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Anna Brownell Jameson

Anna Brownell Jameson (née Murphy), autrice, artiste, historienne de l’art, féministe (née le 19 mai 1794 à Dublin, en Irlande; décédée le 17 mars 1860 à Londres, au Royaume-Uni). Anna Jameson a passé l’hiver et le printemps de 1836–1837 à Toronto avec son époux, Robert Sympson Jameson, un procureur général du Haut-Canada. Elle a beaucoup voyagé dans le sud de l’Ontario au cours de l’été de 1837, consignant ses impressions dans ses croquis, ses aquarelles, et en écrivant son livre Winter Studies and Summer Rambles in Canada (1838).

Anna Jameson was a determined, though conservative, early feminist, one of the many in her generation who were vocal about their rights in law and their needs and opportunities in society.

Jeunesse et éducation

Anna Brownell Murphy est l’aînée des cinq filles du miniaturiste et portraitiste Denis Brownell Murphy qui devient, en 1810, l’artiste peintre émailleur de la princesse Charlotte, fille du prince et de la princesse de Galles et héritière présomptive du futur roi George IV. La mère d’Anna est anglaise, et la famille immigre de l’Irlande à l’Angleterre en 1798. Anna est éduquée par une gouvernante française, mademoiselle Yokeley, jusqu’à l’âge de 12 ans, et elle prend ensuite le contrôle de sa propre éducation et de celle de ses sœurs cadettes. Elle démontre de l’intérêt pour les langues, l’étude du français, de l’italien, et de l’espagnol, et elle écrit également de la poésie depuis son enfance.

En 1810, Anna devient la gouvernante des enfants du marquis de Winchester. Elle passe les 15 années suivantes à enseigner aux enfants de familles importantes, et elle voyage avec la famille Rowles en Italie en 1821. Le décès de la princesse Charlotte durant un accouchement en 1817 entraîne le déclin de la fortune de la famille Murphy, et Anna se tourne vers l’écriture, en plus de l’enseignement, pour subvenir aux besoins de ses sœurs qui ne sont pas mariées.

Mariage

En 1825, Anna Brownell Murphy, alors âgée de 31 ans, épouse Robert Sympson Jameson, un avocat de deux ans son cadet qu’elle a rencontré en 1821. Malgré leur intérêt commun pour la littérature et les arts, leur fréquentation est difficile, et elle hésite à accepter sa demande en mariage. En 1822, elle écrit à sa mère : « J’ai la ferme conviction qu’il existe une disparité entre nos esprits et nos caractères, ce qui fera que ce soit impossible pour moi d’être tout à fait heureuse avec lui. »

Écriture

En 1826, Anna Brownell Jameson publie son premier livre, Diary of an Ennuyée (d’abord publié anonymement sous le titre A Lady’s Diary), un roman inspiré de ses voyages en Europe avec la famille Rowles. Elle écrit également des articles pour The London Magazine sur ses voyages. Anna Jameson écrit des ouvrages d’histoire populaire, des récits de voyage, et des critiques littéraires destinés à un lectorat féminin au début des années 1830. Le livre qui établit sa réputation d’autrice et d’érudite est Characteristics of Women, Moral, Poetical and Historical (1832), plus tard connu sous le titre Shakespeare’s Heroines.

Canada

Robert Jameson est nommé procureur général du Haut-Canada en 1833, et Anna Brownell Jameson accepte de l’accompagner, partant en bateau de Londres le 8 octobre 1836 pour finalement arriver à Toronto à la mi-décembre. Elle passe l’hiver et le printemps de 1836–1837 à Toronto avec son mari. Sa première impression de Toronto le 20 décembre est : « Une petite ville mal bâtie sur un terrain bas, au fond d’une baie gelée, avec une église très laide sans tour ni clocher; quelques bureaux gouvernementaux construits en briques rouges dans un style du plus mauvais goût et vulgaire qu’on puisse imaginer; trois pieds de neige partout; et le lac gris, maussade, et hivernal. » Elle est malheureuse, à la fois dans cette ville et dans son mariage. Elle écrit à ses parents et ses sœurs, leur racontant que Toronto est « une petite communauté de gens de quatrième ordre, à moitié instruits ou sans éducation, où la politique locale la plus mesquine captive les hommes, et les potins et soins ménagers sont le lot des femmes. » L’un de ses rares amis à Toronto est James FitzGibbon, un ancien combattant de la guerre de 1812, qu’elle décrit comme « un soldat de fortune, qui ne doit rien du tout à la fortune, mais tout à son bon cœur, à son bon sens, et à sa bonne épée. »

En juin 1837, Anna Brownell Jameson quitte Toronto et elle parcourt le sud de l’Ontario où elle visite Niagara-on-the-Lake, Hamilton, London, et Port Talbot, ainsi que le Michigan, prenant un bateau non ponté vers Sault Ste. Marie, le lac Huron, et l’île Manitoulin. Elle apprécie son voyage et elle devient la première femme d’Europe à descendre les rapides de Sault Ste. Marie. En septembre 1837, Anna Brownell Jameson quitte le Haut-Canada, et retourne au Royaume-Uni en février 1838 après avoir visité les États-Unis. Elle continue à suivre les événements du Haut-Canada, et elle écrit à son amie Sarah Austin au sujet des rébellions de 1837–1838, qui surviennent tout juste après son départ : « Il y a tant d’erreurs et d’incompétence de la part de notre gouvernement, et les magnifiques capacités du Canada ne semblent que peu comprises jusqu’à présent. »

Winter Studies and Summer Rambles in Canada

Anna Brownell Jameson’s book about her Canadian experiences, Winter Studies and Summer Rambles in Le livre d’Anna Brownell Jameson sur ses expériences canadiennes, Winter Studies and Summer Rambles in Canada, est publié en 1838. Le livre est un récit de voyage divisé en deux sections : son triste hiver à Toronto, avec ses observations critiques de la société du Haut-Canada, et son périple d’été en calèche, en bateau à vapeur, et en canot à travers le sud de l’Ontario. C’est lors de ces aventures d’été qu’elle célèbre la perspective de voyager seule, à visiter des communautés autochtones et à découvrir les paysages canadiens, incluant « ces rapides sauvages, impatients, et tumultueux » à Niagara, et cette « excitation étourdissante, essoufflante, et délicieuse » de descendre les rapides en canot à Sault St. Marie. Tout au long de son récit sur ses « randonnées estivales », Anna Brownell Jameson compare le rôle des femmes d’Europe aux sociétés autochtones, admirant l’indépendance des femmes autochtones.

Séparation

Les Jameson signent un accord de séparation en 1837 avant le départ d’Anna Brownell Jameson du Haut-Canada. Ils conviennent de vivre séparément, et l’accord entend que Robert Jameson lui donnera 300 £ par année. Dans une lettre à sa femme datée du 21 septembre 1837, Robert Jameson écrit : « En quittant le Canada pour vivre parmi vos amis en Angleterre ou ailleurs, vous avez avec vous mon plus parfait respect et mon estime. Mon affection, vous ne cesserez jamais de posséder. S’il en était autrement, j’éprouverais moins de peine à consentir à un arrangement qui ne résulte d’aucun désir de ma part, mais que je me vois contraint de croire le mieux calculé pour votre bonheur. » Cette séparation à l’amiable inhabituelle permet à Anna Jameson de conserver les droits de suite de ses écrits. Jusqu’à ce que la Loi sur les biens de la femme mariée de 1870 soit adoptée, les maris britanniques ont droit aux gains de leur femme. Le couple ne se revoit plus jamais après qu’elle soit retournée en Europe, mais ils correspondent à l’occasion.

Ojibwée, hutte

Art

Au cours de ses voyages au Canada, Anna Brownell Jameson crée plus de 50 dessins, incluant Winter Journey from Niagara by Lake Ontario, et Voyage Down Lake Huron in a Canoe, qui font maintenant partie de la collection du Musée royal de l’Ontario. Anna Brownell Jameson dessine des esquisses et peint les communautés et peuples autochtones, notamment Pen Sketch [Intaglio] of an Indian Woman Walking, Wigwams on the Beach at Mackinaw, et Island of Mackinaw, Lake Huron, ainsi que des aquarelles dépeignant « un guerrier qui danse ». Un album des croquis d’Anna Brownell Jameson fait partie de la section Collections & Rare Books de la biliothèque publique de Toronto.

Écriture et défense ultérieures

Après la publication de Winter Studies and Summer Rambles in Canada (1838), Anna Brownell Jameson concentre son écriture sur l’histoire et la critique de l’art au lieu des voyages. Elle est l’une des premières femmes critiques d’art et historiennes d’art, et elle est la première historienne d’art anglais professionnelle. Sa série en plusieurs volumes Sacred and Legendary Art (publiée entre 1848 et 1864) est la première étude systématique de l’iconographie chrétienne en anglais.

Au cours de ses années ultérieures, Anna Jameson fait du mentorat pour la génération plus jeune des théoriciennes féministes, comme Emily Faithfull, fondatrice du English Woman’s Journal, et Barbara Leigh Smith Bodichon, fondatrice du Girton College, à Cambridge. Anna Jameson se porte à la défense de meilleures perspectives éducatives et des protections juridiques pour les femmes. La philosophie féministe d’Anna Jameson est éclairée par son observation du rôle prédominant des femmes au sein des communautés autochtones durant son séjour au Canada. Elle écrit que les mariages autochtones tiennent compte des besoins des deux partenaires, et que les femmes Chippewa sont capables d’être autosuffisantes en raison des « idées de libertés individuelles » de leur société. Sa dernière publication est The Communion of Labour : A Second Lecture on the Social Employments of Women en 1856. Anna Jameson meurt d’une pneumonie bronchique en 1860.

Legs canadien

L’art et les écrits canadiens d’Anna Jameson suscitent diverses réponses critiques. De son vivant, Winter Studies and Summer Rambles in Canada reçoit des critiques positives et un large lectorat. En 1982, Marian Fowler attribue à Anna Jameson le mérite d’avoir été la pionnière d’un nouveau genre de la littérature canadienne, le féministe picaresque, selon lequel un voyage dans la nature sauvage est « une métaphore pour un voyage psychologique encore plus audacieux dans les régions inconnues au-delà des stéréotypes sexuels et des clôtures artificielles de la société, qui maintiennent les femmes dépendantes, délicates, et sexuellement innocentes. » Ses œuvres préparent le terrain pour les romans ultérieurs de Constance Beresford-Howe, Ethel Wilson, Margaret Laurence, et Joan Barfoot.

Au 19e siècle, Anna Jameson offre un exemple pour les voyages et les œuvres d’artistes féminines subséquentes au Canada, comme Frances Anne Hopkins. Toutefois, dans son ouvrage de 1967 Painting in Canada : A History, J. Russell Harper déclare : « les croquis [de Jameson] du Haut-Canada ne démontrent aucun talent particulier. » L’art d’Anna Jameson a été réévalué ces dernières années. Le Musée royal de l’Ontario expose cinq croquis d’Anna Jameson, aux côtés des œuvres de Susanna Moodie, d’Alice Killaly, et de Ruth Abernethy, lors d’une exposition en 2013, appelée Brushing It in the Rough : Women, Art and Nineteenth-Century Canada.