« The Maple Leaf For Ever ». Chant patriotique, paroles et musique d'Alexander Muir, écrit en octobre 1867, année de la Confédération. Exception faite de l'« Ô Canada », qu'il précéda de 13 ans, il fut le plus populaire des chants patriotiques composés au Canada. Parce que le point de vue de Muir était entièrement canadien-anglais, son chant ne fut jamais accepté par les Canadiens français et il perdit même la faveur des Canadiens anglais après le milieu du XXe siècle.
Le poème fut écrit en toute hâte afin d'être présenté à un concours de poèmes patriotiques de la Caledonian Society de Montréal. Il remporta le deuxième prix. Le sujet en avait été suggéré à Muir alors que lui et son ami George Leslie se promenaient à Toronto près des Leslie's Gardens, ainsi nommés d'après la famille Leslie de Leslieville, ancienne banlieue de Toronto, et situés près de la rue Queen, à l'est de la rivière Don. Une feuille d'érable s'accrocha à la manche du manteau de Leslie qui n'arrivait pas à l'enlever. Leslie se serait alors écrié : « Holà Muir! Voici ton sujet! La feuille d'érable est l'emblème du Canada! Écris ton poème là-dessus. » Le poème fut rédigé et expédié à Montréal quelques heures plus tard. Étant donné que Muir n'avait pu trouver une mélodie appropriée dans les magasins de musique locaux, il composa sa propre musique.
L'édition originale (réimprimée dans le PMC, vol. III), présumément de 1000 exemplaires, ne porte ni date ni mention de copyright. Elle parut probablement au début de 1868, « publiée pour l'auteur » et imprimée au Guardian Office à Toronto, la division de l'édition de la Methodist Book Room. La légende selon laquelle Muir aurait payé 30 $ pour l'impression de sa chanson et qu'il en retira moins de la moitié de cette somme est plausible. Par ailleurs, il est difficile d'accréditer la prétention de Leslie voulant que Muir ne reçut pas « un cent » de redevances de Nordheimer qui lança la première édition avec copyright en 1871. Cette édition mentionne sur sa page frontispice que la chanson fut « chantée par J.F. Hardy, esq., au cours de ses divertissements populaires et fut très applaudie », ce qui contredit une autre histoire selon laquelle la première exécution publique de « The Maple Leaf For Ever » n'aurait eu lieu que le 24 juillet 1874, alors que Muir dirigea des écoliers lors de la pose de la première pierre d'une église à Newmarket, au nord de Toronto, en présence du comte de Dufferin.
Le texte de la chanson fut révisé plusieurs fois par Muir. Sur un exemplaire de l'édition originale, conservé à la Bibliothèque nationale du Canada, Muir a corrigé de sa propre main la première ligne du refrain « The Maple Leaf, the Maple Leaf, the Maple Leaf for ever! » pour qu'elle se lise « The Maple Leaf, our emblem dear, the Maple Leaf for ever! ». Il y eut d'autres petites corrections et une révision d'importance en 1894. Le 8 septembre de la même année, le journal torontois The Empire imprima une lettre signée de Muir dans laquelle il se plaignait que des versions inexactes des paroles de sa chanson aient circulé et en donnait la version authentique. Cette démarche semble avoir été en fait une mystification voulue, puisque non seulement toutes les versions connues avant 1894 sont conformes au texte original et à ses corrections mineures, mais encore la version « authentique » en est bien une nouvelle, avec cinq strophes au lieu de quatre. En réalité, les deux versions n'ont que deux strophes en commun. La version de 1894, avec son curieux début « In days of yore, the hero Wolfe, Britain's glory did maintain », parut dans plusieurs publications autour des années 1900, mais la version originale est demeurée la plus populaire : « In days of yore, from Britain's shore, Wolfe the dauntless hero came ».
Pour faire oublier l'omission du fait français au Canada, quelques éditions ultérieures modifièrent « The thistle, shamrock, rose entwine » pour se lire « The lily, thistle, shamrock, rose » mais aucune traduction française n'a été trouvée. Il existe cependant un poème d'Octave Crémazie écrit avant 1862, « Salut, ô ma belle patrie! », accouplé à la mélodie de Muir dans Choix de chansons (Montréal 1914).
La musique est presque toujours imprimée en si bémol. L'air, qui ressemble un peu à « My Love is Like a Red, Red Rose », est joyeux mais sa structure est confuse. Couplet et refrain commencent par les huit mêmes notes, sauf que la quatrième et la cinquième sont à des hauteurs différentes du même accord. La séquence sol-si bémol-fa revient cinq fois, mais dans quatre contextes mélodiques différents. Il n'est pas étonnant qu'Alexander Cringan, dans son édition pour l'école, marqua les cinq notes d'astérisques, prévenant le professeur que celles-ci « sont quelquefois chantées incorrectement ».
En 1964, Thompson publia « Our Home, Our Land, Our Canada », musique de Muir sur des paroles de Victor Cowley, un chant qui avait gagné le concours Maple Leaf de la Canadian Authors Assn.