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Musique folklorique canadienne-anglaise

Terre-NeuveLa musique folklorique de Terre-Neuve reflète un riche héritage culturel originaire des Îles britanniques, entretenu dans le Nouveau Monde pour arriver à constituer une tradition unique.

Musique folklorique canadienne-anglaise

Terre-Neuve
La musique folklorique de Terre-Neuve reflète un riche héritage culturel originaire des Îles britanniques, entretenu dans le Nouveau Monde pour arriver à constituer une tradition unique. L'isolement relatif des avant-ports et les longs voyages des marins terre-neuviens sont les facteurs à l'origine d'un patrimoine musical à la fois très localisé et hautement éclectique dans son ensemble.

Styles de chant. Les principales collections publiées de musique folklorique de Terre-Neuve traitent presque uniquement des traditions vocales et non des traditions instrumentales de la province. Le chant folklorique terre-neuvien ignore tout accompagnement et se caractérise par la franche et sobre interprétation d'un soliste, présentant peu de variations de nuances d'une strophe à l'autre. Les styles personnels peuvent inclure un vibrato (en général, seulement sur les notes tenues) et une ornementation mélismatique. Le son produit est habituellement pur plutôt que rauque, mais il peut être détendu ou tendu selon que l'aigu ou le grave du registre naturel du chanteur est utilisé. Les derniers mots d'une chanson sont souvent dits. Cette tradition met d'ailleurs l'accent sur les mots, plutôt que sur la mélodie ou l'air.

Catégories de chansons. La plupart des chanteurs de Terre-Neuve répartissent leurs chansons en deux grandes catégories. Une « ditty » est une chanson légère à couplets satiriques, dérogatoires obscènes ou enfantins. Une « story-song » (chanson narrative), souvent appelée « song » tout court, est de propos sérieux et du genre que les spécialistes désignent habituellement sous le nom de « ballad ». Cette dernière est la plus importante des deux catégories, à la fois en nombre et en termes de valeurs locales.

Traditions des « ballads » de Terre-Neuve. Très hétérogène du point de vue stylistique, le patrimoine des « ballads » de Terre-Neuve comprend les anciennes « ballads » populaires, anglaises et écossaises ou « ballads » de Child, les « broadsides » (feuilles avec paroles des chansons) britanniques et nord-américaines du XVIIe au XIXe siècle, les « ballads » sentimentales des XIXe et XXe siècles issues du music-hall britannique et des traditions populaires américaines, les chansons appartenant aux traditions florissantes des marins et des bûcherons du XIXe siècle, les « ballads » sentimentales des traditions des cow-boys du XXe siècle et les « ballads » de source locale.

La plupart de ces chansons décrivent un incident particulier. Les histoires de sinistres tels que les naufrages sont populaires. Parmi d'autres thèmes courants figurent ceux des amants séparés et des aventures en pays étranger. Les milieux sont ceux de la chasse au phoque, la pêche, la guerre en mer ou sur terre, la coupe du bois et les communautés locales. Un tel contenu reflète l'environnement et les préoccupations quotidiennes des chanteurs et de leurs auditoires.

La majeure partie de la musique folklorique de Terre-Neuve a été conservée et transmise par tradition orale ou auditive, mais l'imprimerie a joué un rôle important dans l'introduction d'éléments nouveaux. Les principales sources imprimées ont été les « songsters » irlandais et américains, la page des « anciens succès » (« old favourites »), de l'hebdomadaire montréalais The Family Herald, les « broadsides » et « songsters » des poètes de « ballads » à Saint-Jean tels James Murphy et Johnny Burke, et les cinq éditions d' Old-Time Songs and Poetry of Newfoundland publiées par Gerald Doyle.

Les enregistrements phonographiques de chansons de music-hall, chansons populaires et de cow-boys provenant d'Angleterre, du reste du Canada et des États-Unis ont également influencé les traditions de la chanson folklorique de la province. Après leur union avec le Canada (1949) et surtout à partir du milieu des années 1960, les Terre-Neuviens ont réintroduit dans leurs enregistrements les chansons traditionnelles plus anciennes, au même titre que les nouveaux éléments de source locale. On peut en retrouver des exemples sur les enregistrements de Dick Nolan, Figgy Duff, Rawlins Cross, Harry Hibbs, The Wonderful Grand Band et d'autres. La musique de groupes pop d'origine irlandaise a aussi grandement influé sur les chansons de tradition récente.

Contextes de l'interprétation des chansons. À Terre-Neuve, c'est le plus souvent au cours de réunions impromptues appelées « times » que le chant folklorique se fait entendre. Tenus dans les cuisines des avant-ports ou dans des poissonneries, les « times » comportent habituellement des solos d'un ou de plusieurs chanteurs. La chanson mobilise l'attention de tous les gens présents et ceux-ci adressent des mots d'encouragement au chanteur entre les couplets ou durant les pauses que comporte la chanson. La fin de la chanson suscite des commentaires similaires et une éventuelle discussion sur son contenu. On sert généralement à boire, la boisson habituelle étant un rhum foncé. Les « times » ont presque toujours lieu les soirs de fin de semaine, en hiver, la saison qui laisse le plus de loisirs. Durant la période de Noël (12 jours), il y a un « time » chaque soir en un endroit ou un autre de l'avant-port.

Les autres occasions de chanter s'offrent au travail, soit à bord des navires, soit dans les chantiers, et pendant des « concerts » communautaires officiels présentés à l'église ou dans des salles d'école à l'occasion des congés fériés du calendrier religieux ou civil. Organisés habituellement par le professeur ou le ministre du culte, les concerts comportent des sketches satiriques, de la danse, des récitations et autres activités scéniques, exécutés par des résidents de la localité. Des chanteurs locaux composent souvent des chansons pour des concerts spécifiques. Ces chansons traitent de façon humoristique des derniers événements et des personnalités de l'endroit et le succès de certaines leur vaut d'être incorporées à la tradition locale.

Musique instrumentale. Bien qu'après 1949 la guitare ait acquis une certaine popularité auprès des jeunes chanteurs comme instrument d'accompagnement, les traditions instrumentales et vocales de Terre-Neuve ont généralement évolué à distance l'une de l'autre. La musique instrumentale était la musique à danser et l'instrument le plus populaire, l'accordéon à boutons. On utilisa aussi l'harmonica, le sifflet d'étain et le violon. Quand il n'y avait pas d'instruments disponibles pour une danse, les airs étaient chantés - une pratique diversement connue sous les noms de « musique de bouche » ou « musique de menton ». Un grand nombre d'airs de danse de Terre-Neuve semblent provenir de traditions irlandaises et les airs en 6/8 et 9/8 sont aussi populaires que ceux en 2/4 et 4/4. Les danses avaient lieu dans les salles communautaires, les cuisines et les poissonneries et, pendant l'été, sur les quais et les ponts. Une danse comportait de trois à six parties qui avaient chacune son rythme particulier. Un bon instrumentiste devait connaître les airs appropriés à chaque partie et, à l'occasion, accompagner les solos de « gigueux » intercalés entre ces parties. Les chanteurs se produisaient parfois entre les danses et on avait coutume de clore la soirée par un remontant ou une tasse de thé.

Tendances récentes dans la musique folklorique de Terre-Neuve. Avec l'arrivée des routes d'asphalte, de l'électricité et de la télévision, plusieurs de ces traditions musicales se sont modifiées ou sont devenues moribondes. La nouvelle génération de musiciens et de chanteurs est plus apte à jouer de la musique rock, irlandaise ou country-western, qu'à perpétuer les traditions des ancêtres. Les danses comportent rarement les figures compliquées de jadis, bien que la gigue soit encore assez populaire. De plus en plus, la virtuosité instrumentale dans l'exécution de la musique de danse traditionnelle prend le pas sur le souci ancien de fournir à la danse un accompagnement adéquat. La composition de chansons sur le plan local est encore assez courante, reflétant le fait que la culture musicale de Terre-Neuve est toujours assez flexible pour résister aux influences du continent tout en adoptant quelques-unes d'entre elles.

Au cours des années 1960, une musique populaire terre-neuvienne présentant d'importantes affinités avec la musique folklorique locale s'est développée. Basée sur une synthèse de la musique populaire irlandaise, du country and western d'Amérique du Nord et des traditions locales, elle doit beaucoup au travail de Harry Hibbs et de Dick Nolan. Au début des années 1990, elle a trouvé son expression populaire dans les pièces du duo Simani (Bud Davidge et Sim Savory). Mettant l'accordéon au premier plan, ce genre de musique pour chanteurs-instrumentistes emploie aussi de la guitare, de la batterie et de la guitare basse. Les instruments peuvent être électriques ou non. Maintenant devenue le type de musique à danser la plus populaire dans les parties rurales de la province, elle tire ses paroles et ses mélodies du patrimoine traditionel de Terre-Neuve et crée de nouvelles chansons sur des sujets locaux.

À partir des années 1970, un regain d'intérêt pour le folklore de Terre-Neuve s'est traduit par des clubs et des festivals annuels de musique folk, ainsi que d'autres activités centrées à Saint-Jean, dont beaucoup ont été organisées par le Saint John's Folk Arts Council. Des représentants plus anciens des traditions terre-neuviennes, comme Rufus Guinchard et Émile Benoît, y ont gagné la reconnaissance populaire, tandis que des musiciens plus jeunes, tels que Figgy Duff, Jim Payne et Kelly Russell, s'y sont taillé des places comme interprètes. Toutes ces activités ont été considérablement influencées par les mouvements de renaissance en Irlande et en Grande-Bretagne. Plus récemment, on a accordé beaucoup d'attention à la reprise des anciennes danses complexes.

Voir aussi The Anti-Confederation Song, « Ballads », The Banks of Newfoundland, The Blooming Bright Star of Belle Isle, Chansons de métiers, Chansons de sinistres, « Hard, Hard Times », « Jack Was Every Inch a Sailor », « Lukey's Boat », « She's Like the Swallow », « Squid-jiggin' Ground », « We'll Rant and We'll Roar Like True Newfoundlanders ».

Discographie
Buffet Double : Baxter Wareham; 1989; Pigeon Inlet PIP-7324.

Outport People : Simani; 1986; SWC Productions SD-785A.

Songs and Ballads of Newfoundland : K. Peacock; 1956; Folk FG-3505.

Songs from the Newfoundland Outports : 1966; Folk FE-4075.

Songs from the Newfoundland Outports : 1984; Pigeon Inlet PIP-7319.

Tradition : A Sampler of Newfoundland : Guinchard, Benoît, Figgy Duff et autres; Pigeon Inlet PIP-7316.

Voir aussi Omar Blondahl, Harry Hibbs, Ed McCurdy, Alan Mills, Dick Nolan, Arthur Scammel.

Recueils
Charles HUTTON, Newfoundland Folio of Over Fifty Old Favorite Songs (Springfield, Ill. 1906).

Elisabeth Bristol GREENLEAF et Grace Yarrow MANSFIELD, Ballads and Sea Songs of Newfoundland (Cambridge, Mass. 1933, réimpr. Hatboro, Penn. 1968).

Maud KARPELES, Folk Songs from Newfoundland (Oxford 1934); nouvelle version (Londres 1971).

Gerald S. DOYLE, Old-Time Songs and Poetry of Newfoundland (Saint-Jean, T.-N. 1940, 1978).

MacEdward LEACH, Folk Ballads and Songs of the Lower Labrador Coast, Musée national de l'Homme (Ottawa 1965).

Kenneth PEACOCK, Songs of the Newfoundland Outports, 3 vol., Musée national de l'Homme (Ottawa 1965).

Maud KARPELES, Folk Songs from Newfoundland (Londres 1971).

Shannon RYAN et Larry SMALL, Haulin' Rope and Gaft (Saint-Jean, T.-N. 1978).

Songs of Labrador, (Northwest River, Labrador 1982).

G. LEHR dir., Come and I Will Sing You : A Newfoundland Song Book (Toronto 1985).

Bibliographie
Kenneth PEACOCK, « The Native songs of Newfoundland », Contributions to Anthropology, 1960, Part II, Musée national du Canada (Ottawa 1963).

John F. SZWED, « Paul E. Hall : a Newfoundland song-maker and his community of song », Folksongs and Their Makers (Bowling Green, O. 1970).

George J. CASEY, Neil V. ROSENBERG et Wilfred W. WAREHAM, « Repertoire categorization and performance-audience relationships : some Newfoundland examples », Ethnomusicology, XVI (sept. 1972).

Barbara CASS-BEGGS et Edith FOWKE compilatrices, « A reference list on Canadian folk music », CFMJ, I (1973); rév. et augm., VI (1978); rév. et augm., XI (1983).

Paul MERCER, The Ballads of Johnny Burke (Saint-Jean, T.-N. 1974).

Michael TAFT, « <That's two more dollars> : Jimmy Linegar's success with country music in Newfoundland », Folklore Forum, VII (1974).

A Regional Discography of Newfoundland and Labrador 1904-1972 (Saint-Jean, T.-N. 1975).

Paul MERCER, Newfoundland Songs and Ballads in Print 1842-1974 : A Title and First Line Index (Saint-Jean, T.-N. 1979).

« Interview Jim Payne », Canada Folk Bulletin, III (janv.-févr. 1980).

Gordon S.A. COX, Folk Music in a Newfoundland Outport (Ottawa 1980).

Gerald THOMAS, « Contemporary traditional music in Newfoundland », BMFC, XV (aut. 1981).

R.D. MADISON dir., Newfoundland Summers : The Ballad Collecting of Elisabeth Bristol Greenleaf (Madison, Wisc. 1982).

Janet MCNAUGHTON, « Variation and stability in two murder ballads of Placentia Bay, Newfoundland », CFMJ, XII (1984).

Colin QUIGLEY, Close to the Floor : Folk Dance in Newfoundland (Saint-Jean, T.-N. 1985).

Philip HISCOCK, « Newfoundland folklore and language : a bibliography », RLS, 12 (déc. 1989).

Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick

La musique folklorique de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick provient surtout de cinq sources ethniques : britannique, acadienne-française, gaélique, amérindienne micmaque et noire. La plus grande part est de source britannique. W. Roy Mackenzie a publié 162 chansons avec 42 airs, Helen Creighton 689, toutes accompagnées, et Louise Manny 101, également avec les airs. Folkways a publié deux disques ethniques à partir du recueil de Creighton : Folk Music from Nova Scotia (1956, FM-4006) avec 25 chansons et Maritime Folk Songs (1962, FE-4307) avec 19 chansons. Il y a 4 disques souples dans la pochette de son Folksongs from Southern New Brunswick (1971), qui contient 17 chansons interprétées par des chanteurs traditionnels. À partir du recueil de Manny sur le Nouveau-Brunswick, Folkways a produit un disque (1962, FM-4053) de 10 chansons intitulé Folksongs of the Miramichi et Folk Legacy a gravé un enregistrement d'une de ses chanteuses du Folk Song Festival, Marie Hare (1962, Legacy FSC-9), avec 11 chansons.

Les chansons canadiennes-anglaises traditionnelles parlent surtout d'amour et d'aventures et plusieurs d'entre elles ont la mer comme thème. Des anciennes chansons dramatiques connues sous le nom de « ballads » de Child (nommées d'après le collecteur Francis James Child dont le recueil en 5 volumes intitulé The English and Scottish Popular Ballads fut publié entre 1882 et 1898), 49 ont été retrouvées au Canada, dont plusieurs avec des variantes. Les chansons d'origine locale nous renseignent sur la vie en mer, les chantiers et les mines où travaillaient la plupart des hommes. Plusieurs d'entre elles s'inspirent de tragédies. Dans une veine plus légère, d'autres sont des satires de personnes ou d'événements et, tristes ou gaies, elles ont un caractère très personnel. Pour la beauté des paroles et de la musique, les chansons traditionnelles sont de loin supérieures aux autres, bien que plusieurs chansons indigènes aient emprunté des airs aux anciennes chansons importées.

Les chansons en anglais sont habituellement narratives et comportent une histoire, contrairement aux chansons gaéliques qui font volontiers l'éloge de la beauté d'une jeune fille ou du charme du pays d'origine du chanteur. Les chanteurs n'utilisent aucun accompagnement et ceux du « bon vieux temps » ont coutume d'enjoliver leurs mélodies, l'ampleur de l'ornementation dépendant de l'inspiration du moment. Un chanteur dit ou crie plutôt qu'il ne chante le dernier mot d'une chanson pour en souligner la fin. Plusieurs chanteurs adoptent un style personnel et lorsque l'un d'eux a imprimé sa marque personnelle à une chanson, les autres ne se permettront pas de la chanter en sa présence. Dans l'ancien temps, les chansons étaient rarement chantées en public mais constituaient un passe-temps à la maison, en mer et dans les chantiers. Plusieurs d'entre elles étaient très longues et répartissaient l'histoire sur 78 couplets. Un chanteur qui oubliait un vers le sautait plutôt que d'improviser et de briser ainsi la tradition.

La cueillette des chants commença en 1909, quand W. Roy Mackenzie découvrit que le type de « ballad » qu'il étudiait à l'Université Harvard était encore chanté dans sa région natale, sur le détroit de Northumberland en Nouvelle-Écosse. Lui et sa jeune femme passèrent plusieurs étés à parcourir la région et à noter des chansons de sources écossaises et acadiennes-françaises. À une certaine époque, l'Église des Écossais désapprouva l'interprétation de chansons profanes, mais leurs voisins français eurent le temps de les graver dans leur mémoire. The Quest of the Ballad (Princeton 1919) raconte l'histoire de la cueillette des Mackenzie et donne des exemples. Ce recueil fut suivi en 1928 par Ballads and Sea Songs from Nova Scotia (Cambridge, Mass.), un ouvrage savant accompagné d'un abondant commentaire et contenant 162 chansons, qui devint un modèle pour de nombreux spécialistes de la chanson folklorique de ce continent et demeure au programme de nombreuses universités. Mackenzie mémorisa de nombreuses mélodies et les chanta plus tard à un ami qui transcrivit 42 d'entre elles. À cette époque, les mots étaient considérés comme plus importants que la musique et le recueil ne produisit pas l'impact escompté sur les interprètes, mais il demeure un ouvrage de référence inestimable.

En 1928, inspirée par les livres de Mackenzie, Helen Creighton se mit à explorer les environs de sa région de Dartmouth, commençant ainsi une carrière de folkloriste qui allait se poursuivre pendant près de 60 ans, dont 19 à son propre compte. Pour le Musée national du Canada (Musée canadien des civilisations), elle travailla durant 20 ans à recueillir et à enregistrer des chansons de folklore dans les Provinces maritimes. Elle recueillit près de 4000 chansons, dont au moins 3000 en langue anglaise. Ayant pris conscience de l'importance de la musique, elle conserva les airs de toutes ses chansons, se servant d'abord d'un mélodéon portatif, puis d'un dictaphone. Doreen H. Senior, une musicienne anglaise, l'accompagna sur le terrain durant quelques étés, et transcrivit la musique au fur et à mesure des exécutions des chanteurs. Elle utilisa par la suite un appareil d'enregistrment Presto prêté par la Bibliothèque du Congrès de Washington, D.C., bibliothèque pour laquelle elle effectua des enregistrements en 1943-44. Elle enregistra de nouveau en 1948, travaillant cette fois sous les auspices conjoints de la Bibliothèque du Congrès et du Musée national. En 1949, le Musée fit l'acquisition de ses propres enregistreuses et ajouta peu à peu 2227 de ces chansons en anglais à ses archives. D'autres transcriptions furent faites à partir de ces bandes par Kenneth Peacock et allaient figurer dans les livres ultérieurs de Creighton et sous forme manuscrite à Ottawa et à Halifax. Sa recherche s'étendit bientôt aux trois provinces Maritimes et aux autres groupes ethniques mentionnés au début de cet article.

De 1958 à 1970, Louise Manny dirigea chaque année le Festival de la chanson folklorique de Miramichi, à Newcastle, N.-B. Le festival s'est maintenu et des chanteurs de localités de bûcherons et de pêcheurs continuent à concourir dans l'interprétation des chansons traditionnelles et indigènes. Le festival a non seulement fait connaître des chansons qui, autrement, seraient perdues, mais il a aussi encouragé les chanteurs à augmenter leur répertoire de chansons communiquées par des amis de régions plus éloignées. Il a également donné l'occasion aux spécialistes d'étudier les styles d'interprétation. D'autres collecteurs, notamment Edward Ives, collecteur et chanteur (White Plains, N.Y., 4 septembre 1925; auteur de plusieurs ouvrages sur les chansons des Maritimes), et Helen Creighton firent des enregistrements sur bandes déposées plus tard à l'Université du Maine à Orono et au Musée national de l'Homme. D'autres enregistrements en anglais de Manny se trouvent au Musée du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean. Avec James Reginald Wilson, qui transcrivit la musique, Manny publia Songs of Miramichi (Fredericton 1968), 101 chansons avec des notices détaillées sur l'histoire des chantiers, la valeur des chansons et la façon de les utiliser. Dans British Ballads from Maine de Barny Eckstorm et Smyth (New Haven, Conn. 1929), 195 textes proviennent du Sud-Ouest du Nouveau-Brunswick près de la frontière où Ives a également recueilli des chansons. Tout le long de la vallée de la rivière Saint-Jean, les chansons en anglais semblent avoir été négligées.

Le violon a été l'instrument de prédilection pour les danses campagnardes. Plusieurs airs, traditionnels et locaux, ont été enregistrés, principalement par l'orchestre de Don Messer (voir aussi Violoneux). Le violoneux a souvent été accompagné par les tambours, l'harmonica, le piano ou par le turlutage. Comme instruments populaires, la guitare et le banjo ne s'imposèrent que plus tard. Le style du chant folklorique s'est modifié avec les époques et plusieurs chansons furent composées dans l'idiome folklorique. Néanmoins, on entend encore les chansons traditionnelles favorites bien que rarement selon la manière ancienne, sans accompagnement.

Voir aussi « Ballads », Chansons de métiers, Chansons de sinistres, Chansons d'unions ouvrières, The Ghost of Bras D'Or, « I'll Give My Love an Apple », The Jones Boys, The Nova Scotia Song, « Peter Emberley ». Pour des renseignements sur le Gaelic Language and Folklore Project, voir Université Saint Francis Xavier; pour la musique gaélique, voir aussi Écosse.

Discographie
Atlantic Folk Festival : 1978; Boot BOS-7202.

The Barra MacNeils : World WRC1-4689.

Cape Breton Violin Music : John Campbell; 1976; Rounder 7003.

Celtic Guitar : David MacIsaac; 1986; Unity U-1002.

The Dances Down Home : Joseph Cormier; 1975-76; Rounder 7004.

Fare Thee Well Love : famille Rankin; 1990; RF-9001 (CD).

Folk Songs of the Miramichi : 1959; Folk FM-4053.

Gaelic Folklore of Cape Breton Island : Rodeo RLP-60.

Highland Melodies of Cape Breton : Winnie Chafe; 1979; Rounder 7102.

Joseph Cormier : Scottish Violin Music from Cape Breton Island : 1974; Rounder 7001.

Maritime Folk Songs : 1962; Folk FE-4307.

Miramichi « Come Alls » : Charlie Slane; 1974; Miramichi Pioneer Production.

The Music of Cape Breton : 1978; 2-Topic 12T353-12T354.

Nova Scotia Folk Music from Cape Breton : 1955; Elektra EKL-23.

Orain Cheap Breatain : chansons du Cap-Breton; Celtic CX-38.

Salute to Cape Breton Island : airs de violoneux et turlutage; Celtic CX-18.

Songs and Dances of New Brunswick : P. Lauzon, River String Band; 1984; Iargalon IR-15.

Songs from Cape Breton Island : enregistré par Sidney Cowell; 1955; Folk FE-4450.

Songs of the Maritimes : A. Mills; 1959; Folk FW-8744.

Traditional Folk Songs of Nova Scotia : D. Oxner; 1973; Rodeo RBS-1142.

Voir aussi Clary Croft et Men of the Deeps.

Bibliographie
En plus des articles d'Helen Creighton mentionnés ci-dessous, voir aussi ÉCRITS de Creighton et de Louise Manny.

W. Roy MACKENZIE, « Ballad-singing in Nova Scotia », JAF, XXII (juill.-sept. 1909).

-, « Three ballads from Nova Scotia », JAF, XXIII (juill.-sept. 1910).

-, « Ballads from Nova Scotia (continued) », JAF, XXV (avril-juin 1912).

Maxwell M. MACODRUM, Nova Scotia Ballads (Halifax 1922).

Stuart MCCAWLEY, Cape Breton Come-All-Ye (Glace Bay, N.-É. 1935, 1966).

Helen CREIGHTON, « Ballads from Devil's Island », Dalhousie R, XII (1933).

Alphonse MacDONALD, Cape Breton Songster (Sydney, N.-É. 1935).

Phillips BARRY, « Songs and traditions of the Miramichi », Bulletin of the Folksong Society of the Northeast, 3 articles, X (1935), XI (1936), XII (1937).

Helen CREIGHTON, « Nova Scotia folk songs », Nova Scotia J of Education, VIII, 2 (1937).

William DOERFLINGER, « Cruising for ballads in Nova Scotia », Canadian Geographical J, XVI (févr. 1938).

Lois Sophia FAHS, Swing Your Partner : Old Time Dances of New Brunswick and Nova Scotia (Truro, N.-É. 1949).

Doreen SENIOR et Helen CREIGHTON, « Songs collected in the province of Nova Scotia, Canada », J of the English Folk Dance and Song Society, VI (1951).

Helen CREIGHTON, « Folk singers of Nova Scotia », Canadian Forum, XXXII (juill. 1952).

-, « The Songs of Nathan Hatt », Dalhousie R, XXXII (hiv. 1953).

-, « Folk songs in Nova Scotia », Canon, X (nov. 1956).

-, « Songs from Nova Scotia », J of the IFMC, XII (janv. 1960).

Edward D. IVES, « Satirical songs in Maine and the Maritime provinces of Canada », ibid., XIV (janv. 1962).

Helen CREIGHTON, « Nathan Hatt of Nova Scotia », Sing Out, XIII, 1 (1963).

Barbara CASS-BEGGS et Edith FOWKE compilatrices, « A reference list on Canadian folk music », CFMJ, I (1973); rév. et augm., VI (1978); rév. et augm., XI (1983).

Frances HENRY, « Black music in the Maritimes », CFMJ, III (1975).

Songs and Stories from Deep Cove, Cape Breton, d'après les souvenirs d'Amby Thomas, Ron MacEACHERN dir. (Sydney, N.-É. 1979).

Chris LOBBAN, « Collecting songs in Saint John NB », Canada Folk Bulletin, III (janv.-févr. 1980).

Rika RUEBSAAT, « Rambles through the Maritimes », ibid.

Edith FOWKE dir., Sea Songs and Ballads From Nineteenth-Century Nova Scotia (New York 1981).

C. MCCORMICK, « Maritime folk song as popular culture : an applied study in discourse and social relations », RMUC, 5 (1984).

Allistair MACGILLIVRAY, The Nova Scotia Song Collection (Sidney, N.-É. 1989).

Île-du-Prince-Édouard

La tradition de la chanson folklorique canadienne-anglaise de l'Île-du-Prince-Édouard diffère très peu de celle des autres provinces maritimes. La plupart des cueillettes effectuées en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick (ou, compte tenu du sujet, à Terre-Neuve) pourraient représenter l'île. En fait, ces recueils constituaient presque la seule ressource pour les chanteurs de cette île où très peu de collecteurs se sont rendus pour effectuer des recherches sur place. Helen Creighton a publié quelques chansons de cette province dans Maritime Folk Songs (Toronto 1962, 1972). Randall et Dorothy Dibblee publièrent en 1973 un recueil qui ne fait aucune concurrence aux livres des experts, mais rend service à l'amateur de chansons. L'article d'Edward Ives, bien que savant, se limite à 21 chansons provenant d'une minuscule partie de l'île (West Prince County). Le volume de Christopher Gledhill se classe aussi dans la catégorie des ouvrages utilitaires, plutôt que savants. Ces exemples peu nombreux réservent cependant quelques surprises, dont deux en particulier méritent d'être mentionnées.

Premièrement, on s'attendrait à ce que les traditions d'une si petite région, insulaire par surcroît, soient homogènes. En fait, les traditions de Prince County semblent, en définitive, avoir plus en commun avec celles de Miramichi et des communautés de la côte est avoisinante du Nouveau-Brunswick qu'avec celles de King's County, lesquelles, par contre, sont plus proches de celles de la Nouvelle-Écosse. C'est comme si Charlottetown, la rivière et la baie de Hillsborough avaient divisé l'île en deux. La différence apparaît lorsque les mêmes chansons sont chantées sur des airs différents dans les deux régions et que l'on s'aperçoit que les chansons de King's County à l'Est sont tout à fait inconnues dans le West Prince County.

Deuxièmement, la tradition locale demeurait forte sur l'Île-du-Prince-Édouard, longtemps après qu'elle eût faibli dans le Maine, aux É.-U., et dans le reste des Maritimes. Deux manifestations corroborent cette assertion. Durant l'âge prospère des chantiers, les milliers de jeunes gens de l'île qui allèrent travailler dans les bois du Maine furent habituellement reconnus comme les meilleurs, les plus vaillants et les plus connaisseurs parmi les chanteurs. En outre, autour des années 1900, il y avait encore sur l'Île-du-Prince-Édouard des créateurs de chansons qui composaient selon les anciens modèles - des hommes tels Lawrence Doyle, Hugh Lauchlan MacDonald et Larry Gorman, « l'homme qui fit les chansons ». Des titres représentatifs de la tradition « come-all-ye » sont « The Flying Cloud », « John Ladner », « Mantle So Green » et « Susan, the Pride of Kildare ».

Bien que la tradition de la chanson folklorique de langue anglaise sur l'Île-du-Prince-Édouard n'ait jamais été recueillie un tant soit peu sérieusement, ce qui nous est parvenu démontre une tradition forte et vivace, où les sous-traditions des deux extrémités de l'île ont moins en commun l'une avec l'autre qu'avec les traditions de la terre ferme avoisinante. En 1991, Islander Records (Charlottetown) a produit 15 enregistrements de musique traditionnelle et folk.

Voir aussi Chansons de métiers, Don Messer and His Islanders.

Discographie
Breakwater : Lennie Gallant; 1988; Revenant LGC-101 (cass).

Ceílídh at the Irish Hall : divers artistes; 1990; CRO-2.

Forerunner : Teresa Doyle; 1991; Bedlam TD-1991.

Good Old Maritimes : Jacinta MacDonald; Islander SVC-03590.

Island Folk Festival : divers artistes; 1985; Fox house FH-001.

Prince Edward Island, Adieu : Teresa Doyle; 1987; Bedlam TD-1987.

Prince Edward Island Fiddlers I et II : Islander Records SVC-002 et SVC-001387.

« When Johnny Went Ploughin' for Kearon » and Other Traditional P.E.I. Folksongs : T. Banks, J. Cousins; 1976; PEI Heritage Foundation.

Bibliographie
Edward D. IVES, « Twenty-one folksongs from Prince Edward Island », Northeast Folklore, V (1963).

-, Larry Gorman : The Man Who Made the Songs (Bloomington, Ind. 1964).

-, Lawrence Doyle : Farmer Poet of Prince Edward Island (Orono, Me 1971).

Randall et Dorothy DIBBLEE, Folksongs from Prince Edward Island (Summerside, Î.-P.-É. 1973).

Christopher GLEDHILL, Folk Songs of Prince Edward Island (Charlottetown 1973).

Rollie MacKINNON et Gordon BELSHER, The Prince Edward Island Music Series, vol. 1 (Garden Music 1991).

Ontario et provinces des Prairies

Parmi les chansons folkloriques en langue anglaise que l'on trouve en Ontario, un grand nombre a été apporté par les premiers colons de Grande-Bretagne, notamment d'anciennes « ballads » populaires anglaises, écossaises et irlandaises, plusieurs « ballads » dites « broadsides » (chansons imprimées sur un côté d'une seule feuille et vendues pour un penny) et une diversité de chansons d'amour, complaintes, « ditties » comiques, chansons à boire, berceuses et chansons de jeux d'enfants.

La plupart des chansons indigènes de l'Ontario proviennent des camps de bûcherons. Les hommes qui travaillaient la terre pendant l'été et s'en allaient couper le bois l'hiver revenaient à la maison chaque printemps avec un nouveau lot de chansons, apprises auprès d'hommes d'autres régions ou composées dans les bois. Ainsi, les camps favorisaient l'invention de nouvelles chansons, de même qu'ils assuraient la survie et la diffusion des plus anciennes. Une autre importante catégorie de chansons de l'Ontario évoque les bateaux et les marins des Grands Lacs, dont quelques-unes étaient aussi chantées par les hommes des chantiers (voir Chansons de métiers : bûcherons).

Des événements historiques et locaux inspirèrent d'autres chansons de l'Ontario. Deux « ballads » sur le général Wolfe circulèrent. « Come All You Bold Canadians » célèbre la victoire du général Brock sur le général Hull à la Bataille de Detroit. Une « Fenian Song » et une « Anti-Fenian Song » évoquent toutes deux les raids de 1866. D'autres « ballads » décrivent l'incendie de « The Sir Robert Peel » et « The Battle of the Windmill » en 1938. « The Poor Little Girls of Ontario » pleure les jeunes gens qui partirent pour l'Ouest vers 1900. D'autres chansons encore décrivent des prisons : « The Banks of the Don », « Johnston's Hotel »,The Soo Ste. Mary's Jail, et des assassinats : Birchall tuant Benwell, Michael Lee tuant Maggie Howie.

En Ontario, la collecte des chansons commença plus tard que dans l'Est du Canada. F.W. Wauth et F. Eileen Bleakney faisaient état d'un nombre restreint de chansons dans un numéro consacré au Canada du Journal of American Folklore de 1918, et Maud Karpeles fit paraître cinq « ballads » britanniques obtenues d'une femme de Peterborough dans Journal of the Folk Song Society en 1930. Ballads and Songs of the Shanty-Boy de Franz Rickaby (Cambridge, Mass. 1926) et Shantymen and Shantyboys de W.M. Doerflinger (New York 1951) renfermaient quelques chansons de chantiers de l'Ontario. La collecte systématique ne commença qu'en 1957, quand Edith Fowke entreprit d'enregistrer des chanteurs de la région de Peterborough, où des descendants des colons amenés par Peter Robinson en 1825 avaient conservé plusieurs anciennes chansons irlandaises et aussi plusieurs « ballads » de bûcherons. Pendant les quelques années qui suivirent, Fowke localisa d'autres chanteurs dans la vallée de l'Outaouais, la région de Haliburton, le comté de Glengarry, et fit des recherches dans toute la province. Elle découvrit que les gens d'ascendance irlandaise avaient conservé plus de chansons traditionnelles que ceux d'origine anglaise ou écossaise, bien que des chanteurs du comté de Glengarry eussent souvenance de quelques anciennes chansons écossaises. Les 300 chansons de jeux et comptines de son livre Sally Go Round the Sun furent recueillies pour la plupart auprès d'enfants de l'Ontario.

Dans une recension de Folk Songs of Ontario (1958, Folk. 4005) parue dans Midwest Folklore en 1959, Kenneth Goldstein écrivait : « Les informateurs de Mme Fowke comptent parmi les meilleurs chanteurs traditionnels de ce continent. En plus de l'excellente qualité de leur voix et de leur intonation, ces chanteurs connaissent quelques-uns des plus beaux airs et textes qu'on puisse trouver dans le monde anglophone ». Le meilleur de ces informateurs, O.J. Abbott de Hull, Québec, âgé de 85 ans, avait en tête plus de 100 chansons. Dans la recension de son micr. Irish and British Songs from the Ottawa Valley (1961, Folk. 4051) parue dans le Journal of American Folklore en 1962, D.K. Wilgus écrivit : « Abbott est un grand chanteur, en quantité et en qualité. Il chante à la manière ancienne, dans un splendide style irlandais, en clamant souvent les finales. »

Les chanteurs traditionnels chantaient sans accompagnement, mais la musique du violoneux était couramment utilisée pour la gigue et la danse carrée. George Proctor en a fait une description dans « Old-time fiddling in Ontario » (Contributions to Anthropology, vol. II, Musée national 1963). Le Canadian Open Old Time Fiddlers' Contest attire chaque été à Shelburne plus de 100 participants.

En 1980, peu de chansons canadiennes-anglaises avaient été recueillies dans les trois provinces des Prairies. La plupart des chansons de cette région proviennent de l'Est du Canada ou des États-Unis. Certaines « ballads » de cow-boys viennent du Texas, et quelques « ditties » de fermiers furent empruntées à des cultivateurs américains (voir Chansons de métiers). Par contre, The Red River Valley, à laquelle on attribua longtemps une origine américaine, vient probablement de l'Ouest canadien. Songs of Old Manitoba de Margaret MacLeod (Toronto 1960) contient d'intéressantes chansons de Métis, mais les rares chansons en anglais sont de valeur douteuse. Barbara Cass-Beggs publia une brochure, Eight Songs of Saskatchewan (Canadian Music Sales 1963), et édita un disque, Folksongs of Saskatchewan (1963, Folk. 4312). Un étudiant américain en folklore, Michael Weiss, a fait paraître quelques « Songs from Western Canada » (chansons de l'Ouest du Canada) dans le Canadian Folk Music Journal en 1973, et Robert C. Cosbey a recueilli en Saskatchewan des chansons accompagnant le saut à la corde des enfants.

Voir aussi « Ballads », « The Black Fly Song », Tom Brandon, Chansons de sinistres, Chansons d'unions ouvrières, LaRena Clark, Cours d'eau, Guerres, rébellions et soulèvements, Wade Hemsworth, Tom Kines, Lacs, Métis, « Saskatchewan », Violoneux.

Discographie
Far Canadian Fields : Companion to the Penguin Book of Canadian Folk Songs : 1975; Leader LEE-4057.

Folksongs of Saskatchewan : 1963; Folk FE-4312.

Jigs and Reels : Square Dances without Calls : Folk FW-8826.

LaRena Clark : Canadian Garland : 1965; Topic 12T140.

Old Time Couple Dances : Folk FW-8827.

Ontario Ballads and Folksongs : 1962; Prestige-International INT-25014.

Ontario : 200 Musical Years : Tamarack; 1984; SGB Productions SGB5-1984 (cass).

Songs of an Ontario Family : LaRena Clark; Clark QC-903.

Songs of the Canadian North Woods : W. Hemsworth; 1955; Folk FW-6871.

Square Dances with Calls : Folk FW-8825.

Scatter the Ashes : Music of Old Ontario : Muddy York; 1984; Boot BOS-7244.

Tom Brandon of Peterborough, Ontario : 1963; Folk-Legacy FSC-10 et CFMS 5-8502 (cass).

Who Liveth So Merry : Paddy Tutty; 1986; Prairie Druid PA-02.

Voir aussi DISCOGRAPHIE de Chansons de métiers canadiennes-anglaises.

Bibliographie
Voir aussi ÉCRITS d'Edith Fowke, BIBLIOGRAPHIE de Chansons de métiers.

Edith FOWKE, « American cowboy and western pioneer songs in Canada », Western Folklore, XXI (oct. 1962).

-, « Folk songs in Ontario », Canadian Literature, XVI (print. 1963).

-, « British ballads in Ontario », Midwest Folklore, XIII (aut. 1963).

Barbara CASS-BEGGS, « Folk song collecting in Saskatchewan », Sing and String, III (hiv. 1964).

Edith FOWKE, Traditional Singers and Songs from Ontario (Hatboro, Penn. 1965).

-, « A Sampling of bawdy ballads from Ontario », Folklore and Society, Bruce Jackson dir. (Hatboro, Penn. 1966).

Violet ARCHER, « Alberta et son folklore », Bulletin de la SCMF, II (juill. 1967).

Barbara CASS-BEGGS, « Saskatchewan et son folklore », ibid.

Edith FOWKE, « L'Ontario et son folklore », ibid.

-, « Folk songs of the county », Peterborough : Land of Shining Waters : An Anthology (Toronto 1967).

T.G. HEATH, « Protest songs of Saskatchewan », Saskatchewan History, XXV (no 3, 1972).

Michael WEISS, « Songs form western Canada », CFMJ, I (1973).

Laurel DOUCETTE, « An introduction to the Puckett collection of Ontario folklore », CFMJ, III (1975).

Edith FOWKE, « Songs of a Manitoba family », CFMJ, III (1975).

William A.S. SARJEANT, « Folk music in the Canadian prairies », Folk R, V (mai 1976).

T.B. ROGERS, « Is there an Alberta folk music? », CFMJ, VI (1978).

Canada Folk Bulletin, numéro consacré à la musique folklorique en Alberta, I (mai-juin 1978).

C.J. HENDRIKSON, « English language folk music in Alberta », CFMJ, X (1982).

David SPALDING, « <What we sang down on the farm> : a forgotten manuscript on western Canadian singing traditions », CFMJ, XIII (1985).

Jay RAHN, « Guidelines for harmonizing English-language folk songs », CFMJ, XIV (1986), XV (1987).

-, « An introduction to English language folk song style : metre, phrasing, rhythm and form in LaRena Clark's traditional songs », CFMJ, XVII (1989).

Colombie-Britannique

La colonisation en Colombie-Britannique ne favorisa pas la transplantation des courants folkloriques régionaux venant des Îles britanniques, comme ce fut le cas dans certaines parties de l'Est et du Centre du Canada. Les traditions et les attitudes enracinées dans les chansons et les danses folkloriques de l'Angleterre, de l'Irlande et de l'Écosse ont cependant joué un rôle en Colombie-Britannique, de la période coloniale (1849-71) jusqu'à nos jours.

La tradition se retrouve plus facilement dans la musique de danse des régions où les violoneux et autres musiciens assurèrent la survie des airs et rythmes des gigues, « reels » écossais et autres danses campagnardes en les intégrant à la musique de danse carrée d'autrefois dans l'Ouest. En plus de la musique de violoneux, les musiciens folkloriques des communautés rurales firent de la musique de danse avec l'harmonica, la guimbarde, le banjo, la mandoline, le concertina, l'accordéon-piano et le piano. Le style dominant du violoneux de Colombie-Britannique s'apparente à celui de l'Ontario et des Maritimes. On peut encore l'entendre aux concours de violoneux tenus annuellement dans près de six centres de la province, ainsi qu'aux championnats de la Colombie-Britannique, tous les mois d'août à Prince George. Les danses de l'ancien temps, incluant les danses carrées de l'Ouest, se pratiquaient couramment dans les régions rurales jusqu'aux années 1940, mais pour un ensemble de raisons, elles déclinèrent après la Deuxième Guerre mondiale et sont aujourd'hui presque toutes disparues. La tradition se poursuit d'une certaine manière en ville, dans les clubs de danses carrées mais, vers 1960, ces groupes commencèrent à utiliser la musique enregistrée commerciale en provenance des É.-U.

En Colombie-Britannique, les chansons folkloriques en langue anglaise se divisent en deux catégories : les chansons traditionnelles et « ballads » apportées par les immigrants venus surtout des autres parties du Canada et des États-Unis, ainsi que les chansons d'origine locale.

La première catégorie comprend les « ballads » de Child (« Lady Isabel and the Elf Knight »), les « ballads » maritimes (« The Lady Leroy »), les chansons des bûcherons de l'Est (« The Jam on Gary's Rocks »), les chansons de cow-boys (« The Dying Cowboy »), les chansons de mer et de bord (« The Sailor's Alphabet »), les chansons humoristiques (« Braking on the Trains ») et les chansons enfantines (« Will You Come Along, John? »). Bien que ces chansons fassent partie du patrimoine britannique nord-amér., du point de vue géographique et culturel, leurs versions distinctives appartiennent à la Colombie-Britannique. On peut inclure dans cette catégorie quelques chansons traditionnelles adaptées à des milieux de l'Ouest. Par exemple, « The Wexford Girl » devint « The Luthbridge Girl » et « The Lake of the Pontchartrain » devint « The Banks of the Similkameen ». On a recueilli quelque 50 chansons traditionnelles chantées en Colombie-Britannique avant 1920. Certains chanteurs apprirent ces chansons de bouche à oreille dans la province, d'autres les avaient apportées avec eux. Il semble qu'après 1920, un très petit nombre de chansons de ce genre aient été transmises à la génération suivante.

La deuxième catégorie de chansons, d'origine locale, est plus représentative de la Colombie-Britannique. La plupart décrivent la vie dans les industries du bois, des mines, de la pêche, de la construction et du transport. Elles ont souvent un contexte local, émanant de situations ou d'incidents particuliers, mais certaines reflètent les conditions générales de la vie et du travail. Un thème répandu est celui du mineur, du pêcheur, ou du laboureur qui, en dépit de ses lourdes charges, accepte sa destinée. Les petites difficultés sont souvent évoquées avec un humour grinçant dans les chansons sur les lieux : hivers rigoureux à l'Est des Kootenays, pluies incessantes d'Ocean Falls ou de Holberg sur la Côte ouest. L'âpre lutte des mineurs pour obtenir leur propre union donna lieu à plusieurs chansons, dont l'une fut enregistrée 50 ans après les événements qui en furent à l'origine. Les airs et les formes des chansons sont parfois des parodies, comme « Bring Back My Gillnets to Me ». Elles empruntent généralement des airs connus, comme « Villikens and His Dinah » (mieux connu sur le continent sous le titre de « Sweet Betsy from Pike ») et « The Strawberry Roan ». D'autres airs tels que « Climbing up the Golden Stairs » (« Teaming up the Cariboo Road ») et « Are You from Dixie? » (« Are You from Bevan? ») sont venus de la Tin Pan Alley new-yorkaise. Il existe en tout quelque 200 chansons de cette sorte. Certaines ne survivent que sous forme manuscrite, mais plusieurs étaient encore chantées en 1990.

Avec le renouveau d'intérêt pour les racines de la société et la redéfinition des identités raciales et culturelles, un nombre croissant de ces chansons sont incluses dans les programmes scolaires. La musique traditionnelle est également la base stylistique de nombreux artistes faisant de la musique pop contemporaine sur la Côte ouest, entre autres Spirit of the West, Stephen Fearing, Ferron, Pied Pumpkin, Roy Forbes et Valdy. Quelque 500 chansons enregistrées en Colombie-Britannique formant la collection Philip Thomas ont été déposées aux archives de la province.

Voir aussi « Ballads », Chansons de métiers, Klondike, Violoneux.

Discographie
Bunkhouse and Forecastle Songs of the Northwest : S. Triggs; 1961; Folk FG-3569.

The Canadian West Coast Sound : Schiehallion; 1982; Schiehallion Records 6RC-02C (cass).

The Vancouver Collection of Scottish Music : Schiehallion; 1978; Schiehallion Records SRC01 (cass).

Where the Fraser River Flows - and Other Songs of the Pacific Northwest : P. Thomas; Skookumchuk Records SR-001.

Bibliographie
Philip J. THOMAS, « B.C. songs », B.C. Library Q, XXVI (juill. 1962).

-, « The Caribou wagon road 1858-1968 : the opening of a frontier, documents in song », opuscule avec chansons sur bandes faisant partie d'un document pédagogique sur la ruée vers l'or du Caribou (juill. 1964).

Margaret Sargent MCTAGGART, « Enquête préliminaire sur la musique folklorique en Colombie-Britannique, 1965 », Bulletin de la SCMF, II (juill. 1967).

Philip J. THOMAS, « British Canadian folk music in B.C. », British Columbia Music Educator, XVIII (print. 1975).

-, « Where the rivers flow », CFMJ, III (1975).

-, Songs of the Pacific Northwest (North Vancouver 1979).

Canada Folk Bulletin, numéro consacré à la musique folklorique en Colombie-Britannique, II (nov.-déc. 1979).