Robert Duncan Wilmot, sénateur (1867-1880), lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick (1880-1885), homme politique et homme d’affaires (né le 16 octobre 1809 à Fredericton, au Nouveau-Brunswick; mort le 13 février 1891 à Sunbury County, au Nouveau-Brunswick). Robert Duncan Wilmot est un homme d’affaires du Nouveau-Brunswick qui met son expérience de porte-parole de l’entreprise familiale au service de sa carrière politique. Il est maire de Saint-Jean et représente le comté environnant à l’Assemblée législative pendant les années précédant la création de la Confédération. Initialement opposé à la Confédération parce qu’elle ne limite pas suffisamment les pouvoirs des autorités provinciales à son goût, il participe d’abord à un gouvernement anti-Confédération au Nouveau-Brunswick en 1865 pour finalement intégrer la délégation envoyée à la Conférence de Londres en 1866. Il est converti au projet d’union après avoir réévalué les 72 résolutions et avoir subi des déconvenues personnelles successives.
Jeunesse
Élevé à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, Robert Duncan Wilmot est le fils d’un commerçant et responsable politique conservateur. Entre 25 et 30 ans, il représente l’entreprise de son père à Liverpool, en Angleterre. À son retour au Nouveau-Brunswick, il participe à l’industrialisation locale et devient administrateur de la European and North American Railway. Il est favorable au projet visant à convertir Saint-Jean en capitale de la colonie.
Carrière politique
Élu à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick en tant que représentant du comté et de la ville de Saint-Jean en octobre 1846, il siège sans interruption pendant 15 ans. Devenant également maire de Saint-Jean pendant cette période (1849-1850), il est attaqué par la foule lorsqu’il tente de briser un soulèvement de l’ordre d’Orange. Dès le début de sa carrière politique, il passe maître dans l’art de changer de camp. Il fait campagne contre le gouvernement conservateur en 1850, puis accepte le poste d’arpenteur des terres du Canada qui lui est proposé par ce même parti l’année suivante. Il est un des opposants au gouvernement responsable et vote contre plusieurs mesures destinées à mettre en place un système de scrutin. Dès que surgit le projet d’union des colonies maritimes, il préfère des solutions conduisant à une dissolution des corps législatifs locaux au profit d’un gouvernement central fort.
Outre son poste d’arpenteur des terres du Canada de 1851 à 1854, Robert Duncan Wilmot est secrétaire provincial de 1856 à 1857. Il se retire du monde politique colonial afin de se consacrer à l’agriculture après avoir été battu aux élections de 1861.
Confédération
Robert Duncan Wilmot fait son retour à l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick en mars 1865 lors de la victoire électorale de candidats opposés à la Confédération et au gouvernement du premier ministreSamuel Leonard Tilley. Comme pour l’Union maritime, il estime que le cadre créé par les résolutions de Québec engendre un État central faible. La plupart de ses camarades du Nouveau-Brunswick unis dans la lutte contre le projet de Confédération, tels qu’Albert James Smith, réclament davantage de pouvoirs pour la province, tandis que lui souhaite le contraire.
En 1865, le lieutenant-gouverneur Arthur Hamilton Gordon fait appel à Albert James Smith et Robert Duncan Wilmot pour former un nouveau gouvernement. Sous la houlette d’Albert James Smith, les rapports entre les membres de l’équipe, qui sont en désaccord sur tout, de la distribution des postes et des faveurs aux politiques relatives au chemin de fer, se détériorent rapidement.
Lors d’une conférence organisée à Québec en septembre 1865 sur les répercussions de la fin du traité de réciprocité avec les États-Unis, sa position sur la Confédération commence à évoluer. Il réalise que la majorité francophone du Canada-Est n’accepterait jamais un gouvernement fortement centralisé, et que, l’accord de réciprocité n’étant pas appelé à être renouvelé, l’union déboucherait sur la création de nouveaux marchés. « La ruse déployée par les Canadiens fonctionne sur lui », note l’historien W.S. MacNutt.
Son changement d’opinion s’accélère après ce qu’il perçoit comme une série d’affronts par ses collègues du gouvernement du Nouveau-Brunswick. Il vise le poste de vérificateur général jusqu’à ce que l’Assemblée législative en réduise le traitement annuel de 400 $. Il est contrarié lorsque son cousin Lemuel Allan Wilmot, doyen des juges de la colonie, voit le poste de juge en chef attribué à William Johnston Ritchie. Lorsqu’il s’apprête à démissionner, le lieutenant-gouverneur Gordon l’invite à rester, car il considère que le changement d’opinion de Robert Duncan Wilmot peut s’avérer décisif dans le projet des partisans de la Confédération de faire basculer le gouvernement.
Malgré son rôle récent à la Conférence de Québec, Robert Duncan Wilmot prend définitivement ses distances vis-à-vis d’Albert James Smith lorsqu’il est exclu de la délégation du Nouveau-Brunswick aux pourparlers de Washington DC en février 1866. À la démission de Robert Duncan, le lieutenant-gouverneur Gordon oblige Albert James Smith à accepter l’union pour rester au pouvoir et ne pas être remplacé par Robert Duncan Wilmot ou d’autres partisans de la Confédération.
Le gouvernement d’Albert James Smith tombe en avril 1866. Avec l’arrivée au pouvoir de l’équipe de Peter Mitchell, Robert Duncan Wilmot est dépêché à la Conférence de Londres en décembre 1866 afin de participer à la rédaction de l’accord final de la Confédération.
Voir aussi le Nouveau-Brunswick et la Confédération.
Après la Confédération
Le 23 octobre 1867, Robert Duncan Wilmot devient un des premiers sénateurs du Canada, puis porte-parole du Sénat le 8 novembre 1878. Au cours de cette même année, il est nommé ministre sans portefeuille par sir John A. Macdonald. Il démissionne du Sénat le 10 février 1880 pour devenir lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, poste qu’il occupe pendant cinq ans.
Héritage
En faisant fi de ses propres craintes sur le rôle du gouvernement central dans le cadre d’une nouvelle union, Robert Duncan Wilmot contribue à déstabiliser le gouvernement anti-Confédération qu’il codirige et à faire entrer le Nouveau-Brunswick dans la nouvelle union.