Termes clés
Fanon |
Repli cutané situé au bord inférieur de l'encolure de certains animaux, y compris l’orignal |
Description
Le pelage de l’orignal est sombre, allant du noirâtre au brun foncé, et relativement plus clair au niveau du visage. Le visage des mâles s’assombrit dès la mi-août, alors que le taux de testostérone augmente en prévision de la prochaine saison d’accouplement. L’orignal a de longues pattes, parfaites pour franchir les nombreux obstacles qu’on trouve dans son habitat (comme la neige, les troncs d’arbre et les cours d’eau), et un renflement à la hauteur des épaules. Les os de ce renflement sont liés aux muscles et aux tendons qui soutiennent la lourde tête et, dans le cas des mâles, le panache. Une femelle orignal mature et en bonne santé peut peser jusqu’à 545 kg, tandis que les mâles peuvent frôler les 750 kg.
Contrairement à la femelle, le mâle développe un panache de deux bois. Chaque bois est composé d’une « paume » principale, plus grande au sommet, et d’une autre, frontale et plus petite, qui dépasse vers l’avant. Les bois ont deux formes différentes : la paume pleine et la paume fendue. Dans les bois à paume fendue, il y a une indentation entre la paume principale et la paume frontale, tandis que les bois à paume pleine, comme leur nom l’indique, n’en ont pas.
Les bois commencent habituellement à pousser en avril. À la mi-juillet, leur croissance est terminée à environ 80 %. À partir de ce moment, les bois durcissent et, au début de septembre, le velours qui les recouvre commence à se détacher. En novembre, les bois commencent à tomber. Le panache est parfois utilisé pour les combats entre animaux du même rang social lorsqu’ils se disputent des femelles. Cependant, les mâles dotés d’un panache imposant peuvent généralement repousser leurs rivaux simplement en exposant leur taille et leur posture.
Parmi les autres caractéristiques notables de l’orignal, mentionnons la lèvre supérieure en surplomb, les grandes oreilles et le fanon (repli de peau) pendant sous la gorge. Les fanons sont plus robustes chez les mâles que chez les femelles et comprennent un morceau de peau ressemblant à une corde. Avec l’âge, cette « corde » finit habituellement par tomber. Les orignaux femelles peuvent être identifiés par une tache blanche sur leur vulve, juste sous l’anus. Cette tache est particulièrement utile pour déterminer le sexe des animaux pendant les relevés aériens, car en hiver, les mâles n’ont pas de bois.
Distribution et habitat
Au Canada, l’orignal habite la forêt boréale depuis Terre-Neuve (où il a été introduit) et la péninsule Québec-Labrador jusqu’à l’ouest de la Colombie-Britannique et le nord de l’océan Arctique en Alaska, en passant par la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Appelé wapiti en Europe, l’orignal s’étend de l’Asie du Nord à la Scandinavie.
L’orignal se trouve souvent dans les régions touchées par des coupes forestières ou un incendie récent, car il préfère la végétation nouvelle qui y pousse.
Alimentation
En hiver, l’orignal broute les nouveaux bourgeons du sapin baumier, ainsi que les rameaux de feuillus comme le bouleau, le tremble, le saule, le cornouiller rouge et le noisetier. Durant la saison estivale, l’orignal se nourrit principalement de feuilles et de plantes aquatiques. Du printemps jusqu’au début de l’automne, il utilise aussi les blocs à lécher et les blocs de sels minéraux hautement concentrés qui se trouvent naturellement dans les marécages, les cours d’eau et la boue. Les dépôts de sel sur le bord des routes (en raison de l’épandage du sel en hiver) sont également visités.
Reproduction et développement
La saison d’accouplement de l’orignal, parfois appelée « rut », comprend une série de changements comportementaux et physiologiques qui commencent dès la mi-août. La reproduction a lieu à partir de la mi-septembre et, la plupart du temps, se termine vers la deuxième semaine d’octobre. Pendant cette saison des amours, les femelles se font entendre avec un cri fort et long et les mâles, lorsqu’ils cherchent des femelles réceptives, utilisent un grognement profond et guttural. Si quelques femelles précoces se reproduisent à un an et demi, les autres l’ont généralement fait lorsque vient l’automne de leur deuxième anniversaire. Leur période de gestation est d’environ 230 jours et les bébés naissent au printemps. Les nouveau-nés pèsent généralement entre 12 et 16 kg et sont brun-rougeâtre; ils sont cachés dans des endroits isolés lorsque la mère broute.
Pendant la saison d’accouplement, l’urine de l’orignal mâle prend une odeur âcre. Les mâles creusent un trou peu profond dans le sol et y urinent. Puis, ils frappent vigoureusement leurs pattes avant dans le trou pour éclabousser leur tête, leur fanon et le dessous de leurs bois d’urine. Les femelles, quant à elles, s’humectent le museau avec cette urine, s’allongent dans le trou que les mâles ont creusé ou frottent leur tête sur le fanon du mâle. Les recherches suggèrent que l’urine aide à synchroniser l’ovulation des femelles.
Cohabitation avec les humains
L’orignal est une source de nourriture traditionnelle pour les peuples autochtones qui partagent son habitat. Dans l’est du Canada, ces groupes comprennent les Abénakis, les Wolastoqiyik, les Mi'kmaq et les Algonquins. Dans le centre du Canada et dans les plaines, ce sont les Hurons-Wendats, les Ojibwés, les Cris et les Dakotas, tandis que des plaines à l’Ouest canadien, les Siksika, les Ktunaxa et les Salish du continent s’en nourrissent. Le long de la côte nord-ouest, les Tlingits, les Nuxalks, les Nisga'a, les Tsimshians et les Nuu-chah-nulth le chassent, comme le font respectivement, dans la région subarctique et l’Arctique, les Premières nations dénées et les Inuits. Enfin, les Métis, dans diverses régions du Canada, se nourrissent également de l’orignal. La chasse à l’orignal se pratique généralement à la fin de l’été et au début de l’automne, ainsi qu’à la fin de l’hiver et au début du printemps. La façon dont les animaux sont trouvés dépend du groupe; certains, comme les Mi'kmaq, voyagent pour chasser, tandis que d’autres, notamment ceux du groupe culturel algonquin, chassent sur des terres appartenant à des familles individuelles. Pour la plupart des peuples autochtones, la chasse est principalement une activité masculine, mais chez les Ktunaxas, toute la famille participe.
L’orignal est également chassé par des non-Autochtones, selon les lignes directrices établies par chaque province et territoire. Dans certaines provinces, les automobilistes posent un sérieux problème aux animaux. Au printemps, les animaux d’un an commencent à errer sans l’aide de leur mère, et les orignaux de tous âges sont attirés par la végétation au bord des routes et le sel déposé pendant l’hiver. Au Nouveau-Brunswick, par exemple, environ 400 orignaux sont tués par des automobilistes chaque année, et la majorité de ces collisions se produisent au printemps et en été.
Enjeux
L’exploitation forestière et minière facilite l’accès à des habitats autrefois inaccessibles pour l’orignal, ce qui par le fait même le rapproche des chasseurs et autres prédateurs. De plus, le changement climatique représente un enjeu constant pour l’orignal, parce qu’il entraîne un risque accru de maladies. Par exemple, les tiques d’hiver (dermacentor albipictus) sont, malgré leur nom, associées à un temps plus chaud. Un seul orignal peut être l’hôte de dizaines de milliers de ces tiques, et le fait qu’elles se nourrissent du sang de l’animal a une incidence négative sur son comportement, son poids, ses concentrations sanguines et sa santé reproductive. Les bébés orignaux sont particulièrement vulnérables et leur taux de mortalité est élevé. De plus, les orignaux en mauvaise santé ont de la difficulté à repousser les prédateurs.
De même, le déplacement vers le nord du cerf de Virginie — en raison du temps plus chaud — est une préoccupation majeure, car il est porteur d’un parasite cérébral qui peut tuer l’orignal. À mesure que les populations d’orignaux diminuent, les prédateurs comme les ours et les loups se concentrent sur les jeunes orignaux pendant la saison du vêlage, ce qui complique davantage la reconstitution de leur population.