco, soukous, klezmer, salsa, merengue, soca, highlife, reggae et de nombreux autres styles traditionnels.

Le terme « rythmes du monde » est parfois utilisé de manière interchangeable pour désigner la musique du monde. Il apparaît aux États-Unis au début des années 1980 pour faire référence au jazz-rock dont le rythme incite à la danse, mais il est moins utilisé de nos jours.

Caractéristiques de la musique du monde

L'engouement pour la musique du monde provient du son différent qu'elle propose en Occident. Parmi les instruments de prédilection de la musique du monde et de la musique populaire influencée par la musique du monde, on retrouve des percussions comme le djembé de l'Afrique occidentale, la conga, la darbuka du Moyen-Orient et le xylophone africain. Celles-ci sont mélangées aux instruments écossais et irlandais comme le bodhran, la cornemuse et le violon, le didjeridus australien et les guitares de flamenco espagnoles. La musique du monde est modale et d'échelle non-occidentale, avec des « blue notes », des mélodies vocales et des rythmes complexes. L'improvisation y tient une place prépondérante.

Plusieurs interprètes de la musique du monde incorporent des messages politiques concernant la guerre, la conservation et l'exploitation des peuples autochtones.

Contexte démographique

L'éclosion de la musique du monde suit immédiatement la vague d'immigration provenant des pays en voie de développement amorcée dans les années 1970. Les musiciens immigrants et en visite provenant des Caraïbes, du Moyen-Orient, de l'Extrême-Orient, de l'Afrique et de l'Amérique latine interprètent leur musique traditionnelle et créent sur le marché canadien un intérêt pour le reggae, le calypso, le steelband et le merengue. Comme bon nombre d'immigrants de Toronto et de Montréal proviennent de l'Afrique et des Caraïbes, ce sont surtout ces styles musicaux qui pénètrent le marché principal. Tout comme la musique celtique, les rythmes africains exercent une influence prédominante aujourd'hui. Les percussions africaines jouissent d'une grande popularité même à l'extérieur des cercles de la musique du monde.

Parmi les interprètes canadiens de musique du monde reconnus sur la scène internationale, figurent entre autres le Flying Bulgar Klezmer Band, Kasthin et Lhasa de Sela. Plusieurs canadiens s'étant illustrés dans le monde entier, comme l'auteur et producteur Daniel LANOIS, fusionnent la musique populaire et la musique rock en utilisant des sons de leur héritage. Le terme « musique du monde » est également passé dans la langue du jazz. La saxophoniste Jane BUNNET explore le jazz fusion cubain. À l'échelle locale, une quantité innombrable d'artistes et de groupes moins connus produisent des pièces de leur propre répertoire musical populaire : les traditions brésiliennes, haïtiennes, libanaises, pakistanaises, espagnoles, galloises et autres. Leur musique devient l'expression de leur identité ethnique.

La musique du monde est jouée et célébrée dans le cadre de nombreux spectacles et festivals (le festival Caribana de Toronto, la Carifiesta de Montréal, le Festival of World Beat de London en Ontario), et dans des bars. Elle occupe également une place prépondérante à la télévision et dans les trames sonores de films.

La musique du monde et l'industrie du disque

Depuis les années 1990, la musique du monde est en pleine expansion. Les plus grandes maisons de disques établissent des catégories de musique du monde pour répondre aux différents intérêts des consommateurs. L'industrie reconnaît cette catégorie par des prix. En 1992, l'Académie canadienne des arts et des sciences de l'enregistrement, l'organisme qui supervise les PRIX JUNO, crée une catégorie rythmes du monde (rebaptisée maintenant Musique globale). En 1991, le prix Best World Music Album Grammy est créé aux États-Unis. De plus, l'industrie dresse maintenant un palmarès de la musique du monde.

Les sections « Musique du monde » des magasins proposent une multitude de choix. Au Canada anglais, cette section regroupe généralement tout enregistrement qui n'est pas chanté en anglais ou tous les disques enregistrés dans des pays en voie de développement d'artistes méconnus ici (p. ex., Thomas Mapfumo du Zimbabwe). Cette section peut également contenir de la musique influencée par les racines écossaises ou irlandaises comme la musique folk dérivée du celtique de RANKIN, les disques de Loreena MCKENNITT et les enregistrements en langue innu de Kasthin. Même les disques en français de chanteurs pop bilingues comme Céline DION se retrouvent parfois dans la section « Musique du monde ».

La création de la catégorie « Musique du monde » a permis à de nombreux musiciens immigrants d'atteindre de nouveaux auditoires au Canada et aux musiciens canadiens d'exporter leur musique traditionnelle. Toutefois, de l'avis de certains, cette étiquette marginalise ses interprètes.

Musique classique contemporaine

La musique classique contemporaine a accueilli la musique du monde. En 1975, le Canada est l'hôte du premier congrès de la Semaine mondiale de la musique du Conseil international de la musique qui vise à favoriser les échanges entre les musiciens des cinq continents. En 1984, le festival annuel Journées mondiales de la musique se déroule au Canada. Parmi les musiciens canadiens de style classique qui incorporent la musique du monde à leur répertoire et à leurs compositions, on compte l'ensemble de percussions NEXUS, qui utilise la tabla indienne classique, le ST. LAWRENCE QUARTET, qui utilise les instruments klezmer, et les compositeurs Alexina LOUIE, Malcolm FORSYTHet Christos HATZIS. En 2002, CBC Records lance une sous-étiquette de musique du monde. Son premier album est réalisé par la formation torontoise Maza Mezé, qui s'inspire de la musique grecque et du Moyen-Orient. Radio-Canada consacre également une émission de radio régulière à la musique du monde, donnant ainsi une occasion supplémentaire de se familiariser avec ce répertoire musical déjà exploré par des stations de radio communautaires et scolaires.

Le rôle de la musique du monde dans l'enseignement

Depuis les années 1970, la société canadienne est de plus en plus pluraliste. Les enseignants ont pris conscience des avantages associés à l'inclusion de la musique du monde dans le programme scolaire et les programmes d'enseignement de la musique. Elle est utilisée comme un outil efficace qui favorise la compréhension interculturelle et la tolérance raciale. Elle permet de maintenir les traditions et elle facilite l'enseignement de sujets n'ayant pas trait à la musique. La musique sous-représentée (non-occidentale) donne l'occasion d'explorer de nouveaux rythmes et concepts mélodiques, l'improvisation, la transmission orale et l'éducation de l'oreille. Les écoliers canadiens peuvent maintenant entendre des pièces provenant du Ghana, du Zimbabwe, des Andes, de l'héritage juif, du Japon, de l'Australie et des Premières nations, effectuer des exercices rythmiques s'appuyant sur les rythmes brésiliens et sub-sahariens et découvrir les sons des tambours exotiques et des instruments à vent (flûtes). Une multitude de livres, d'enregistrements et de vidéos sur la musique du monde sont maintenant disponibles dans les écoles primaires, secondaires et post-secondaires.

Répercussions de la technologie

La musique du monde est maintenant disponible partout grâce à la technologie de l'enregistrement, aux voyages autour du monde plus simples et à l'Internet où elle peut être entendue à l'aide de RealAudio. Les instruments et les styles musicaux qui ne pouvaient être découverts autrefois qu'en voyageant dans des contrées éloignées peuvent maintenant être entendus en un seul clic de souris. Bon nombre de sites Internet favorisent les échanges interculturels.

Voir aussi MUSIQUE FOLKLORIQUE CANADIENNE-ANGLAISE, MUSIQUE FOLKLORIQUE CANADIENNE-FRANÇAISE, MUSIQUE POPULAIREetJAZZ.