Cours
Les sources de la rivière Oldman se situent sur les versants du mont Lyall, à la frontière entre la Colombie-Britannique et l’Alberta. La rivière s’écoule de là vers le sud-est, jusqu’aux contreforts des Rocheuses et alimente, avec les rivières Crowsnest et Castle, le réservoir Oldman. La rivière Oldman s’écoule ensuite vers l’est, en aval du barrage qui porte son nom, et l’été, une partie de son débit sert à alimenter des canaux d’irrigation qui s’en vont vers Keho et les réservoirs des lacs Picture Butte et Park. La rivière traverse ensuite Fort Macleod et pénètre dans la région semi-aride des Prairies. Entre Fort Macleod et Lethbridge, la rivière Oldman mélange ses eaux à celles des rivières Belly et St. Mary, qui proviennent toutes les deux du Nord-Ouest du Montana, aux États-Unis. La rivière continue ensuite vers l’est à travers les Prairies, est rejointe par la rivière Little Bow, puis passe à proximité de Taber avant de se joindre à la rivière Bow pour former la rivière Saskatchewan Sud.
Flore et faune
La rivière Oldman descend des pentes abruptes des Rocheuses jusqu’aux étendues herbeuses des Prairies dont la plus grande partie a été convertie à des fins agricoles. Le bassin boisé du cours supérieur de la rivière Oldman arbore des sapins subalpins, des épinettes d’Engelmann et des pins tordus latifoliés. On y rencontre des ours noirs, des grizzlys, des carcajous, des chèvres de montagne, des cerfs, des gélinottes et des oiseaux aquatiques. La végétation rencontrée entre les contreforts et les prairies comprend l’agropyre, la fétuque, le peuplier faux-tremble et divers arbustes, tandis que dans la vallée, ce sont les peupliers deltoïdes et les peupliers qui dominent. Du côté de la faune, le bassin offre un habitat au chevreuil, au coyote, au lapin, à l’antilope, au serpent à sonnette, à l’aigle royal et à la gélinotte. Dans les eaux froides du cours supérieur de la rivière Oldman, on rencontre le ménomini des montagnes, des truites et le chabot à tête courte, tandis que dans les eaux plus chaudes en aval, on trouve le grand brochet, le doré jaune, la laquaiche aux yeux d’or et la perchaude. Les rives sont par ailleurs fréquentées par des castors et des rats musqués.
Préoccupations environnementales
La population présente dans le bassin de la rivière Oldman est relativement faible, mais la demande en eau y est élevée. Jusqu’à 70 % du débit médian est ainsi utilisé par les communautés environnantes, principalement pour l’irrigation. La rivière Oldman est régulée par le barrage Oldman, et un canal d’irrigation en aval du barrage envoie de l’eau vers plusieurs réservoirs situés à proximité pour l’irrigation des fermes locales. Plusieurs affluents de la rivière Oldman possèdent également d’importantes installations d’irrigation. De l’eau est également prélevée dans la rivière pour des utilisations industrielles ou municipales, notamment pour les villes de Fort Macleod et Lethbridge.
Ces prélèvements d’eau réduisent le débit et stressent la rivière lorsqu’ils sont combinés à un déclin du manteau neigeux et à une fonte précoce des neiges (principalement due au changement climatique). La réduction du débit entraîne notamment une hausse de la température de l’eau qui rend difficile la survie des espèces aquatiques qui préfèrent des eaux plus froides. La végétation riparienne est par ailleurs affectée par les périodes de sécheresse.
La qualité de l’eau est bonne dans le cours supérieur de la rivière, mais décroît vers l’aval. Elle atteint son plus bas niveau durant la saison de croissance (de mai à août). La qualité de l’eau est affectée par les ruissellements agricoles, municipaux et industriels qui peuvent contenir des contaminants bactériens, des engrais et des pesticides. De plus, la mauvaise qualité de l’eau rencontrée dans certains affluents contribue aux problèmes de qualité de l’eau dans la rivière Oldman.
En juin 2013, des pluies torrentielles combinées à la fonte des neiges dans le sud de l’Alberta ont provoqué une inondation dévastatrice avec le débordement des rivières Bow et Oldman. Plusieurs communautés, notamment celles de Lethbridge, ont dû déclarer l’état d’urgence. L’inondation a en plus provoqué une dégradation de la qualité de l’eau due notamment à la présence accrue de bactéries fécales.
Histoire
Le bassin de la rivière Oldman est le territoire traditionnel de la nation Piikani de la Confédération des Pieds-Noirs. La rivière Oldman tient son nom de Napi, le « Old Man » (vieil homme), créateur de la Terre et de tous ces êtres vivants. Le « Old Man’s Playing Ground » est un site de grande importance culturelle, près des sources de la rivière Oldman, où les Piikani se rassemblaient pour participer à des jeux. Les Piikani étaient nomades, récoltaient des racines et cueillaient des baies. À l’automne, ils participaient à de grandes parties de chasse au bison communautaires. La chasse consistait à pousser les animaux vers un « précipice à bisons », tel que celui du site Head-Smashed-In Buffalo Jump, juste au nord de la rivière et à l’ouest de Fort Macleod. Les bisons constituaient une ressource essentielle pour la subsistance des Piikani avant de devenir une ressource économique durant la traite des fourrures. Plusieurs facteurs, notamment l’introduction des carabines, ont entraîné l’écroulement des populations de bisons qui friseront l’extinction dans les années 1880.
Le premier Européen connu à atteindre la rivière Oldman est Peter Fidler, un arpenteur pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui parvient à la rivière durant l’hiver 1792-1793. Peu après son exploration, la Compagnie de la Baie d’Hudson envoie des négociants en fourrure pour instaurer un commerce avec les Piikani. Les colons européens ne s’installent cependant pas dans la région avant le début des années 1870, époque à laquelle les premiers villages tels que Fort Whoop-Up apparaissent sous l’impulsion du commerce du whiskey. Après l’arrivée de la police à cheval du Nord-Ouest, en 1874, et de l’ordre public qui l’accompagne, les Européens commencent à bâtir des fermes et des ranchs et à prélever de l’eau dans la rivière Oldman pour irriguer leurs terres.