Le Quatuor à cordes Dubois était un ensemble professionnel fondé par le violoncelliste Jean-Baptiste Dubois, qui a fait éclore la musique de chambre à Montréal. Comme l’a écrit Marcel Valois dans La Presse en 1938, « Jean-Baptiste Dubois aura révélé les chefs-d’œuvre de la musique de chambre à plusieurs générations de Montréalais pendant plus d’un quart de siècle. » Fondé en 1910, le quatuor poursuit ses activités jusqu’à la mort de Jean-Baptiste Dubois, en 1938. Il s’agit encore aujourd’hui du quatuor à cordes ayant été le plus longtemps en activité au Canada.
Lieux de diffusion et prestations
À sa première saison, le quatuor donne six concerts. Le premier a lieu le 8 novembre 1910 à la salle Windsor. Il présente alors le Quatuor op. 18 No 2, de Ludwig van Beethoven, et le Quintette op. 44, de Robert Schumann avec le concours de la pianiste Ada L. Richardson. Après s’être produit pendant plusieurs saisons à la salle de bal de l’hôtel Ritz-Carlton, le quatuor se produit, à partir de 1915, à la salle Ladies’ Ordinary, de l’hôtel Windsor. En 1928, les concerts se transportent à la salle de la bibliothèque Saint-Sulpice, sur la rue Saint-Denis (l’édifice a été classé comme monument historique du Québec en 1988 et est devenu un centre de musique classique en 2010). Les derniers concerts ont lieu à la salle Tudor, où le quatuor donne son 163e et dernier concert le 10 février 1938.
Les concerts du quatuor sont gratuits à partir de la saison 1927-1928. Un prix d’entrée minime est de nouveau exigé au cours de ses dernières années d’activité. Le quatuor donne aussi quelques concerts en province et à Montréal, et joue notamment à Trois-Rivières dès 1913.
Membres du quatuor
Au fil des ans, le quatuor subit de nombreux changements de personnel, mais Jean-Baptiste Dubois demeure son seul violoncelliste. Au pupitre du premier violon se succèdent Albert Chamberland (1910-1920), Alexandre Debrouille (1921), Edgar Braidi (1922-1937) et Maurice Onderet (1937-1938). Les seconds violons sont tour à tour Alphonse Dansereau (1910-1915), J. Alexandre Delcourt (1915), Eugène Chartier (1915-1920), Edgar Braidi (1921), Lucien Sicotte (1922-1923, 1932-1936), Eric Zimmerman (1923-1926), René Gagnier (1936-1937) et Lucien Martin (1937-1938). Au pupitre de l’alto se succèdent Eugene Schneider (1910-1920), T. Alberts (1921) et Joseph Mastrocola (1922-1938).
Pour inclure dans ses programmes des sonates en duo avec les différents membres du quatuor, un pianiste attitré est engagé : George M. Brewer (1919-1927) et Marie-Thérèse Paquin (1928-1938). D’autres invités fréquents sont les pianistes Jean Dansereau (1910-1915) et Wilfrid Pelletier (1914-1916). Ils se joignent au quatuor à titre de solistes, notamment pour les quintettes de Robert Schumann, de Johannes Brahms et de Charles-Marie Widor, ou comme accompagnateurs. Des chanteurs et des instrumentistes à cordes ou à vent se joignent au quatuor à titre d’artistes invités pour interpréter d’autres pièces de musique de chambre.
Répertoire
Le quatuor joue les grandes œuvres des périodes classique et romantique, y compris 28 premières montréalaises, dont le Quatuor de Debussy en 1910. Parmi les autres premières, on compte des quatuors à cordes de Max Reger, d’Erno Dohnányi et de Darius Milhaud. À son 100e concert, le 10 février 1927, le quatuor fait entendre des pages de César Franck, de Claude Debussy et de Vincent d’Indy. Jean-Baptiste Dubois joue la sonate pour violoncelle de Camille Saint-Saëns en compagnie de George Brewer, alors que Molly on the Shore, de Percy Grainger, est jouée en rappel. En avril 1928, lors de la venue de Maurice Ravel à Montréal, l’ensemble interprète le Quatuor à cordes du musicien français (dont la première avait eu lieu en 1920) au théâtre Saint-Denis.
Administration
L’impresario Louis-H. Bourdon, beau-fils de Jean-Baptiste Dubois, assure bénévolement la gestion financière et administrative du quatuor de 1910 à 1936. Au fil des ans, Jean-Baptiste Dubois prend la plupart des décisions artistiques du quatuor et assure la gestion de l’ensemble à la suite du départ de Louis-H. Bourdon.