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Planche porte-bébé

Dans l’histoire, la planche porte-bébé a été utilisée par divers peuples autochtones pour protéger et transporter les bébés. Solidement attaché à une fine planche rectangulaire, un bébé pouvait être porté sur le dos de sa mère ou placé dans un endroit sûr pendant qu’elle se consacre à sa routine quotidienne. Dans certaines collectivités, les peuples autochtones utilisent encore des planches porte-bébé.


Enfants sanglés dans des planches porte-bébés.

(avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-95515).


En quoi consiste une planche porte-bébé?

Une planche porte-bébé est un dispositif traditionnellement utilisé par les peuples autochtones pour maintenir le nourrisson en place (plus ou moins au cours de sa première année) pendant que ses parents se déplacent, travaillent ou sont occupés d’une quelconque manière. Le nourrisson est attaché à une fine planche rectangulaire et enveloppé dans une couverture qui lui assure confort et chaleur. La conception de la planche permet d’éviter que l’enfant ne se blesse, même en cas de chute. Dans de nombreux modèles de planches porte-bébé, le haut est muni d’un cerceau ou d’un arc pour protéger la tête de l’enfant. Certains modèles comportent également un repose-pieds pour que le bébé ne tombe pas par le fond. La forme exacte varie d’un groupe à l’autre dans toute l’Amérique du Nord. Beaucoup de temps et d’efforts sont consacrés à la décoration de la planche porte-bébé et de ses accessoires.

Plusieurs mots désignent la « planche porte-bébé » dans différentes langues autochtones, notamment dikinaaganan en anishinaabemowin, tikinakan en cri, ao’tópistaanistsi en siksikáí’powahsin et kalhu en oneida. Par le passé, les colons ont appelé à tort la planche porte-bébé un « papoose ». Il s’agit d’un mot algonquin qui se traduit plus ou moins par « enfant ».

Le saviez-vous?
Dans certaines communautés autochtones, les adultes fabriquaient de petites planches porte-bébé que les enfants pouvaient utiliser pour jouer. Ils ont également servi d’outils d’apprentissage pour les jeunes filles susceptibles de devenir mères un jour. On retrouve certains de ces jouets dans des musées à travers l’Amérique du Nord.

Utilisation et fonction

La planche porte-bébé sert principalement à transporter un nourrisson. Elle donne plus de liberté à la mère qui se déplace, car elle permet de maintenir le bébé sur le dos en toute sécurité. La mère peut également appuyer la planche porte-bébé contre un arbre ou un support pendant qu’elle travaille. Dans cette position, le bébé ne peut ni ramper ni marcher vers les dangers potentiels, tels que des feux à ciel ouvert.

Certaines femmes suspendent même la planche porte-bébé à une branche d’arbre ou à une structure pour en faire une sorte de hamac ou de balançoire, afin de distraire l’enfant. Des jouets, des capteurs de rêves et d’autres objets peuvent être fixés à la planche porte-bébé, soit pour divertir le nourrisson, soit pour des raisons culturelles.

La planche porte-bébé offre également l’avantage de permettre à l’enfant d’observer tranquillement la nature et la routine quotidienne de ceux qui l’entourent. Dans de nombreuses cultures autochtones, l’observation fait partie intégrante de l’apprentissage de la patience et de la pleine conscience.

Le saviez-vous?
Inspirée par le balancement d’un porte-bébé, l’Ojibwée Susan Olivia Poole invente ce qui deviendra le Jolly Jumper en 1910. Originaire de la réserve indienne White Earth dans le Minnesota, Susan Poole vit au Canada, où elle élève ses enfants, quand l’idée lui vient. Elle commence à fabriquer le Jolly Jumper en 1948 pour ses petits-enfants avant de breveter l’invention en 1957.


Modèles et styles

Les différentes collectivités autochtones ont leurs propres modèles et styles de planches porte-bébé. Les Mohawks, par exemple, ont tendance à fabriquer des planches porte-bébé longues et étroites, alors que les Sénécas préfèrent un style avec des rails latéraux. Les Oneidas fabriquent des planches porte-bébé en utilisant des bandes de cuir et du bois, tandis que certains Ojibwés enveloppent l’enfant dans un sac de mousse qui est fixé à la planche porte-bébé.

La plupart des planches porte-bébé sont décorées de sculptures et de peintures. Les couvertures qui enveloppent les nourrissons sont également ornées de motifs perlés et cousus. Certains peuples autochtones réalisent des dessins au dos des planches en y intégrant des images importantes, telles que des symboles du clan et d’autres emblèmes et motifs significatifs sur le plan culturel.

Usages modernes et signification

La planche porte-bébé, à l’image d’autres innovations autochtones, a une importance culturelle, car elle fait partie des systèmes de savoirs traditionnels. Les pratiques européennes d’éducation des enfants apportées par la colonisation ont largement remplacé celles propres aux cultures autochtones. Les aînés et les communautés autochtones du Canada s’efforcent de protéger et de promouvoir les traditions culturelles pour éviter de les perdre complètement. Certains peuples autochtones continuent d’utiliser des planches porte-bébé en raison de leur côté pratique, mais aussi de leur importance culturelle.

Des musées et des archives de tout le pays conservent des planches porte-bébé dans leurs établissements. Ces objets sont la preuve que les planches porte-bébé peuvent également être considérées comme des œuvres d’art. Les sculptures, peintures et autres décorations sont des œuvres magnifiques réalisées par des artisans hautement qualifiés. (Voir aussi Histoire de l’art autochtone au Canada.)

Collection des peuples autochtones

Guide pédagogique perspectives autochtones