Une réserve écologique est, selon le système de classification des aires protégées, une aire particulièrement protégée de l'activité humaine. Les aires protégées, qui peuvent être des parcs provinciaux ou nationaux, des aires de conservation, des réserves fauniques, des aires présentant un intérêt écologique et des zones de milieu sauvage, bénéficient de différents degrés de protection. Dans certaines, on permet la chasse et la pêche, la récolte du bois ainsi que les véhicules à moteur. Dans d'autres, notamment les réserves écologiques, on limite l'infrastructure et les accès associés au développement ou au tourisme. Les gestionnaires classent en général les aires protégées à l'aide du système de classification des aires protégées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La classe 1A de l'UICN (réserve naturelle/réserve écologique) est la plus restrictive. Lorsque l'accès à une aire de ce type est autorisé, comme c'est le cas en Colombie-Britannique, les visites se limitent à des activités relativement passives comme la perception de la nature, l'observation des oiseaux et la randonnée pédestre.
Les réserves écologiques sont créées pour protéger des caractéristiques naturelles précieuses, particulièrement lorsque la fragilité ou la rareté de celles-ci justifient la restriction à son minimum de l'activité humaine. C'est pourquoi les scientifiques présentent souvent les réserves écologiques comme des sites de référence pour la surveillance d'écosystèmes intacts.
Réserves écologiques au Canada
Les réserves écologiques comme les réserves fauniques ou les sanctuaires d'oiseaux sont créées pour protéger un élément naturel en réduisant au minimum l'activité humaine. La différence entre les deux types de réserve est en quelque sorte historique. Au début des années 1900, les refuges de gibier ou sanctuaires d'oiseaux sont établis principalement comme des zones d'interdiction de chasse afin de reconstituer les populations de certaines espèces de gibier qui ont été chassées ou piégées jusqu'à leur quasi-disparition. Les réserves écologiques deviennent populaires dans les années 1970, une période où la société accorde davantage de valeur aux espèces qui ne présentent d'intérêt ni pour la chasse ni pour la pêche, comme les fleurs sauvages ou les arbres, les insectes et les amphibiens rares. Bien que les espèces de gibier puissent bénéficier d'une protection au sein de la réserve, les sites sont choisis principalement en fonction d'autres éléments. Les réserves constituent une stratégie souvent appliquée pour protéger les espèces en voie de disparition parce qu'une protection totale est souvent nécessaire lorsque les individus sont très peu nombreux.
Le Programme biologique international (1967-1974), qui détermine les sites présentant la plus grande valeur biologique, est à l'origine de nombreuses réserves écologiques au Canada. Beaucoup de ces sites deviennent des réserves désignées sous des noms tels que « zone importante et sensible sur le plan environnemental » (dans la plupart des provinces), « terres humides d'importance provinciale » (Nouveau-Brunswick, Ontario, Colombie-Britannique) ou « zone importante pour la conservation des oiseaux » (BirdLife International et Fédération canadienne de la nature). Par exemple, la réserve pour les oiseaux de rivage de Mary's Point (1 km2) Nouveau-Brunswick, où se trouve 95 p. 100 de la population mondiale de bécasseaux semipalmés, est une réserve nationale faunique, une zone importante pour la conservation des oiseaux et une zone humide Ramsar.
Aujourd'hui, le terme « réserve écologique » est synonyme « d'aire exceptionnelle » ou « d'aire d'intérêt écologique », tandis que les aires de conservation et les parcs nationaux ou provinciaux sont synonymes « d'écosystèmes représentatifs ». Il existe également des différences géographiques. Dans le sud du Canada, les réserves écologiques sont souvent plus petites et protègent surtout des plantes ou animaux rares. En revanche, la plupart des réserves du nord, comme le refuge faunique Thelon (52 000 km2), protègent de vastes sanctuaires d'oiseaux ou des espèces de gibier. Ces sites sont plus étendus et ressemblent davantage aux réserves de chasse traditionnelles qu'à des réserves écologiques.
Voici quelques exemples de réserves écologiques ou naturelles au Canada :
Colombie-Britannique - Robson Bight (17,2 km2); sanctuaire d'épaulards Alberta - Dunes d'Athabasca (37,7 km2); dunes de sable qui se déplacent Saskatchewan - Crooked Lake Fen (0,2 km2); zone humide exceptionnelle Manitoba - Armit Meadows (2,6 km2); vestige de prairie de fétuque Ontario - Quarry Bay (9,7 km2); plantes raresQuébec - André-Linteau (0,9 km2); forêt rareNouveau-Brunswick - Pointe Daly (0,4 km2); papillon en voie de disparition Île-du-Prince-Édouard - Rivière Brudenell (0,1 km2); forêt riveraine Nouvelle-Écosse - Eighteen Mile Brook (0,6 km2); plante rare Terre-Neuve-et-Labrador - Burnt Cape (3,6 km2); plantes raresNunavut - Refuge d'oiseaux de l'île Bylot (0,6 km2); nidification d'oiseaux marins Territoires du Nord-Ouest - Île Banks (142 km2); oie des neiges Yukon - Horseshoe Slough (87,7 km2); halte migratoire de la sauvagine
Administration
L'administration des réserves écologiques est relativement simple par rapport à celle d'autres catégories d'aires protégées. De nombreuses réserves interdisent ou limitent l'accès au site, n'en font pas la promotion à des fins touristiques et n'ont pas, ou très peu, d'infrastructure nécessitant du personnel ou de l'entretien. Si l'accès est restreint, les réserves sont souvent délimitées au sol par une signalisation et une délimitation exigée par la loi pour indiquer aux visiteurs qu'ils pénètrent dans un site où de nombreuses activités sont limitées. Les réserves où l'écotourisme est important réglementent l'activité de différentes manières. Par exemple, les bateaux d'excursion doivent rester à une distance minimale des oiseaux marins qui nichent à Witless Bay (31 km2, T.-N.-L.).
Défis et initiatives
Le défi des réserves écologiques est qu'elles ne correspondent pas aux modèles typiques d'utilisation des terres dans la société. Une réserve n'entre pas dans les paradigmes actuels d'usage multiple du développement durable et de l'écotourisme, dans lesquels l'utilisation éclairée d'une ressource est considérée non seulement comme possible, mais aussi comme souhaitable, parce qu'elle peut être justifiée par une valeur économique ou sociale. La société peut soutenir la réduction de l'exploitation des ressources ou des visites pour de petites zones réservées, mais le soutien politique est peu probable pour des zones plus vastes. Ainsi, la plupart des réserves écologiques sont très petites, généralement quelques kilomètres carrés dans les régions habitées.
Le principal défi de ces aires protégées est leur petite taille. Les petites réserves sont plus vulnérables aux perturbations naturelles et aux forces extrinsèques, comme l'exploitation forestière, minière ou agricole et l'urbanisation, qui peuvent isoler la réserve. Plus la réserve est petite, plus sa viabilité dépend d'apports génétiques et démographiques extérieurs. Souvent, la réponse apportée par les gestionnaires à cette difficulté est l'ajout de zones tampons pour minimiser les répercussions du développement adjacent.
La petite taille des réserves rend d'autant plus pressante la question - à ce jour sans réponse - de la superficie minimale qu'un site doit avoir pour jouer un rôle écologique. Nous ne possédons que des données scientifiques limitées sur la taille que doit avoir une zone tampon autour d'un bocage d'arbres anciens pour réduire les chablis ou sur l'influence de l'écoulement de l'eau dans une étendue vaste sur le microhabitat d'un massif d'orchidées rares.
(Voir aussi animaux en voie de disparition; plantes en voie de disparition.)