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Dakelh (Porteurs ou Carrier)

Les Dakelh, également appelés Porteurs ou Carriers, sont des Dénés qui occupent traditionnellement les régions du centre-nord de la Colombie‑Britannique. Le nom Porteurs provient de l’ancienne coutume voulant qu’une veuve porte un sac contenant les cendres de son mari décédé pendant une période de deuil, jusqu’à ce qu’une distribution cérémonielle de ses biens la libère de cette obligation. Ce nom est également une traduction du mot Aghele, le nom des Dakelh en sékani. Ils s’appellent eux‑mêmes Dakelh (personnes qui « se déplacent sur l’eau ») et ils ajoutent les suffixes xwoten, signifiant « peuple de », ou t’en signifiant « peuple », à des noms de villages ou de lieux pour désigner des groupes spécifiques (par exemple Tl’azt’en, Wet’suwet’en, etc.) Lors du recensement de 2021, 4730 personnes ont déclaré être d’ascendance dakelh.

Population et territoire

Le territoire dakelh couvre environ 76 000 km2 dans la région du plateau intérieur de la Colombie‑Britannique. Il est délimité à l’est par les Rocheuses, au nord par les monts Omineca et à l’ouest par la côte du Pacifique. Lors du recensement de 2021, 4730 personnes déclarent être d’ascendance dakelh (voir aussi Peuples autochtones du Plateau au Canada; Territoire autochtone).

Vie avant l’arrivée des Européens

Les villages d’hiver des Dakelh sont principalement situés aux décharges des lacs ou aux confluences de cours d’eau, ou le long de canyons de rivière stratégiques. L’économie traditionnelle des Dakelh est basée sur la pêche, en particulier la pêche au saumon et aux poissons des lacs. La pêche au saumon s’effectue en utilisant des barrages (enclos) placés aux embouchures des rivières ou en harponnant le saumon le long des rivières.

Les Dakelh chassent également le gros et le petit gibier, notamment les ours, les marmottes et les castors. Jusqu’au milieu des années 1800, le caribou joue un rôle particulièrement important pour leur mode de vie traditionnel. L’orignal devient tout aussi important après 1900. Les Dakelh cueillent des baies sauvages et des plantes pour compléter leur régime alimentaire.

Les Dakelh empruntent les routes commerciales côtières pour échanger des peaux, des baies séchées et de la viande. Ces routes sont connues sous le nom de « Grease trails » (sentiers de graisse), car de nombreux produits qui sont échangés le long de ces routes sont fabriqués à partir d’huiles ou de graisses de poisson. Les Dakelh entretiennent également des liens commerciaux étroits avec d’autres groupes autochtones voisins, notamment les Nuxalks, les Gitksans et les Sékanis.

Société et culture

L’organisation sociale des Dakelh du Sud est fondée sur des groupes de parenté bilatéraux centrés sur des familles élargies composées des frères, de leurs épouses et de leurs enfants, ainsi que des familles des fils mariés. Chaque groupe (appelé sedeku) est associé à un territoire de chasse et des sites de pêche et de cueillette.

Les Dakelh du Nord et du Centre sont organisés en groupes d’ascendance matrilinéaire ou des clans associés à des zones d’utilisation des ressources (appelées keyoh) et à des sites de pêche. Les chefs de groupes de parenté et de clans sont connus sous le nom de deneza.

Des potlatchs, cérémonies de distribution de biens et de nourriture, sont organisés par les clans pour commémorer les décès, l’héritage des noms et d’autres occasions spéciales. Les membres de chaque communauté sont reliés par des liens de parenté étendus qui servent de cadre à l’héritage des territoires de piégeage et à l’échange de biens et de services. Les missionnaires oblats établissent une mission à Stuart Lake en 1873 et découragent la tenue de potlatchs et les autres coutumes.

Langue

Linguistiquement, les Dakelh sont des Dénés et comprennent trois grands sous‑groupes basés sur des différences de dialectes et de culture : les Dakelh du Nord ou Babines, vivant le long de la rivière Bulkley et du lac Babine dans le bassin versant de la rivière Skeena; les Dakelh du Centre, installés dans les bassins des lacs Stuart et Fraser, dans le bassin du fleuve Fraser; et les Dakelh du Sud dans la région de la rivière Blackwater. Le recensement canadien ne sépare pas les locuteurs de la langue babine, de la langue dakelh du Centre et de la langue dakelh du Sud. En 2021, le recensement indique que 990 personnes déclarent la langue dakelh comme étant leur langue maternelle, et 1530 personnes affirment avoir une connaissance de la langue. (Voir aussi Langues autochtones au Canada).

Histoire coloniale

Alexander Mackenzie et d’autres marchands de fourrures de la Compagnie du Nord‑Ouest sont les premiers Européens à entrer dans le territoire dakelh en 1793 (voir aussi Traite des fourrures). Cependant, pour atteindre cette région, ils doivent traverser les terres des Sékanis et c’est par ces derniers qu’ils apprennent l’existence des Dakelh. C’est pour cette raison que le nom donné par les Sékani aux Dakelh, Aghele, est le nom que les Européens traduisent et utilisent pour désigner les Dakelh.

Après l’établissement de postes de traite des fourrures dans la région des Dakelh au début des années 1800 (par exemple Fort St. James au lac Stuart en 1806), les Dakelh font la traite des saumons et des fourrures (avec la Compagnie du Nord‑Ouest jusqu’en 1821 et avec la Compagnie de la Baie d’Hudson après 1821). En raison de la présence d’une mission et d’un poste de traite situés au lac Stuart, Fort St. James devient un centre important pour les rassemblements saisonniers des Dakelh de toute la région.

Des maladies comme la variole et la rougeole dans les années 1800, et la grippe en 1918, réduisent les populations dakelh, qui atteignent un point bas à la fin des années 1920. Des réserves sont attribuées aux Dakelh en 1871 et dans les années 1890.

Après l’achèvement d’une ligne de chemin de fer dans l’intérieur nord en 1914, les Dakelh deviennent impliqués dans l’exploitation forestière et le travail saisonnier salarié, tout en maintenant leurs activités de chasse, de piégeage et de pêche. Ce mode de vie demeure important dans plusieurs communautés dakelh.

Dès 1911, les barrages (enclos) dans les rivières à saumons sont interdits dans les bassins versants du fleuve Fraser et de la rivière Skeena. En 1913‑1914, des éboulements de rochers dans la gorge Hells Gate du canyon du fleuve Fraser réduisent considérablement les populations de saumons atteignant la région des lacs Stuart et Fraser, ce qui entraine une augmentation de la pêche aux poissons de lac, de la chasse et du trappage.

Activisme

Dans les années 1980, les groupes de Dakelh les plus à l’ouest, soit les Wet’suwet’en et les Gitksans de la rivière Skeena, intentent une action en justice pour la reconnaissance de leur titre autochtone dans ce qui devient connu comme l’affaire Delgamuukw (1997). La Cour suprême du Canada fait observer que le titre autochtone constitue un droit ancestral protégé par l’article 35(1) de la Loi constitutionnelle de 1982. La décision de la Cour dans l’affaire Delgamuukw, influencée par l’affaire Calder (1973), a une incidence sur d’autres affaires judiciaires concernant les droits des peuples autochtones au Canada et sur les titres autochtones, notamment l’affaire Tsilhqot’in (2014). (Voir aussi Organisation politique des Autochtones et activisme au Canada.)

Vie contemporaine

Le Carrier Sekani Tribal Council (CSTC) est une organisation politique qui représente sept Premières Nations : les Ts’il Kaz Koh (bande de Burns Lake), les Nadleh Whut’en, les Saik’uz, les Stellat’en, les Takla Lake, les Tl’azt’en et les Wet’suwet’en. Selon le CSTC, l’organisation offre également « des services techniques et professionnels à ses nations membres dans les domaines des pêcheries, de l’éducation, du développement économique, de la planification et des infrastructures communautaires, de la foresterie, de la gestion financière et des négociations ».

Le Conseil tribal Carrier Chilcotin compte quatre communautés membres : la nation Lhoosk’uz Dené, la nation Lhtako Dené, les Tl’esqox des Tsilhqot’in et la Première Nation Ulkatcho. Il se décrit comme « une organisation efficace et progressiste qui contribue à l’unité et au bien‑être des communautés et des citoyens du Conseil grâce à la prestation de programmes et de services de qualité qui respectent notre culture, nos traditions et nos valeurs autochtones ».

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones

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