La grippe de 1889-1890, parfois nommée la grippe russe ou asiatique, est décrite comme la première pandémie d’influenza mondiale. Le virus s’est propagé par les routes de transport moderne, particulièrement les chemins de fer. Le Canada a connu une éclosion nationale. Cette pandémie a été moins mortelle que la pandémie d’influenza de 1918. Néanmoins, en 1918, le risque a été plus important pour les survivants de la pandémie de 1890 que pour le reste de la population.
Une section rognée de la carte montrant le Canada et une partie des États-Unis, extraite duReport on the Influenza Epidemic of 1889–90du Dr Henry Parsons (1846 à 1913), Londres : Imprimé pour le Her Majesty's Stationery Office par Eyre & Spottiswoode, 1891.
(avec la permission de laWellcome Collection/CC BY 4.0)
Origines et propagation
Les premiers cas de grippe, causés par un virus de la grippe A, apparaissent en Russie en octobre 1889 ou avant. Le virus se propage rapidement en Asie centrale et en Europe. Sa propagation est facilitée par les chemins de fer construits à travers l’Europe durant les décennies précédentes. Des bateaux transatlantiques transportent la grippe jusqu’en Amérique du Nord en quelques mois à peine. Elle fait probablement son entrée au Canada par le port d’Halifax. En quelques semaines, la grippe se multiplie sur tout le continent.
En 1890, la grippe atteint aussi l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Asie et l’Océanie.
Extrait du Report on the Influenza Epidemic of 1889–90 du Dr Henry Parsons (1846 à 1913), Londres : Imprimé pour le Her Majesty's Stationery Office par Eyre & Spottiswoode, 1891.
(avec la permission de la Wellcome Collection/CC BY 4.0)
Caractéristiques de la grippe de 1890
Il s’agit de la première pandémie à être suivie et étudiée par des agences de santé publique en Europe et en Amérique du Nord. Les agences de santé publique permanentes sont alors une nouveauté, la plupart étant nées dans les décennies précédant la pandémie. Les conseils de santé provinciaux sont actifs à temps plein au Canada depuis quelques années seulement. L’Ontario est la première province à créer un conseil en 1882, suivie par le Québec et le Nouveau-Brunswick en1887. Malgré l’existence de ces agences, les chercheurs ne sont pas capables de dresser un tableau complet de la pandémie de grippe au Canada. Ils doivent utiliser les articles de journaux et les actes de décès pour leurs recherches.
Le saviez-vous?
Durant la deuxième moitié du 19e siècle, un changement s’opère vers une compréhension moderne des infections. La théorie germinale des maladies infectieuses, qui avance que certaines maladies sont transmises par de minuscules organismes, change la vision qu’ont les médecins des maladies. Elle remplace d’anciennes théories selon lesquelles des miasmes, des nuages de vapeurs odorants, sont la cause de maladies. Lorsque la pandémie de 1890 éclot, la presse et certains médecins tiennent pour responsables les tremblements de terre et les éruptions volcaniques.
On estime qu’entre 25 et 60% de la population de l’époque est infectée. Les taux de décès varient selon les pays. Toutefois, la grippe tue moins de 0,17% des personnes infectées, y compris au Canada.
La grippe de1890 est moins mortelle que celle de 1918, qui tue environ 0,6% de la population canadienne. Toutefois, certains experts croient qu’une exposition à la grippe de 1890 augmente le risque de complications et de décès lors de la pandémie de1918. Cette croyance est basée sur la théorie du « péché originel antigénique », selon laquelle le corps utilise des anticorps développés en réponse à une différente souche de grippe pour en combattre une nouvelle. En raison des différences entre les souches, la dépendance à ces anticorps pourrait compromettre la réponse du corps au nouveau virus.