Pimachiowin Aki (prononcé pi-macho-wine a-ki) a été désigné site du patrimoine mondial par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en 2018. Il s’agit du 19e territoire canadien à obtenir cette distinction. PImachiowin Aki signifie « la terre qui donne la vie » en anishinaabemowin, la langue ojibwée de la région. L’endroit est reconnu comme un exemple exceptionnel de la tradition culturelle de Ji-ganawendamang Gidakiiminaan, ou « conserver la terre ». Le site représente le premier et le seul site mixte du patrimoine mondial au Canada. Les sites mixtes commémorent à la fois la valeur naturelle et l’importance culturelle de la région. Pimachiowin Aki est également l’un des quatre sites canadiens du patrimoine mondial qui reconnaissent l’histoire autochtone. Les trois autres sont Writing-on-Stone/Aisinai'pi, Head-Smashed-In Buffalo Jump et le village de SGang Gwaay.
Géographie
Pimachiowin Aki est situé de part et d’autre de la frontière Manitoba-Ontario. Le parc provincial manitobain Atikaki, le parc provincial ontarien Woodland Caribou et la réserve de conservation Eagle-Snowshoe se trouvent à l’intérieur des limites du site. S’étendant sur 2 904 000 hectares, Pimachiowin Aki occupe plus de cinq fois la superficie de l’Île-du-Prince-Édouard. Elle représente la plus grande zone protégée du Bouclier boréal — un écosystème où la forêt boréale et le Bouclier canadien se chevauchent — en Amérique du Nord. Le site contient plus de 3200 lacs et plus de 5000 marais et mares d’eau douce.
Faune et flore
Cette région abrite plus de 700 espèces de plantes vasculaires et environ 400 espèces de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons. Les animaux les plus communément observés sont le huard, le caribou des bois, l’orignal, le loup, l’ours noir, le carcajou, le lynx, l’ esturgeon jaune et la grenouille-léopard. Parmi les espèces végétales, on compte le frêne noir, le pin gris, le peuplier baumier, le framboisier, le bleuetier et le riz sauvage. (Voir aussi Baies sauvages au Canada.)
Anishinaabeg
Les Anishinaabeg sont les intendants ancestraux de Pimachiowin Aki depuis des temps immémoriaux. Une pointe de lance trouvée à Rowdy Lake, en Ontario, est la plus ancienne preuve d’occupation humaine dans la région, datant d’il y a entre 9 000 et 7 000 ans. De plus, on trouve environ 285 sites archéologiques à Pimachiowin Aki. Ces sites contiennent des pictogrammes, des aires de vie et des preuves de l’utilisation traditionnelle des terres. Parmi les exemples d’utilisation traditionnelle des terres, on compte la pratique de la rotation des ressources, qui consiste à déplacer les sites de chasse, de pêche et de récolte afin de donner aux plantes et aux animaux le temps de se rétablir. Grâce à de telles pratiques, les Anishinaabeg s’assurent que l’activité humaine n’épuise jamais les ressources de Pimachiowin Aki. La région comprend également de nombreux sites sacrés, mais peu sont identifiés publiquement par les Anishinaabeg afin de garder leur emplacement secret.
Aujourd’hui, quatre collectivités des Premières nations Anishinaabeg vivent à l’intérieur de Pimachiowin Aki, du côté manitobain de la frontière provinciale: Bloodvein River, Little Grand Rapids, Pauingassi et Poplar River.
Site du patrimoine mondial
La reconnaissance de Pimachiowin Aki comme site du patrimoine mondial est le résultat d’une campagne de 16 ans. En 2002, quatre Premières nations Anishinaabeg signent un accord entre elles dans le but de protéger leurs terres ancestrales par le biais d’une désignation au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les quatre Premières nations sont Little Grand Rapids, Pauingassi, Poplar River et Pikangikum, tandis que La Première nation de Bloodvein River se joint à eux peu après. En 2016, la Première nation de Pikangikum, seule collectivité de l’Ontario, quitte le groupe pour des raisons liées au processus d’évaluation de l’UNESCO. En conséquence, la superficie proposée par Pimachiowin Aki est réduite.
Des partenariats avec les gouvernements de l’Ontario et du Manitoba mènent à la création de la Pimachiowin Aki Corporation en 2006. La société est responsable de la protection et de la mise en relief de la « valeur universelle exceptionnelle » de Pimachiowin Aki, advenant le cas où elle serait désignée comme site du patrimoine mondial.
En 2018, Pimachiowin Aki reçoit la désignation parce qu’elle est un exemple vivant de la tradition culturelle anishinaabe de Ji-ganawendamang Gidakiiminaan, ou « conserver la terre ». Ji-ganawendamang Gidakiiminaan est la croyance selon laquelle les Anishinaabeg ont l’obligation d’honorer les dons du Créateur en adoptant des modes de vie durables. Ces idées sont partagées par de nombreuses autres communautés autochtones du Canada et de l’Amérique du Nord. Un autre exemple de pratiques Ji-ganawendamang Gidakiiminaan est le brûlage contrôlé de la végétation riveraine, qui favorise la croissance des carottes sauvages, des graminées et des roseaux, ce qui améliore l’habitat du rat musqué et de la sauvagine. Ces animaux sont à leur tour chassés et piégés par les Anishinaabeg.
Tourisme
Les Anishinaabeg accueillent les visiteurs à Pimachiowin Aki pour leur enseigner comment ils prennent soin du site depuis plus de 7000 ans. Les visiteurs peuvent se rendre à la rivière Bloodvein en voiture par une route praticable en toutes saisons, prendre l’avion pour se rendre dans les collectivités plus éloignées ou accéder au site par les routes de glace en hiver. À Pimachiowin Aki, les visiteurs peuvent faire du camping sauvage, du canot, de la pêche ou de la navigation.