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Paul Almond

David Paul MacPherson Almond, O.C., réalisateur, producteur et écrivain (né le 26 avril 1931 à Montréal, au Québec; décédé le 9 avril 2015 à Los Angeles, en Californie).
Almond, Paul
(avec la permission de Téléfilm Canada)

David Paul MacPherson Almond, O.C., réalisateur, producteur et écrivain (né le 26 avril 1931 à Montréal, au Québec; décédé le 9 avril 2015 à Los Angeles, en Californie). Paul Almond, cinéaste d’avant-garde, se joint à la télévision de CBC en 1954 à l’âge de 23 ans. Il réalise en cours de carrière plus de 100 séries dramatiques au Canada, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, dont le documentaire à succès Seven Up! (1964), premier de la célèbre série Up. Les trois films qu’il réalise avec son épouse de l’époque, Geneviève Bujold, – Isabel (1968), L’acte du cœur (1970) et Journey (1972) –, représentent une importante contribution au cinéma canadien. Paul Almond est fait officier de l’Ordre du Canada et se voit décerner un prix pour l’ensemble de sa carrière par la Guilde canadienne des réalisateurs.

Formation et carrière en télévision

Fils d’un prêtre épiscopal, Paul Almond étudie à la Bishop’s College School, un pensionnat de Lennoxville, au Québec. Il entreprend par la suite des études à l’Université McGill, puis obtient une maîtrise en philosophie, politique et économie d’Oxford en 1954. Il crée une troupe de théâtre de répertoire en Angleterre avant de devenir réalisateur pour la télévision de CBC à Toronto. De 1954 à 1967, Paul Almond réalise plus de 100 émissions dramatiques pour la CBC, Granada TV, la BBC et la télévision américaine. Il fait œuvre de pionnier au Canada en réalisant des émissions dramatiques en direct pour les prestigieuses séries de la CBC Folio et Festival, notamment The Hill (1954) dont il est également l’auteur, Point of Departure (1960), Julius Caesar (1960), Macbeth (1962) avec Sean Connery, Roméo et Jeannette (1965) et Birthday Party (1965), la première pièce de Harold Pinter jouée à la télévision en Amérique du Nord. En 1958, il devient le premier réalisateur de dramatiques de la CBC à filmer à l’extérieur pour un film.

C’est en 1964 que Paul Almond réalise l’émission à succès Seven Up! pour Granada TV; il s’agit du premier documentaire de la série Up (14 Up, 21 Up, etc.). À son retour au Canada, il devient le premier réalisateur de dramatiques à utiliser une caméra à l’épaule en studio, et le premier à construire des décors extérieurs pour une adaptation de Crime et châtiment intitulée The Murderer (1966). La Roulotte aux poupées (1967), une pièce de Marie-Claire Blais, est la toute première dramatique en couleur tournée au Canada, ainsi que la première réalisée dans les deux langues officielles avec les mêmes acteurs bilingues par les réseaux anglais et français de Radio-Canada. Paul Almond réalise ensuite plusieurs épisodes des toutes premières séries de la télévision canadienne comme R.C.M.P., The Forest Rangers, Wojeck et la série américaine Alfred Hitchcock Presents.

Carrière cinématographique

En 1965, Paul Almond met en scène la jeune actrice Geneviève Bujold dans Roméo et Jeannette. C’est le début d’une collaboration professionnelle qui s’avérera fructueuse pour l’un comme pour l’autre. Trois longs métrages au ton très personnel s’ensuivent – Isabel (1968), L’acte du cœur (1970) et Journey (1972) –, qui révèlent l’intérêt du cinéaste pour le mystique. Cette trilogie, sans nul doute son œuvre la plus marquante, constitue une contribution remarquable à la cinématographie canadienne. Isabel est le premier long métrage du Canada anglophone à bénéficier du financement et de la distribution par un grand studio américain, la Paramount. Il remporte quatre prix du Palmarès du film canadien, et son auteur est mis en nomination pour le prix de la meilleure réalisation de la Directors Guild of America. L’acte du cœur remporte six prix du Palmarès du film canadien, dont celui du meilleur réalisateur.

La trilogie de Paul Almond, qui fait écho à la quête métaphysique menée par l’actrice principale des films d’Ingmar Bergman, est souvent comparée à l’œuvre du réalisateur suédois. Dans chacun des trois films, écrits, réalisés et produits par Paul Almond, le personnage féminin central, interprété par Geneviève Bujold (son épouse de 1967 à 1973), vit une période de doute intense alors qu’elle lutte pour reconstruire son identité. Dans Isabel, elle est hantée par les fantômes de son passé, tandis que dans L’acte du cœur, elle remet en question sa foi en Dieu. Dans Journey, enfin, elle est dépouillée de sa mémoire. La trilogie en son ensemble frappe par sa profondeur et un sens de l’introspection dont le cinéma canadien-anglais ne fera de nouveau preuve que 20 ans plus tard dans les films d’Atom Egoyan. En avance sur son temps et malgré les faveurs de la critique, l’œuvre est mal perçue par le grand public.

Par la suite, Paul Almond est sollicité pour réaliser Le dernier reportage (1980), qui remporte peu de succès. Il poursuit avec Ups and Downs (1981) qu’il écrit et produit, et qui est inspiré de son expérience au pensionnat, puis Captive Hearts (1987), une initiative financée par des intérêts américains. Il reprend ensuite sa collaboration avec Geneviève Bujold dans Le temps retrouvé (1991), qu’il écrit et produit également. Paul Almond remporte le prix Génie de la meilleure réalisation d’un film non commercial pour Every Person Is Guilty (1980), qui a été filmé dans le cadre de la série de la CBC intitulée For the Record.

Retraite et carrière d’auteur

Dans les années 1990, Paul Almond se retire à Malibu, en Californie, où il prend activement part à la vie théâtrale. L’intégrale de ses films fait l’objet d’une rétrospective à l’échelle du Canada en 2000-2001. Le Trust pour la préservation de l’audiovisuel du Canada décerne à Isabel le titre d’œuvre magistrale en 2006. De sa maison de campagne à Shigawake, Québec, Paul Almond écrit la Saga Alford, une série de huit romans d’aventure se déroulant en Angleterre et à Gaspé au Québec, entre les années 1800 et 2000, et s’inspirant de la vie de ses ancêtres pionniers.

Vie personnelle

De 1957 à 1964, Paul Almond est marié à la ballerine Angela Leigh, au nombre des membres fondateurs du Ballet national. Il se remarie en 1967 avec Geneviève Bujold, qui lui donnera un fils, Matthew Almond, et avec qui il passera sept ans. En 1976, Paul Almond se marie pour la troisième fois, cette fois-ci avec la photographe Joan Harwood Elkins, avec qui il demeurera jusqu’à sa mort en 2015 des complications d’une maladie cardiaque.

Prix

Réalisation, long métrage (L’acte du cœur), prix du Palmarès canadien (1970)

Meilleure réalisation, court métrage dramatique (Every Person is Guilty), prix Génie (1980)

Nomination comme officier de l’Ordre du Canada (2001)

Prix du jubilé de la Reine, gouverneur général du Canada (2002)

Prix pour l’ensemble de la carrière, Guilde canadienne des réalisateurs (2007)

Livres

Le Déserteur (The Deserter) (McArthur & Co., 2010)

Le Défricheur (The Survivor) (McArthur & Co., 2011)

Les Bâtisseurs (The Pioneer) (McArthur & Co., 2012)

The Pilgrim (McArthur & Co., 2012)

The Chaplain (Sulby Hall Publishers, 2013)

The Gunner (Red Deer Press, 2014)

The Hero (Red Deer Press, 2014)

The Inheritor (Red Deer Press, 2015)