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Niitsitapi (Pieds-Noirs)

Les Niitsitapi, parfois également appelés la Nation des Pieds-Noirs, la Confédération des Pieds-Noirs, ou les Siksikaitsitapi, sont composés de trois nations autochtones; les Kainai, les Piikani et les Siksika. Le nom Niitsitapi signifie « le vrai peuple ». Le nom Siksikaitsitapi veut dire « le vrai peuple qui parle la langue pied-noir ». Le territoire traditionnel des Niitsitapi s’étend sur certaines parties du sud de l’Alberta et de la Saskatchewan, ainsi que sur le nord du Montana. Lors du recensement de 2021, 18 485 personnes ont déclaré être d’ascendance pied-noir.

Population et territoire

Le territoire traditionnel des Niitsitapi est décrit comme couvrant approximativement la moitié sud de l’Alberta et de la Saskatchewan, et la partie nord du Montana. Dans l’ouest, les Niitsitapi sont délimités par les Rocheuses, tandis qu’à l’est, leurs limites s’étendent au-delà des Great Sand Hills à l’est de la Saskatchewan. Leur territoire de chasse inclut les aires de répartition abondantes en bison du sud de l’Alberta et du nord du Montana. Lors du recensement de 2021, 18 485 personnes déclarent être d’ascendance pied-noir.

Vie avant la colonisation

La culture traditionnelle des Niitsitapi est basée sur la chasse au bison, ce qui les lie de façon intrinsèque aux Plaines. Ils vivent librement sur les terres, suivant les bisons à travers les plaines jusqu’aux territoires de chasse, où ils utilisent les techniques de précipices à bisons et de poursuites. En raison de leur mobilité, les Niitsitapi vivent dans des camps sous des tipis. Ils chassent également d’autres gros gibiers, comme les cerfs, et ils complémentent leur alimentation de noix, de fruits et de légumes. Le bison demeure l’élément le plus important de leur économie, de leur alimentation et de leur mode de vie.

Les Niitsitapi sont également reconnus pour être de féroces guerriers avec un système d’alliances puissantes qui inclut non seulement les nations de la Confédération des Pieds-Noirs, mais d’autres nations comme les Tsuut’ina. Les guerriers sont vénérés par le peuple et ils appartiennent à des sociétés sacrées qui honorent et testent leur courage et leurs compétences. Malgré des pertes importantes de population à cause des guerres, la Confédération des Pieds-Noirs demeure l’un des groupes autochtones les plus puissants des Plaines du Nord, rendant temporairement impossible l’expansion des colons européens vers l’ouest.

Shining Mountains - the Ancient Ones par Guy Clarkson, National Film Board of Canada

Société et culture

Danse du Soleil

Pendant l’été, les groupes se rassemblent pour la chasse au bison et pour célébrer avec des festins et des danses élaborées. La danse du soleil, une célébration communautaire tenue annuellement au milieu de l’été, est un aspect central de la vie culturelle des Niitsitapi. Les colons et les missionnaires européens s’opposent aux traditions complexes et bien établies des Niitsitapi. Des lois et des politiques assimilatrices sont mises en œuvre pour éradiquer l’expression de la culture traditionnelle. (Voir aussi Loi sur les Indiens; Pensionnats indiens.) Cependant, les récits oraux des Niitsitapi transmettent les traditions culturelles aux générations suivantes, y compris la participation aux cérémonies de la suerie et de sociétés secrètes (comme la Horn Society), l’utilisation de sacs de médecine, et d’autres moyens de purifier le corps et l’âme.

Religion et spiritualité

Bien que les récits de la création diffèrent entre les communautés des Niitsitapi, ils croient généralement que le Créateur (aussi appelé « Vieil homme » ou « N’api ») est la lumière personnifiée, et par conséquent, il est également considéré comme le début de la journée, le début de la vie. Comme selon d’autres religions autochtones, le Créateur n’est pas humain et n’a pas de sexe. Le Vieil homme a créé les humains, et il fait éternellement partie d’eux, de toutes les créatures et de toutes les formes de vie sur terre.

Langue

La langue pied-noir fait partie de la famille linguistique algonquienne. Elle est parlée par les trois nations de la Confédération des Pieds-Noirs, avec seulement de légères variations de dialecte (voir Siksikáí’powahsin: la langue pied-noir).

John William Tims, un missionnaire anglican, crée le syllabaire pied-noir (un système d’écriture) alors qu’il vit parmi les Pieds-Noirs, de 1883 à 1895. De nos jours, le syllabaire n’est que rarement utilisé. En 1975, le système d’écriture des Pieds-Noirs est officiellement changé pour mieux représenter les sons et les mots de la langue. Le code orthographique suit généralement les conventions suivantes :

Séquences alphabétiques

12 lettres latines : a, h, i, k, m, n, o, p, s, t, w, y

Coup de glotte (le son émis en prononçant une consonne tout en fermant le passage d’air dans le conduit vocal)

Représenté par une apostrophe (’)

Voyelles

Lettres latines : a, i, o

Semi-voyelles

Les lettres latines w et y, lorsqu’elles sont entre des voyelles


Il existe peu de différences linguistiques entre les dialectes pieds-noirs. Les différences lexicales (c’est-à-dire l’emploi de mots différents pour un même référent ou des significations différentes assignées au même mot) incluent des mots qui ne font pas partie des cultures autochtones. Par exemple, le mot pour « crème glacée » est sstónniki (littéralement « lait froid ») en kainai et áísstovi (littéralement « ce qui est froid ») en siksika. Les grammaires dialectales ont également des divisions du genre différentes (c’est-à-dire masculin/féminin/neutre et animé/inanimé). Par exemple, le mot pour « cendrier » en kainai, iitáísapahtsimao'p, est du genre animé, tandis que le même mot en piikani est du genre inanimé. La phonologie (système des sons) diffère également entre les tribus, mais en général, les locuteurs du siksika, du kainai et du piikani se comprennent. Les pensionnats indiens et d’autres mesures d’assimilation érodent l’usage de la langue et des pratiques culturelles traditionnelles. En 2021, Statistique Canada rapporte que 4935 personnes identifient la langue des Pieds-Noirs comme étant leur langue maternelle. Lors de ce même recensement, 6585 personnes déclarent avoir une connaissance de la langue pied-noir. Étant donné qu’elle est considérée comme une langue en voie de disparition, plusieurs programmes existent pour favoriser sa résurgence. En effet, le ministère de l’Éducation de l’Alberta, par l’entremise de consultations avec des aînés et des éducateurs niitsitapi, offre un soutien pédagogique complet pour l’enseignement de la langue pied-noir de la maternelle à la 12e année, pour les élèves autochtones et non autochtones.

Le saviez-vous?
La Urban Society for Aboriginal Youth (USAY) a fait un partenariat avec une compagnie de réalité virtuelle et augmentée nommée Mammoth afin de créer Thunder VR, un outil d’apprentissage immersif de préservation de la langue et de la culture des Pieds-Noirs. Le jeu de réalité virtuelle, basé sur le roman graphique pied-noir Thunder, raconte l’histoire ancienne des Pieds-Noirs d’un homme qui perd sa femme et qui doit faire un très long périple pour aller confronter l’esprit de Thunder (Ksistsikoom) afin de la retrouver. Le jeu Thunder a été développé par USAY et Randy Bottle (Saakokoto), un aîné kainai. Le jeu de technologie de pointe, pour lequel Saakokoto fait la narration, est conçu afin d’enseigner la langue pied-noir en voie de disparition à une nouvelle génération d’apprenants, et il est présenté comme un mélange de tradition et de technologie. USAY et Mammoth, deux organismes basés à Calgary, ont reçu du financement du gouvernement du Canada et ils ont lancé Thunder VR, ainsi que des casques 27 Oculus Go, dans les écoles de Calgary à l’automne 2019. Thunder VR est offert en téléchargement gratuit sur Oculus Go.


Histoire coloniale

L’influence des Européens en Amérique du Nord précède leur contact avec les Niitsitapi. Bien que les premiers marchands européens ne rencontrent les Niitsitapi qu’au milieu du 18e siècle, des chevaux, qui sont apportés en Amérique du Nord par les Espagnols, les atteignent probablement par le biais du commerce en provenance de l’ouest, entre 1725 à 1731. À peu près à la même époque, ils reçoivent des armes à feu des marchands de traite cris et assiniboines voisins. Pendant la majeure partie des 18e et 19e siècles, les Niitsitapi à cheval dominent leur territoire de chasse et sont presque continuellement en guerre contre les Cris, les Assiniboines, les Crow, les Nez Percé, les Shoshones et d’autres nations. Ils fréquentent les postes de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest sur la rivière Saskatchewan Nord, mais ils se battent contre les trappeurs et les commerçants indépendants des États-Unis dans le sud jusqu’en 1870, année où les troupes américaines massacrent environ 173 Piikani à Fort Ellis dans le Montana actuel, selon un officier militaire américain. Des témoins piikani affirment que le nombre de morts s’élève à près de 220 personnes.

La population des Niitsitapi varie pendant cette période, les estimations allant de 20 000 en 1833 à 6350 personnes après l’épidémie de variole de 1837. De la fin du 18e au milieu du 19e siècle, les Tsuut’ina (Sarsis) et les Gros Ventres, bien que culturellement et linguistiquement distincts des autres nations de la Confédération des Pieds-Noirs, s’allient à la Confédération pour des raisons politiques.

Faisant face à la réalité de la diminution des troupeaux de bisons et de l’augmentation de la colonisation européenne, deux facteurs encouragés par des gouvernements coloniaux opportunistes, les Niitsitapi se retrouvent avec un minimum d’options et ils cherchent une protection culturelle et politique pour leurs terres natales.

Traités

Les Niitsitapi signent un traité avec le gouvernement américain en 1855. En 1877, ils signent le Traité no 7 avec le gouvernement canadien. La plupart des Piikani s’installent sur une réserve au Montana (maintenant connue sous le nom de Blackfeet nation et comptant 17 321 membres) tandis que les Nations Siksika, Kainai et Piikani du Nord établissent chacune des réserves dans le sud de l’Alberta.

À la fin des années 1800, les bisons disparaissent des plaines. De plus, les réserves mettent effectivement fin aux modes de vie traditionnels, y compris à la chasse au bison. La Confédération a du mal à survivre sur les réserves sans la possibilité de chasser le bison. Les historiens qualifient généralement l’hiver de 1883 à 1884 comme « l’hiver de la famine » en raison de la faim généralisée qui frappe la Confédération durant cette saison.

Vie contemporaine

Les Niitsitapi réussissent à conserver une grande partie de leur culture traditionnelle face à l’adversité. Aujourd’hui, les nations de la Confédération des Pieds-Noirs sont des communautés vibrantes qui mettent l’accent sur la culture traditionnelle dans les programmes d’éducation, de bien-être et de guérison, ainsi que dans d’autres aspects de la vie quotidienne. De nombreux Niitsitapi dépendent de l’élevage et de l’agriculture. Ils gèrent également des entreprises qui appartiennent à des Autochtones, dans des domaines comme le tourisme, l’extraction et la gestion des ressources.

Sur le plan politique, les nations des Niitsitapi sont représentées par des chefs et des conseils élus, ainsi que par la Société de gestion du Traité no 7, qui fournit des services de défense des droits et de conseil. La Confédération des Pieds-Noirs elle-même est la source d’un certain élan politique, avec des conférences annuelles organisées entre les nations membres en vue de faciliter de meilleures organisation et influence collectives. Les nations membres négocient et remportent également des victoires de manière indépendante auprès des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral en ce qui concerne l’autonomie gouvernementale, l’autodétermination et les revendications territoriales, entre autres.

En 2014, la Confédération se joint à d’autres Premières Nations en signant le Traité Iinii ou le Buffalo Treaty. Ces autres nations incluent : la Blackfeet Nation (bande américaine), les tribus Assiniboine et Gros Ventre de la réserve de Fort Belknap, les Assiniboines et Dakota de la réserve de Fort Peck, les tribus confédérées Salish et Kootenai (voir aussi Salish de la côte; Salish du continent), et la Nation Tsuut’ina. En 2015, la Nation Stoney Nakoda et la Nation crie de Samson signent également ce « traité ouvert », qui est ouvert à d’autres Premières Nations du Canada et des États-Unis. Entre autres questions, les signataires s’entendent pour unir le pouvoir politique des nations autochtones des Plaines du Nord, pour travailler pour la conservation du bison et pour renforcer les liens traditionnels avec la terre. En tant que traité ouvert, le Traité Iinii continue de s’étendre, et il est signé par de plus en plus de communautés autochtones, ainsi que par des Premières Nations et des organisations.

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones

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Liens externes

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