La pandémie de grippe la plus grave jamais enregistrée au Canada et dans le monde entier est liée au virus H1N1 qui apparaît durant la Première Guerre mondiale. Malgré ses origines géographiques inconnues, il est communément appelé «grippe espagnole». Entre 1918 et 1919, la grippe espagnole tue entre 20 et 100 millions de personnes, dont quelque 50 000 Canadiens.
Pourquoi la pandémie de 1918 est-elle communément appelée la « grippe espagnole »?
Le nom « grippe espagnole » apparaît suite à la censure des médias par les militaires des pays alliés pendant la Première Guerre mondiale. Ces pays suppriment en effet les rapports publics sur l’infection virale et la mort des soldats. Cependant, en Espagne (qui est neutre pendant la guerre), les médias peuvent largement rendre compte de la forte incidence des décès dus à la maladie. Le virus est donc associé à l’Espagne.
Les origines de la pandémie sont matière à débat. Quatre endroits sont souvent considérés comme la source de l’épidémie initiale : l’Angleterre, la France, la Chine et les États-Unis.
En quoi la grippe de 1918 diffère-t-elle de la grippe régulière?
Contrairement à la plupart des grippes, qui sont dangereuses pour les personnes dont l’immunité est réduite (les personnes âgées, les très jeunes et ceux qui souffrent d’une maladie préexistante), la grippe de 1918 tue préférentiellement les jeunes gens en bonne santé. La pneumonie, qui atteint les malades affaiblis par la grippe, est la première cause de décès, plutôt que la grippe elle-même. L’apparition d’un syndrome parkinsonien, caractérisé par un tremblement marqué, est vue comme une des conséquences à long terme de la grippe chez certaines victimes de cette épidémie.
Comment la grippe s’est-elle étendue au Canada?
La pandémie de grippe de 1918 entre au Canada en même temps que les troupes qui reviennent du front ; elle atteint même les communautés les plus éloignées. Des villages entiers sont décimés par la maladie. Le Labrador, le Québec et les réserves des Premières Nations sont durement touchés. Dans certaines régions, on a recours à la quarantaine, mais sans succès. Les installations médicales et le personnel soignant ne suffisent plus. Des volontaires mettent sur pied des infirmeries dans des écoles et des hôtels.
Quel a été l’impact de la pandémie de grippe de 1918 au Canada?
La pandémie répand la mort, mais provoque aussi des perturbations sociales et économiques. Les orphelins se multiplient et de nombreuses familles perdent la personne qui gagnait le revenu principal du foyer. De part et d’autre, les armées impliquées dans la Première Guerre mondiale sont temporairement affaiblies. Les commerces voient baisser leur chiffre d’affaires à défaut d’une demande suffisante pour leurs produits ou parce qu’ils ne peuvent répondre à la demande en raison d’une main-d’œuvre réduite. Les administrations municipales tentent de contenir la maladie en fermant tous les services publics, à l’exception des services essentiels. Les gouvernements provinciaux adoptent de leur côté des lois concernant la mise en place de la quarantaine et rendent obligatoire le port du masque en public. Si la population canadienne accepte ces restrictions, quoiqu’à contrecœur, elle défie cependant la demande du gouvernement fédéral de reporter au 1er décembre 1918 les commémorations de la victoire de la Première Guerre mondiale. La création, en 1919, du ministère fédéral de la Santé est une conséquence directe de l’épidémie au Canada.
La souche virale de la grippe de 1918, bien que de moins en moins virulente, demeure active au Canada jusqu’au milieu des années 1920. Elle a depuis été identifiée comme étant un virus H1N1.