L’océan Arctique est une masse d’eau dont le centre correspond approximativement au pôle Nord. C’est le plus petit des cinq océans de la Terre. Ses limites sont définies par l’Organisation hydrographique internationale, bien que certaines autres autorités les dessinent différemment. Selon la définition utilisée, les eaux de l’archipel Arctique canadien sont incluses dans l’océan, tout comme les grandes masses d’eau canadiennes telles que la baie de Baffin, la baie d’Hudson et la mer de Beaufort.
Glace de mer et changement climatique
Comparé aux autres océans, l’Arctique est moins salé, principalement en raison de son faible taux d’évaporation. Cela étant dit, la caractéristique qui le distingue véritablement des autres est sa glace de mer, qui rend notamment l’océan plus calme en diminuant l’activité des vagues. La couche de glace de mer pérenne, c’est-à-dire la zone qui reste gelée toute l’année, couvre environ un quart de la surface de l’océan. À la fin de l’hiver et au début du printemps, l’océan est entièrement recouvert de glace, y compris les zones qui communiquent avec la baie d’Hudson et la baie James. La couverture de glace diminue toutefois en raison du changement climatique. En effet, l’étendue minimale de la glace de mer sur l’océan Arctique a diminué de 12 % par décennie depuis 1979, selon le Centre national de données sur la neige et la glace des États-Unis. L’« étendue minimale » fait référence à la quantité de glace de mer sur l’océan après le réchauffement des températures au printemps et en été, généralement au mois de septembre.
Cette diminution de la glace de mer signifie que moins de lumière solaire est réfléchie par la couverture de glace brillante, et qu’une plus grande partie est absorbée par les profondeurs de l’océan. Cela entraîne ainsi un réchauffement accéléré des eaux de l’océan Arctique. De plus, sans couverture de glace, les vents sont en contact direct avec l’eau, créant ainsi des vagues qui augmentent l’érosion le long des vastes côtes continentales et des dizaines de milliers d’îles du Canada arctique. En outre, les vents sont tels qu’ils transportent la glace de mer pérenne de tout l’océan Arctique jusqu’à la frontière nord de l’Arctique canadien. De fait, les eaux canadiennes ont perdu moins de glace de mer pérenne que le reste de l’océan. Il se pourrait même qu’à l’avenir, cette région devienne la dernière à connaître de la glace de mer estivale.
Faune et flore
Malgré la rigueur du climat, la flore et la faune de l’océan Arctique sont diversifiées. À la base de la chaîne alimentaire, on trouve principalement le phytoplancton aquatique vivant de la lumière du soleil, ainsi que les algues marines qui vivent sur la glace. Plus de 220 espèces de poissons vivent dans les eaux arctiques canadiennes, dont une vingtaine sont anadromes, c’est-à-dire qu’elles vivent en eau salée, mais se rendent en eau douce pour se reproduire. Des mammifères arctiques emblématiques, tels que le béluga, le narval et le morse, sont également présents dans l’océan Arctique. De nombreux oiseaux de mer participent également à l’écosystème, notamment l’oie, le canard et le huard.
Des morses de l'Atlantique partiellement submergés dans les eaux arctiques.
L’Arctique change à un rythme effréné. Il se réchauffe deux à trois fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui entraîne de nombreux changements dans les interactions entre les espèces et leur environnement. Ces changements sont nombreux. Par exemple, comme il y a moins de glace de mer, les algues qui s’accrochent à la glace se comportent différemment. Elles ont tendance à fleurir plus tôt dans la saison, dans des endroits différents qu’auparavant, et la répartition des espèces d’algues se modifie. Cela peut avoir des répercussions sur l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Histoire
L’exploration humaine de l’océan Arctique canadien a commencé il y a environ 5 000 ans avec les Sivullirmiut. On croit que ce peuple, parfois appelé Tunnit ou Pré-Dorset, a voyagé depuis la Sibérie à la recherche de nouvelles terres habitables. Quatre mille ans plus tard, les Thuléens, ancêtres des Inuits actuels, ont été les principaux explorateurs de l’Arctique canadien.
D’innombrables expéditions arctiques ont eu lieu à partir du 15e siècle, alors que les Européens cherchaient à cartographier l’océan Arctique. L’un des principaux objectifs était de trouver un moyen de naviguer dans les eaux arctiques canadiennes, de l’Europe à l’Asie, en reliant les deux continents par une route relativement courte. Cette route hypothétique, appelée le passage du Nord-Ouest, a finalement été empruntée avec succès en 1906 par l’explorateur norvégien Roald Amundsen. Elle continue d’être une voie de navigation importante aujourd’hui.
Industrie et économie
La pêche de subsistance est un élément clé des cultures arctiques depuis des millénaires. Les Inuits et leurs prédécesseurs dépendaient des mammifères marins, des poissons et des invertébrés pour se nourrir. C’est encore le cas aujourd’hui pour de nombreuses communautés côtières de l’Arctique, bien que la pêche commerciale à grande échelle soit également pratiquée. Parmi les principales espèces commerciales, on trouve la crevette nordique et la crevette rayée, le flétan noir et l’omble chevalier. D’autres ressources pourraient bientôt être exploitées également. Par exemple, le gouvernement du Canada a beaucoup investi dans l’exploration et la cartographie des réserves de pétrole et de gaz de la région. Un moratoire sur leur extraction est en place, mais il est révisé tous les cinq ans.
D’un autre côté, en raison du lent recul de la couverture de glace, les ressources naturelles de l’océan Arctique deviennent progressivement de plus en plus accessibles. Cela entraînera une augmentation de la navigation, du tourisme et du développement économique dans les régions arctiques du Canada, des activités qui affectent l’océan Arctique. Par exemple, les brise-glaces modifient l’environnement immédiat lorsqu’ils naviguent sur la glace de mer. L’augmentation de la navigation signifie également une augmentation des risques de naufrages et de déversements de pétrole, notamment parce que la glace de mer peut gravement endommager les navires.
Le saviez-vous?
À mesure que le changement climatique réduit la glace de mer sur l’océan Arctique et que le trafic maritime augmente, l’Arctique est confronté à des problèmes de pollution atmosphérique propres à la région. Cela est dû à un phénomène appelé inversion de température, qui piège l’air dans la basse atmosphère. Normalement, l’air pollué circule dans l’atmosphère, ce qui réduit son impact potentiel. Dans une inversion de température, toutefois, l’air reste piégé, créant ce que l’on appelle un brouillard glacé, soit de l’air chargé de particules qui stagne dans la basse atmosphère. Les inversions de température sont particulièrement fréquentes et prononcées aux hautes latitudes. Il reste à voir dans quelle mesure ce phénomène interagit avec l’augmentation de la pollution atmosphérique.
Politique
Huit pays entourent l’océan Arctique : la Russie, le Canada, les États-Unis, le Danemark (Groenland), la Norvège, la Suède, la Finlande et l’Islande. La quasi-totalité des terres arctiques est répartie entre ces pays de façon définitive. Cependant, la souveraineté et les droits économiques sur les zones maritimes sont un sujet beaucoup plus contesté. En 2008, un accord a été signé entre le Danemark, la Norvège, le Canada, la Russie et les États-Unis pour tenter de diviser l’océan de manière équitable. Il suit les termes de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Établie en 1982, la Convention fournit des lignes directrices internationales concernant la manière dont les océans sont utilisés et par qui.
Essentiellement, les pays qui bordent un océan — y compris l’océan Arctique — se voient accorder des droits économiques exclusifs sur une zone s’étendant sur 200 milles nautiques (environ 370 km) au-delà de ses côtes. Cela signifie qu’ils ont la permission d’explorer et d’exploiter les ressources non vivantes dans cette zone. En outre, un pays peut se voir accorder un accès économique exclusif au-delà de ces 200 milles nautiques s’il peut prouver que ces eaux supplémentaires se trouvent au-dessus de son plateau continental étendu. C’est pourquoi tous les pays concernés disposent de scientifiques qui étudient les plateaux continentaux dans l’espoir de pouvoir revendiquer une plus grande partie de l’océan Arctique, riche en ressources. Pour sa part, le Canada a soumis un rapport à cet effet à la Commission des limites du plateau continental des Nations unies en 2019.