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Raquettes

Les raquettes sont des chaussures qui aident à répartir le poids d’une personne lorsqu’elle marche sur la neige, l’empêchant ainsi de s’enfoncer trop profondément à chaque pas. Autrefois, au Canada, les Autochtones, en dehors des zones côtières du Pacifique et de l’Arctique, utilisaient des raquettes pour se déplacer pendant l’hiver. Aujourd’hui, la pratique des raquettes est devenue un passe‑temps populaire au Canada, adopté par les randonneurs et par les sportifs.

Raquettes à neige
Ces raquettes à neige étroites (à gauche) et de type patte d’ours (à droite) permettaient aux chasseurs iroquois des forêts de l’Est de se déplacer dans différentes conditions de neige. La babiche est couramment utilisée pour tresser les raquettes.
Nicolas Vincent
Portrait du chef huron Nicolas Vincent (Tsaouenhohoui) portant des raquettes, par Philip J. Bainbrigge.
Danse des raquettes
Ojibwés exécutant la danse des raquettes, une célébration qui avait lieu annuellement lors des premières chutes de neige.
Homme attachant ses raquettes (1884)
Types de raquettes
Les raquettes sont produites dans différentes formes et différentes tailles. Elles peuvent être longues et étroites(1), en forme de larmes(2,3,6,7), ovales(4) ou circulaires(5).
Femme autochtone fabriquant des raquettes (vers 1928)

En quoi consistent les raquettes?

Une raquette est une chaussure qui ressemble à… une raquette, placée sous des bottes ou des chaussures d’hiver auxquelles on l’attache. Autrefois, les Autochtones, les commerçants de fourrures et les premiers colons fixaient des raquettes à leurs mocassins.

Dans le passé, presque tous les peuples au Canada fabriquaient et utilisaient des raquettes pour se déplacer à pied pendant l’hiver. Ces dernières leur permettaient de marcher sur une épaisseur de neige dans laquelle ils se seraient autrement enfoncés jusqu’aux genoux et de chasser presque silencieusement. À l’époque de la traite des fourrures, les voyageurs, les explorateurs et les commerçants ont rapidement adopté la raquette, ainsi que d’autres outils et d’autres vêtements autochtones, pour faciliter leurs déplacements et leurs travaux pendant l’hiver.

Comment fabrique‑t‑on les raquettes?

Le processus traditionnel de fabrication de raquettes prend généralement plusieurs jours. Avant de se lancer dans la confection de raquettes, les Autochtones devaient d’abord récolter le bon type de bois pour fabriquer les armatures et chasser les animaux pour utiliser leur peau et fabriquer les babiches (corde en cuir cru). Les armatures étaient généralement réalisées à partir d’arbres donnant un bois durable et souple, comme le frêne ou le bouleau. Le bois était cuit à la vapeur ou trempé dans l’eau pour le rendre flexible pendant la construction des raquettes.

On posait ensuite des lacets en peau de cerf, de caribou ou d’orignal. Les parties avant et arrière de la chaussure étaient fixées à la raquette avec une babiche légère, tandis que l’on utilisait une babiche plus solide pour la partie centrale, afin de mieux supporter le poids du marcheur. Des sangles en cuir ou en cuir cru permettaient de maintenir solidement les mocassins sur les raquettes. Parfois, les raquettes étaient décorées de charmes spéciaux ayant une portée culturelle.

Aujourd’hui, il est rare que des raquettes soient fabriquées à la main, la plupart d’entre elles étant produites en série. Les raquettes modernes sont dotées de cadres en aluminium et de crampons en acier. De nos jours, les raquettes traditionnelles en bois et en peaux de bêtes sont considérées comme des œuvres d’art et présentées comme telles dans de nombreux centres culturels et musées en Amérique du Nord (voir aussi Art autochtone au Canada).

Le saviez‑vous?
En 1758, lors de la guerre de Sept Ans, les Français ont vaincu les Britanniques au cours de la « bataille sur raquettes » qui s’est tenue près du lac George, dans l’État de New York actuel. Cette défaite a fait prendre conscience aux Britanniques de l’efficacité des raquettes lors des campagnes militaires au Canada pendant l’hiver.

Types de raquettes

Traditionnellement, les raquettes différaient en taille et en forme, en fonction de l’utilisation de la chaussure et en fonction de son fabricant. Les Cris du Nord utilisaient des raquettes allongées en forme de larmes, parfois appelées raquettes « en queue d’hirondelle », pendant les mois d’hiver, lorsque la neige était lourde et profonde. Ils chaussaient également, pour se déplacer dans les forêts claires et en terrain vallonné, un autre type de raquettes plus adaptées, dites « en queue de castor », se caractérisant par une grande largeur autour du pied, par une pointe relevée et par une extrémité arrière étroite. Les raquettes « en pattes d’ours », légères et de forme circulaire, étaient idéales pour grimper et marcher dans les zones montagneuses ou dans les régions de forêt denses. Les Inuits et certains peuples cris avaient recours à ce type de raquettes. Les Inuits utilisaient également une raquette large et arrondie, adaptée à la neige profonde, appelée raquette de type « montagnais/inuit ».

Les différents types de raquettes fabriqués par les Autochtones inspirent aujourd’hui encore les modèles modernes. Comme par le passé, la taille et la conception des raquettes varient en fonction de leur destination. Les raquettes pour terrain plat, par exemple, ont une traction modérée et sont idéales pour une utilisation dans l’est et le centre du Canada. Les terrains montagneux et glacés, que l’on trouve par exemple dans l’Ouest canadien, nécessitent des raquettes à neige dotées de minuscules pointes, appelées crampons, offrant une meilleure traction. Les raquettes conçues pour les terrains vallonnés sont également équipées de crampons pour améliorer la traction, mais offrent une « accroche » inférieure à celle des raquettes destinées à la montagne ou à la glace. Les raquettes à neige de course pour les athlètes et pour les amateurs de plein air sont de forme étroite et asymétrique, afin de permettre un déplacement rapide sur la neige tassée.

Importance culturelle

Profondément enracinée dans la technologie et dans l’ingéniosité autochtones, la raquette est maintenant souvent considérée comme un symbole de l’identité et de la culture canadiennes. Les raquettes ont non seulement permis aux Canadiens de survivre sur des terrains enneigés et glacés, mais elles leur ont également appris à les utiliser en y prenant du plaisir. Depuis le milieu du 19e siècle, la pratique des raquettes est devenue une activité sportive et récréative très populaire au sein de la population canadienne. Elles ont également conservé tout leur intérêt pratique pour les chasseurs des différentes régions du pays.

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