Robert Jameson | l'Encyclopédie Canadienne

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Robert Jameson

Robert Sympson Jameson (né le 5 juin 1796 à Harbridge, au Royaume‑Uni; décédé le 1er août 1854 à Toronto, en Ontario), avocat et homme politique. Robert Jameson a été le dernier procureur général du Haut-Canada (1833‑1837) nommé par le gouvernement britannique et le premier président du Conseil législatif de la province du Canada (1841-1843).

Robert Sympson Jameson

Enfance

Robert Jameson est baptisé le 5 juin 1796. Après la mort de son père, Thomas Jameson, il déménage à Ambleside, dans le Lake District, avec sa mère veuve, Mary Sympson, ses deux frères et sa sœur. Il y grandit parmi les poètes romantiques de l’Angleterre du début du XXIe siècle et leurs familles. Le frère de Robert, Joseph, un ecclésiastique qui subvient aux besoins de la famille, reçoit une lettre de recommandation élogieuse du poète William Wordsworth. Robert Jameson devient un ami proche de Hartley Coleridge, fils du poète Samuel Taylor Coleridge.

Début de carrière juridique

Robert Jameson commence ses études de droit à Middle Temple, à Londres, en 1818 et est admis au barreau en 1823. Pendant six ans, il travaille comme rédacteur de textes concernant l’equity et publie, en collaboration, deux volumes contenant des comptes rendus de procès relatifs à des causes de faillite. En 1829, il est nommé juge en chef de la Dominique, qu’il qualifie de « lieu lugubre, vulgaire, sensuel et totalement dépourvu d’intellect ». Il décline par la suite un poste de juge en chef de Trinité-et-Tobago et retourne au Royaume-Uni en 1833.

Jameson, Anna

Mariage et séparation

En 1821, Robert Jameson fait la connaissance d’Anna Murphy, gouvernante, artiste et écrivaine. Selon la nièce et biographe d’Anne Murphy, Geraldine Macpherson, « [Robert Jameson] est venu à Londres pour se lancer sérieusement dans l’exercice de sa profession et il est dans la fleur de l’âge et enthousiaste, d’apparence agréable et a des manières considérées comme des plus fascinantes ». Le couple partage des intérêts littéraires et artistiques, mais, pendant leur fréquentation, Anna Murphy écrit à ses amis et à sa famille qu’ils ont des tempéraments différents. Ils se marient en 1825.

Le couple passe ensemble un hiver malheureux à Toronto en 1836‑1837. Il se sépare à l’amiable en 1837 avant qu’Anna Murphy ne retourne au Royaume-Uni en 1838. Geraldine Macpherson écrit plus tard que sa tante « ne considérait pas qu’il était de son devoir de s’expatrier […] pour partager la vie d’un homme froid et autosuffisant ». La biographe Clara Thomas conclut toutefois que la consommation excessive d’alcool de Robert Jameson, qui remonte à ses mois malheureux en Dominique, son insociabilité et sa timidité ont pu contribuer à l’échec du mariage. Bien que ce dernier ait droit aux revenus de sa femme en tant qu’auteur en vertu des lois de protection maritale en vigueur de l’époque, il accepte de lui verser une rente de 300 livres sterling, en lui écrivant le 21 septembre 1837 : « Mon affection pour vous ne s’estompera jamais. ». Ils ne se reverront plus.

Procureur général et vice-chancelier

En 1833, Robert Jameson devient procureur général du Haut-Canada et déménage à Toronto, où il fait construire une grande maison en briques dans la rue Wellington. Il s’agit de la dernière nomination britannique à ce poste. Ses fonctions consistent à donner des avis juridiques, à faire rapport sur les pétitions, à examiner les demandes de permis et de lettres patentes et à s’occuper de questions législatives, administratives et judiciaires.

En 1837, Robert Jameson est promu vice-chancelier, le premier conseiller juridique de la Couronne au Haut‑Canada, au sein de la Cour de la chancellerie nouvellement créée. Il demeure vice-chancelier pendant une décennie après la création de la province du Canada en 1840. Le journaliste canadien, John Charles Dent, critique ainsi la performance de Robert Jameson en tant que vice-chancelier : « Ce gentilhomme était un juriste assez efficace, mais il a cédé à des faiblesses personnelles et a laissé les affaires de la Cour prendre un retard important. Les plaignants étaient parfois incapables d’obtenir des décisions après des années de retard, et il y avait un manque total d’ordre et d’organisation dans la procédure. ». Robert Jameson est également trésorier du Barreau du Haut‑Canada de 1836 à 1841 et de 1845 à 1846.

Carrière politique

En 1834, Robert Jameson est invité par le leader local irlandais de l’Ordre d’Orange, Ogle Robert Gowan, à poser sa candidature à l’élection législative du Haut-Canada en tant que représentant de la circonscription de Leeds, près de Brockville, en Ontario. Les deux hommes se présentent en tant que candidats « constitutionnels » indépendants. Ils sont tous deux élus avec une nette majorité, mais en février 1835, un corps législatif, dominé par les réformistes, disqualifie les résultats en raison d’une attaque perpétrée par les partisans d’Ogle Robert Gowan contre les partisans des candidats réformistes, dans le lieu de scrutin public. (Le scrutin secret ne sera introduit en Ontario qu’en 1874.) Ogle Robert Gowan et Robert Jameson se présentent de nouveau en 1835. Ils sont de nouveau élus, puis destitués en raison d’émeutes pendant l’élection qui se sont soldées par le meurtre d’un de leurs partisans par un tavernier réformiste local, une affaire instruite par Robert Jameson lui-même.

À la suite des réformes recommandées par Lord Durham après la rébellion de 1837 dans le Haut-Canada, le climat politique s’apaise et Robert Jameson se présente de nouveau aux élections à Leeds. Il est membre du Conseil législatif de la province du Canada de 1841 à 1853 et en est le premier président depuis 1841 jusqu’à sa démission en 1843.

Intérêts académiques, littéraires et culturels

L’ecclésiastique canadien, Henry Scadding, décrit Robert Jameson comme « un homme très instruit et possédant beaucoup de goût, et même de compétences, en matière d’art […] Sa conversation était chargée de souvenirs et d’anecdotes sur […] les Coleridge, les Wordsworth […] avec qui il avait été intime dans sa jeunesse. ». Robert Jameson siège au premier conseil d’administration du King’s College King’s College, aujourd’hui l’Université de Toronto, en 1834 et figure parmi les premiers membres du conseil du Trinity College en 1851.

Robert Jameson devient surintendant en chef de l’Éducation dans la province du Canada en 1841. Il écrit au baron de Sydenham : « Nous sommes particulièrement sensibles à la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour assurer l’éducation de la population, dont le manque se fait cruellement sentir dans cette province. Nous estimons que l’établissement d’un système efficace, par lequel les bienfaits de l’instruction peuvent être mis à la portée de tous, est une tâche difficile, mais que son importance capitale exige qu’elle soit entreprise. ».

À Toronto, Robert Jameson participe à l’organisation du Toronto Literary Club et de la St. George’s Society of Toronto et est nommé président du premier organisme en 1836 et du second de 1839 à 1841 et en 1848. Il est également l’un des fondateurs de la Toronto Society of Arts en 1847, créant un héritage culturel durable pour la ville. L’avenue Jameson à Toronto, où Jameson achète de vastes propriétés à la fin des années 1840, porte son nom.