Ophtalmologie
L'ophtalmologie est la branche de la médecine qui s'occupe des yeux et de leur relation avec le corps. L'ophtalmologiste, aussi appelé oculiste, médecin des yeux ou chirurgien des yeux, est un médecin qui, après une formation à l'école de médecine et un internat, étudie les affections de l'oeil de trois à six années avant de passer les examens du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada ou du Collège des médecins et chirurgiens du Québec. Après sa qualification, l'ophtalmologiste devient un membre de l'équipe médicale. En plus de traiter les maladies oculaires, il aide à diagnostiquer des problèmes de santé plus généraux, notamment les problèmes circulatoires (p. ex. hypertension, athérosclérose), neurologiques (p. ex. sclérose en plaques, accident cérébrovasculaire) et endocriniens (p. ex. diabète, troubles thyroïdiens). Ces états pathologiques s'accompagnent parfois de troubles visuels (vision embrouillée) ou d'autres symptômes. Souvent, l'ophtalmologiste amorce souvent le traitement qui non seulement peut sauver la vue du patient, mais aussi sa vie.
Étude de l'oeil
Cette spécialité médicale a évolué lentement pendant les années 1800. Henry Howard, de la Montreal Eye and Ear Institution, est probablement un des premiers médecins au Canada à se consacrer exclusivement aux maladies de l'oeil. Son livre, The Anatomy, Physiology and Pathology of the Eye, écrit en 1850 et basé sur ses quatre années de pratique à Montréal, est publié avant l'invention de l'ophtalmoscope en 1851. Ce petit télescope portatif permet aux médecins de regarder à l'intérieur de l'oeil par la pupille et d'examiner la rétine et le nerf optique, tous deux des extensions du cerveau. En 1864, des médecins de Toronto réussissent à photographier la rétine d'un chat en reliant un ophtalmoscope à un appareil photo. Une étape importante vient d'être franchie et, dans le monde entier, cette technique est reconnue comme essentielle pour diagnostiquer et traiter les maladies de l'oeil.
En 1922, le Dr Walter Wright est le premier à utiliser le fascia lata (tissu de la jambe) pour réparer un ptosis (chute de la paupière supérieure), technique qui est encore utilisée de nos jours. La Société canadienne d'ophtalmologie est fondée en octobre 1937, mais ce n'est qu'au début des années 40 que le Dr Wright met sur pied à l'U. de Toronto le premier programme d'enseignement de l'ophtalmologie au Canada. Peu après, le Dr Harold Ridley, un Britannique, remplace un cristallin opacifié (cataracte) par un cristallin artificiel en plastique transparent (lentille intraoculaire). Les ophtalmologistes canadiens sont parmi les premiers à utiliser ce type de lentilles.
Au cours d'un examen de l'oeil, l'ophtalmologiste retrace les antécédents du patient afin de s'assurer que les symptômes sont bien liés à un problème local des yeux et non pas à la manifestation de maladies situées ailleurs dans l'organisme, notamment un accident cardiovasculaire, une tumeur au cerveau, du diabète, de l'hypertension, une affection rhumatoïde ou un cancer.
Progrès technologiques
L'ophtalmologiste peut reconstruire plusieurs partie de l'oeil malade. Une cornée malade peut être remplacée par une cornée saine d'un donneur lors d'une transplantation de cornée. En 1955, un projet conjoint entre l'Institut national canadien pour les aveugles et la Société canadienne d'ophtalmologie permet d'établir la banque d'yeux du Canada. Des cicatrices superficielles sur la cornée peuvent être éliminées au moyen d'un laser à excimères. Il est possible de remplacer un cristallin opaque par un cristallin artificiel en plastique transparent par extraction de la cataracte et implantation du cristallin. Le glaucome se traite maintenant au moyen de nouveaux médicaments, d'une chirurgie au laser ou d'une chirurgie du glaucome. Quant aux affections de la rétine, elles se traitent au moyen de différents lasers et par chirurgie de la sclérotique (« buckle ») et à l'aide d'un vitréotome.
Des membranes fines peuvent être détachées de la rétine et de nouvelles techniques permettent d'opérer même sous celle-ci, qui est pourtant plus mince qu'une pellicule cellulosique. Des endoscopes de la taille d'un fil et avec le diamètre d'une petite aiguille comportent des fibres vidéos et lasers qui permettent de voir et de traiter des régions difficiles d'accès à l'intérieur de l'oeil, dans l'orbite et le long des conduits lacrymaux. Les rides autour des yeux sont maintenant atténuées, voire même effacées, grâce à une technique laser spéciale, tandis que la chirurgie esthétique de l'oeil élimine les poches sous les yeux et les chutes de paupières.
Des ophtalmologistes généralistes exercent dans tout le pays et la plupart des grands centres comptent aussi des ophtalmologistes spécialistes, experts des affections de la rétine ou du corps vitré, des maladies de la cornée ou de la partie externe de l'oeil, du glaucome, de la neuro-ophtalmologie, de la chirurgie esthétique de l'oeil, de l'ophtalmologie pédiatrique, du strabisme et de la chirurgie réfractive. On trouve des centres d'enseignement en ophtalmologie dans les écoles de médecine à Halifax, à Québec, à Sherbrooke, à Montréal, à Ottawa, à Kingston, à Toronto, à London, à Winnipeg, à Saskatoon, à Edmonton et à Vancouver.
Les ophtalmologistes canadiens sont des chefs de file en innovations ophtalmologiques; ils allient progrès technologiques et imagination pour élaborer de nouvelles techniques. Les microscopes utilisés en chirurgie oculaire permettent maintenant le grossissement fonctionnel : les tissus peuvent être réparés avec des points de suture plus petits qu'un cheveu humain et de nouvelles techniques permettent qu'une plaie minuscule guérisse d'elle-même, sans nécessiter de points de suture. Certaines lentilles intraoculaires se replient de telle sorte qu'on peut les insérer dans une plaie minuscule, plus petite que 2,4 mm. Il est même possible de couper des membranes plus délicates qu'un mouchoir de papier ou les gratter pour enlever le tissu cicatriciel. Il est possible d'opérer sous la rétine, même si celle-ci recouvre le fond du globe oculaire.
Au premier rang
Des données cliniques et des progrès techniques relatifs aux lentilles cornéennes proviennent du Canada et sont diffusés dans le monde entier. Le Canada est un pionnier des techniques chirurgicales pour modifier la forme de l'oeil afin de diminuer ou d'éliminer le port de verres. Il joue un rôle de premier plan dans la chirurgie réfractive au laser et la mise au point de techniques et d'équipement d'avant-garde. C'est ce qui a attiré au Canada de nombreux ophtalmologistes du monde entier. Les Canadiens sont aussi des chefs de file dans le développement de techniques sans risques pour la chirurgie des cataractes et l'implant de cristallin. De plus, les Canadiens sont en train de mettre au point de nouvelles techniques de dépistage du glaucome par visualisation de la papille optique au moyen de la tomographie par ordinateur et ces techniques seront utilisées partout dans le monde.
La biomicroscopie par ultrasons, mise au point à l'U. de Toronto, a permis d'élargir les connaissances sur la physiologie de l'accommodation et sur la pathophysiologie de différents types de glaucome. À l'U. de Western Ontario (London), on a mis au point une technique d'examen par ultrasons donnant une image tridimensionnelle de l'oeil et de son orbite. Les ophtalmologistes peuvent maintenant voir, mesurer et suivre les tumeurs intraoculaires et orbitales, et les traiter sans risques et sans chirurgie. Cette technique permet aussi une meilleure planification de toute chirurgie intraoculaire complexe.