Origines
Le sens du terme « musique pop » a énormément évolué au fil des décennies. Les genres comme le blues, la musique country, le R&B, le rock'n' roll, le rock et le rap sont tous des succès commerciaux. Cependant, le concept plus général de « musique populaire » voit le jour au milieu du 19e siècle où les éditeurs de partitions de musique, les fabricants d'instruments pour les particuliers et les organisateurs de spectacles commencent à atteindre un public plus vaste et plus établi que ne le permettaient les styles folklorique et classique. Par exemple, les troupes de « minstrels » donnent des spectacles relativement uniformes de musique, de danse et de comédie à des centaines d'endroits, dont des villes et des villages au Canada.
Première musique populaire au Canada, années 1850-1920
Des salles de concert ou des salles de présentation multifonctionnelles comme le Saint Lawrence Hall (1850) et le Shaftesbury Hall (1872) de Toronto, le Music Hall de London (1866) et le St Patrick's Hall (1867) de Montréal présentent des spectacles de minstrels ou des œuvres pour le théâtre musical. À partir des années 1870, des spectacles de minstrels ont également lieu à Ottawa et à Winnipeg et, dans les décennies suivantes (années 1880-1930), en Alberta, à Saskatoon, à Regina, à Windsor, à Sherbrooke et au Cap Breton (comme les Maritime Merrimakers). À la fin des années 1860 à Montréal, Séraphin Vachon dirige une troupe de minstrels qui donne des représentations au Canada et aux États-Unis. Tommy O'Connor (né à Kingston, père de Billy O'Connor) se produit vers la fin des années 1880 avec Lew Dockstader's Minstrels, des États-Unis. Les Columbia (plus tard Georgia) Minstrels se forment en 1894 à Medicine Hat et fondent l'Opéra Haskell en 1904 à la fois au Vermont et à Québec. Le théâtre Albert de Stratford monte des comédies musicales des STR Minstrels jusque dans les années 1920. Pendant un moment, les Dockstader's Minstrels sont codirigés par George Primrose (né à London, Ont.) et, de 1912 à 1914, ils se produisent sous le nom de Primrose and Dockstader's Minstrels avec les Six Brown Brothers, des multi-instrumentistes qui privilégient le saxophone. Le chef d'orchestre Jack Arthur travaille aussi avec des minstrels. Durant la première décennie du 20e siècle, il est directeur musical pour Primrose. De plus, de la fin du 19e siècle au début du 20e siècle (au Canada et aux États-Unis), la tradition des chansons d'étudiants comprend de nombreuses chansons de minstrels interprétées par des sociétés de chanteurs de glees et d'autres organisations de musiciens similaires.
Premières compositions, années 1870-1920
À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, les spectacles de variétés de type vaudeville (comprenant les spectacles burlesque relativement risqués) commencent à remplacer les spectacles de minstrels, plus classiques. À la même époque, une industrie de partitions de musique s'installe pour publier, entre autres, des chansons de minstrels modernes, des romances de salon, des chansons d'immigrants, des arrangements du répertoire pour fanfares, de la musique pour piano (dont du ragtime), du ragtime. Cette industrie musicale, Tin Pan Alley (nommée d'après la cacophonie de la compétition d'auteurs-compositeurs se déroulant dans un certain quartier de Manhattan), devient la principale force de la musique populaire jusque dans les années 1950. La tradition du cabaret de style « bar de variétés » est un phénomène du même ordre des années 1850 à 1940 pour la musique populaire et les auteurs-compositeurs professionnels au Royaume-Uni. Parmi les premières chansons canadiennes de style Tin Pan Alley ou cabaret, qui comprennent souvent des formes régulières (comme AABA) et des combinaisons de rimes toute faites (comme « park »/« dark ») figurent la chanson humoristique sur l'actualité « Oh, What a Difference Since the Hydro Came » (London, Ont., 1913) de Claud L. Graces. De nombreux autres auteurs-compositeurs canadiens adoptent aussi ce style, notamment Willie Eckstein avec son « S'Nice » dans le style de Gershwin (1923).
Premiers enregistrements, années 1900-1930
La popularité des enregistrements grandit pendant les trois premières décennies du 20e siècle, particulièrement avec la circulation (jusqu'au milieu du siècle) des 78 tours qui contiennent une ou deux chansons. La facilité croissante de se procurer des enregistrements de musique populaire comme le Tin Pan Alley, le blues et la musique country propulse les ventes de disques, qui dépassent celles des partitions vers le milieu des années 1920. La Première Guerre mondiale génère une vague de chansons et d'enregistrements populaires de tendance Tin Pan Alley, dont « K-K-K-Katy (the Stammering Song) », écrite à Kingston en 1918 par Geoffrey O'Hara et immortalisée la même année dans un enregistrement mémorable enregistrée par le ténor populaire américain Billy Murray. L'artiste de studio le plus prospère du début du 20e siècle est Henry Burr, qui enregistre au Canada et aux États-Unis avec divers ensembles, pour de nombreuses compagnies d'enregistrement et sous une variété de pseudonymes. À la même époque, le parolier et arrangeur Alfred Bryan s'installe aussi aux États-Unis et se fait connaître en tant qu'auteur-compositeur populaire. En effet, il écrit les paroles de « Peg O' My Heart » (enregistrée, entre autres, par Burr) et de la chanson controversée sur la Première Guerre mondiale « I Didn't Raise My Boy to Be a Soldier » (enregistrée en 1915). Dans les années 1920-1930, beaucoup d'interprètes britanniques sont aussi populaires au Canada, comme Noel Coward et George Formby.
Diffusion et autres technologies, années 1920-1980
En 1900, Reginald Fessenden (né à East Bolton, Québec) commence à développer le principe de la radiodiffusion par ondes continues. La première radiodiffusion nord-américaine planifiée a lieu en 1920 à la station XWA (plus tard CFCF) de la Canadian Marconi Company. Le réseau de radio (avec une programmation nationale), la technologie du microphone (permettant de nouvelles subtilités d'interprétation) et les films sonores (incluant les films musicaux) apparaissent tous vers 1927 et se multiplient dans les années 1930-1950. La Société Radio-Canada (à l'origine appelée la Commission canadienne de radiodiffusion) effectue ses premières expériences en 1927 et débute réellement en 1932. En semaine, The Happy Gang, une troupe de variétés, présente à midi une émission sur les ondes de la radio de la SRC (1937-1959). La télévision de la SRC commence à diffuser en 1952 et la radio FM prend de l'importance dans les années 1960. Parmi les principales émissions télévisées et diffusées à la radio de la SRC ou par des diffuseurs privés figurent « Burns's Chuckwagon », « Opportunity Knocks », « Juliette », « Don Messer's Jubilee », « TheTommy Hunter Show » et « The New Music ». Les stations de radio universitaires et collégiales jouent souvent un rôle similaire, tout comme les stations ultérieures MuchMusic (incluant FACT et VideoFACT, la Foundation to Assist Canadian Talent) et MusiquePlus.
Orchestres de danse et musiciens pop/country, années 1920-1960
Pendant l'« ère de la radio » des années 1930-1950, le chef d'orchestre Guy Lombardo et His Royal Canadians (comprenant son frère, l'auteur-compositeur-interprète Carmen Lombardo) forment l'orchestre de danse de musique de divertissement le plus populaire de l'Amérique du Nord. Leur série de succès commence avec la chanson de l'ère du début du microphone et de la radio « Charmaine » (1927) et se poursuit avec, entre autres, « Peg O' My Heart » de Bryan. Le « Crosby canadien » , Dick Todd, est un chanteur populaire des années 1930-1940 au style « crooner » similaire à celui de la vedette américaine Bing Crosby. Pendant cette période, divers orchestres de danse ont du succès principalement au Canada, comme Mart Kenney et His Western Gentlemen (l'orchestre de danse le plus connu du Canada), le Paul Perry Orchestra, Gordon Day and The Rhythm Knights, les Cavaliers, les Melody Kings, le Johnny Holmes Orchestra et le New Princes' Toronto Band (qui se produit et enregistre au Royaume-Uni). Percy Faith, avec qui chante Gisèle MacKenzie dans les années 1950, est une chef d'orchestre d'origine canadienne qui fait une carrière internationale dans les années 1940 et 1950, tout comme Dorothy Collins. Le pianiste jazz Oscar Peterson connaît également le succès à l'étranger, surtout dans les années 1950 et 1960 mais aussi au cours des décennies suivantes. Au milieu du 20e siècle, deux vedettes néo-écossaises de la musique country connaissent également le succès : Wilf Carter (aussi connu sous le nom de Montana Slim) dans les années 1930 et 1940 et Hank Snow dans les années 1950 et 1960. De plus, à l'apogée de leur carrière, les Sons of Pioneers (établis aux États-Unis) sont dirigés par l'auteur-compositeur-interprète Bob Nolan. Le violoneux country Don Messer est également populaire au Canada.
Musique pop vocale au cours de l'ère du rock, années 1950-1960
Dans les années 1950, trois quatuors vocaux de Toronto deviennent des vedettes internationales. The Four Lads peaufinent leur style particulièrement juste en chantant à la St. Michael's Cathedral Choir School ainsi qu'en interprétant de la musique gospel. Leurs anciens camarades d'école, les Crew-Cuts, reprennent souvent des succès R&B afro-américain pour créer d'importants succès pop comme « Sh-Boom » (1954, à l'origine des Chords), pour un public blanc. Les Diamonds suscitent un engouement soudain pour la danse avec leur enregistrement « The Stroll » (1958). À la fin des années 1950, Paul Anka devient l'idole des adolescents et produit une série de succès pop comme, par exemple, « Diana » (1957). Parmi les chanteurs du même genre au début des années 1960 figurent Bobby Curtola et Juliette. Dans les années 1960, Anka s'oriente vers un style de composition plus mûr avec l'indicatif musical de The Tonight Show et « My Way », qui est notoirement enregistrée par Frank Sinatra, Elvis Presley, Sid Vicious et beaucoup d'autres. À la même époque, le chanteur Robert Goulet fait carrière sur la scène internationale et en studio.
Musique pop « New Folk », années 1950-1960
Dans les années 1950, les Travellers enregistrent des succès de « New Folk » , tels que, en 1955, leur arrangement canadien de « This Land is Your Land » (1940) de Woody Guthrie (États-Unis). Dans les années 1960, beaucoup de musiciens canadiens participent au renouveau de la musique folk. Les diverses salles de concert du quartier de Yorkville/Yonge (spécialement le Riverboat Club) à Toronto, ainsi que le Festival de folklore Mariposa à Orillia, contribuent à lancer les carrières de nombreux musiciens, tels que Bonnie Dobson, le violoneux Jean Carignan, Tom Northcott, Three's a Crowd, les Dirty Shames, Stitch in Time et Ian & Sylvia (Ian Tyson et Sylvia Fricker), avec le succès international de Tyson, « Four Strong Winds » (1963). « The Universal Soldier » (1964), de Buffy Sainte-Marie, est l'une des premières chansons à contribuer au mouvement pacifiste des années 1960. À la fin des années 1960, Gordon Lightfoot, Joni Mitchell, Leonard Cohen et Neil Young se font connaître avec leurs textes profonds et leur style unique en concert. Young, en particulier, devient une figure influente et explore, au fil des décennies suivantes, les mondes très différents des musiques folk et country ainsi que du hard rock (Voir aussi Rock canadien-anglais). Grâce à l'apparition simultanée, dans les années 1970, d'une industrie d'enregistrement plus forte et de règlements sur le contenu en émissions canadiennes, les musiciens populaires canadiens atteignent un public de plus en plus nombreux au Canada et à l'étranger.
Musique pop vocale et instrumentale, de 1965 aux années 2000
Dans les années 1970, Anne Murray devient une vedette internationale avec des chansons dans un style inspiré du pop, tout comme Ginette Reno et les chanteurs ou auteurs-compositeurs-interprètes semblables Terry Jacks (anciennement de la Poppy Family), Andy Kim, Keith Hampshire, Dan Hill, les Nylons et les Moffats, un groupe pop pour adolescents des années 1990. À partir des années 1970, le compositeur et pianiste Frank Mills et Hagood Hardy, ainsi que l'instrumentiste et producteur David Foster se joignent au mouvement de musique populaire. De la fin des années 1960 au début des années 2000, on compte parmi les groupes rock et les artistes solo de style pop qui connaissent le succès la Poppy Family, la DeFranco Family, Ocean, Dr Music, les Bells, Edward Bear, A Foot in Coldwater, Skylark, Stampeders, Klaatu, Nick Gilder, Parachute Club, Men Without Hats, Corey Hart, Moxy Früvous, Glass Tiger, Alias, les Waltons, Crash Test Dummies, les Barenaked Ladies , Wild Strawberries, Len et Sky. À cette même époque, on compte parmi les artistes de style folk les Stormy Clovers, les Children, Stan Rogers, « Stompin' Tom » Connors, John Allan Cameron, les amuseurs d'enfants Sharon, Lois & Bram, Raffi et Fred Penner, le « roi de la polka »Walter Ostanek, Spirit of the West, Susan Aglukark, les Irish Rovers, Kate et Anna McGarrigle, les Barra MacNeils, la Rankin Family, Rita MacNeil, Ashley MacIsaac, Natalie MacMaster, John McDermott et Great Big Sea. Après les chanteurs disco de la fin des années 1970 et du début des années 1980 comme Patsy Gallant, France Joli et Claudja Barry, apparaissent les artistes pop de style urbain, dance, soul ou rap des années 1990 et 2000 tels que Maestro Fresh Wes, Dream Warriors, Jane Child, Snow, Choclair, Rascalz, BrassMunk, les Philosopher Kings, Bran Van 3000, SoulDecision, Deborah Cox, jacksoul, Kardinal Offishall, Swollen Members, Buck 65, K-Os, Shawn Desman et K'naan. À la même époque, Holly Cole, Carol Welsman, Michael Bublé, Matt Dusk et, particulièrement, Diana Krall figurent parmi les interprètes populaires jazz et traditionnels. Les interprètes de musique country populaires comprennent Tommy Hunter, Carroll Baker, Ronnie Prophet, Family Brown, les Mercey Brothers, les Good Brothers, George Fox, Michelle Wright, Prairie Oyster et Paul Brandt. Toutefois, la chanteuse pop Céline Dion et la chanteuse country Shania Twain sont deux des interprètes canadiennes les plus marquantes de cette époque.
Autres auteurs-compositeurs-interprètes, de 1965 aux années 2000
Des années 1970 au début des années 2000, la frontière entre la musique pop et le rock est devenue beaucoup plus ténue. Par exemple, en 1985, un échantillonnage représentatif des artistes pop et rock (se produisant sous le nom Northern Lights) enregistre « Tears Are Not Enough », une chanson « soft rock » pour lutter contre la famine en Afrique. De nombreux auteurs-compositeurs-interprètes et groupes mélangent du matériel acoustique, électronique ou synthétisé (caractéristiques plus pop que rock) et du matériel qui comprend des guitares électriques, des guitares basses électriques et des batteries (caractéristiques plus rock que pop). Parmi ceux-ci figurent des interprètes comme Alannah Myles, Luba, Jane Siberry, Sarah McLachlan, JannArden, Mitsou, Amanda Marshall, Chantal Kreviazuk, Nelly Furtado, Alanis Morissette, Avril Lavigne et l'auteure-compositrice-interprète qui s'inspire des musiques du monde Loreena McKennitt. On y retrouve aussi des interprètes masculins comme Robert Charlebois, Murray McLauchlan, Bruce Cockburn, Valdy, Michel Pagliaro, Burton Cummings, Ian Thomas, René Simard, Gino Vannelli, Bryan Adams , Robbie Robertson, le producteur et musicien Daniel Lanois, Lawrence Gowan, Roch Voisine, Barney Bentall and the Legendary Hearts, Sam Roberts et Daniel Powter. À la même époque, parmi les auteurs-compositeurs-interprètes et les groupes qui se concentrent sur la voix et la musique acoustique figurent Stephen Fearing, les Cowboy Junkies, k.d. lang, Sarah Harmer, Kathleen Edwards, Rufus Wainwright, Martha Wainwright, Ron Sexsmith, Hayden et Final Fantasy, qui s'inspirent tous du country, du folk ou du blues.
Voir aussi: Rock, Musique country, Musique folklorique candienne-anglaise, Musique folklorique canadienne-française, Musique folk, Chants patriotiques, Rap,Musique féministe.
Bibliographie
MCNAMARA, Helen. The Bands Canadians Danced To (Toronto, 1973).
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KIVI, K. Linda. Canadian Women Making Music (Toronto, 1992).
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WAGNER, Vit. « Chords of a Canadian tipping point », Toronto Star (29 déc. 2005).