L’opossum de Virginie (Didelphis virginiana) est le seul marsupial du Canada. Il appartient à l’une des trois familles de marsupiaux indigènes des Amériques. Dans sa limite septentrionale, son aire de répartition atteint le sud et le sud-est de l’Ontario, le sud du Québec et les basses terres de la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique. Cependant, elle s’étend lentement vers le nord, vraisemblablement à cause des changements climatiques.
Description
L’opossum de Virginie a à peu près la taille d’un chat domestique. Sa fourrure est grisâtre et rêche, sauf dans sa face, qui est blanchâtre; le museau est long et pointu, les oreilles rondes et dénudées, les yeux globuleux. Sa queue ressemble à celle du rat et est préhensile, c’est-à-dire qu’elle peut agripper des objets et servir de « cinquième membre » dans les escalades. Contrairement à la croyance populaire, seuls les juvéniles sont assez légers pour se tenir la tête en bas, pendus par la queue.
À l’exception des primates, du koala et du panda géant, l’opossum est le seul mammifère muni d’un « pouce » opposable, le « gros orteil » dans son cas, qu’on appelle hallux, et qui fait de lui un excellent grimpeur. Par contre, au sol, l’opossum adopte une allure lente, presque titubante.
Le saviez vous?
Le nom « opossum » vient de l’algonquin apasum ou apousoum, qui signifie « animal blanc ». Chez les anglophones, le « o » initial a fini par tomber et l’animal est devenu « possum » en argot anglais. Or, il peut être trompeur d’employer ce nom pour désigner l’opossum. De l’ordre Diprotodontia, l’animal appelé familièrement possum est le phalanger-renard, originaire d’Australasie, tandis que l’opossum appartient à l’ordre Didelphimorphia. Comme les colons européens ont peuplé l’Australie des années après l’Amérique, ils ont confondu le phalanger avec l’opossum, à cause de ses ressemblances physiques, et lui ont donné un nom semblable.
Reproduction et développement
L’opossum de Virginie a plus d’une saison de reproduction par année. Selon la latitude, il peut commencer à se reproduire dès janvier et mettre des petits au monde jusqu’en septembre. Normalement, la femelle a une ou deux portées par année, mais elle peut en avoir trois si le climat s’y prête. L’opossum est un animal solitaire. On a cru que son comportement social se limitait à l’accouplement, mais des études récentes donnent à penser qu’il serait plus complexe.
Tous les petits des marsupiaux viennent au monde dans un état larvaire après une courte période de gestation, qui dure entre 11 et 13 jours chez l’opossum de Virginie. À la naissance, le petit a à peu près la taille d’une pièce de 10 cents; il n’a pas de poils et est aveugle. Guidé par son odorat, il s’aide de ses pattes avant pour grimper jusqu’à la poche marsupiale de sa mère, où il doit s’accrocher à une mamelle pour continuer à se développer. La femelle a normalement 13 mamelles disposées en forme de fer à cheval. Si elle donne naissance à plus de 13 petits, seuls ceux qui parviendront à s’accrocher à une mamelle survivront.
Au bout d’environ deux mois, les petits sortent de la poche pendant de courtes périodes, où la mère les transporte sur son dos. Après le troisième mois, ils sont entièrement sevrés et indépendants.
Les opossums de Virginie ont une mortalité très élevée. Ils dépassent rarement l’âge de deux ans, sauf en captivité, où ils peuvent vivre jusqu’à une dizaine d’années. Les principales causes de décès sont la prédation et l’écrasement par des véhicules.
Habitat
L’opossum de Virginie n’est pas difficile quant au choix de son habitat. Pourvu qu’il y ait une source d’eau et de la nourriture en abondance, il s’accommode aussi bien d’une forêt de feuillus que d’une prairie ou d’un marécage. Il aménage son nid dans une crevasse, un tas de bois ou de pierres, un terrier abandonné, sous une galerie, à l’intérieur d’une cavité dans un immeuble. Son aire géographique s’étend vers le nord, en partie parce qu’il s’adapte à différents milieux urbains et agricoles, mais aussi à cause de la hausse mondiale des températures (voir Changement climatique).
Régime alimentaire
Des études montrent que le régime et l’habitat de l’opossum sont très proches de ceux du raton laveur. Omnivores et opportunistes, les deux espèces se nourrissent de matières végétales et animales variées. Elles se sont aussi toutes deux habituées à fouiller les poubelles des humains. Les affrontements entre elles semblent limités, en raison apparemment de différences dans leurs préférences alimentaires et les heures où elles recherchent leur nourriture.
L’opossum de Virginie a 50 dents en tout, soit plus que tout autre mammifère terrestre de l’Amérique du Nord. Son arsenal de molaires, de prémolaires, de canines et d’incisives lui permet de s’attaquer à pratiquement tout type de nourriture. Il mange des invertébrés comme les insectes et les vers, de petits mammifères, des baies tendres et les parties feuillues de graminées et de plantes ligneuses. Essentiellement nocturne, il cherche sa nourriture du crépuscule à l’aube; en hiver, toutefois, il lui arrive de le faire de jour à cause des températures plus élevées et de la rareté de nourriture.
Comportement
L’opossum a cette caractéristique tout à fait inhabituelle qu’il peut simuler la mort. Par un mécanisme de défense, il se recroqueville dans un état catatonique et ses glandes anales excrètent une substance malodorante qui imite la chair pourrissante. Son rythme cardiaque diminue, de sorte qu’il peut « faire le mort » jusqu’à six heures de temps, les dents dénudées, l’écume à la gueule et la langue pendante. Lorsqu’il ne se sent plus menacé, il se rétablit et prend la fuite en quelques minutes. Ce mécanisme de défense fonctionne parce que la plupart des prédateurs ne mangent pas de chair en putréfaction, à moins d’être des charognards.
Did you know?
L’opossum de Virginie est immunisé contre le venin de certains serpents d’Amérique du Nord. On a découvert la présence dans son sang d’un peptide qui neutralise l’effet du venin. On l’étudie donc afin de trouver des moyens de traiter les victimes de morsures de serpent.
Relations avec les humains
Certains considèrent l’opossum comme une espèce parasite. Pourtant, il voyage beaucoup et ne reste pas longtemps au même endroit. Il ne va donc pas ravager une culture comme le font d’autres animaux. Il se nourrit de créatures qu’on trouve couramment dans les arrière-cours : coléoptères, araignées, grillons, escargots et limaces. Il suffit pour s’en débarrasser de laisser une ampoule allumée, de faire jouer la radio, d’utiliser des poubelles au couvercle serré et de garder à l’intérieur la nourriture du chien ou du chat. S’il transporte lui-même un certain nombre de parasites, il est rare que l’opossum de Virginie soit porteur du virus de la rage.