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Robert Lantos

Robert Lantos, C.M., producteur de cinéma et de télévision et cadre (né le 3 avril 1949 à Budapest, en Hongrie). Personnage clé du développement du cinéma canadien contemporain, Robert Lantos est un des plus importants producteurs de cinéma et de télévision au Canada. Dans les années 1970, il a fondé la compagnie de distribution Vivafilm et la compagnie de production RSL Productions. Dans les années 1980 et 1990, il a été président et PDG d’Alliance Communications Corporation, la plus grande entreprise de production et de distribution de cinéma et de télévision au Canada, qu’il a quittée pour fonder sa propre maison de production, Serendipity Point Films. Il est membre de l’Ordre du Canada et du Temple de la renommée du cinéma et de la télévision du Canada, et il a reçu de nombreux prix et distinctions, dont cinq prix Génie, quatre prix Gemini, deux prix Bobine d’or, le prix Air Canada et le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle pour l’œuvre de toute une vie.
Robert Lantos en 2013.

Jeunesse et formation

Robert Lantos immigre en Uruguay en 1956 après que sa famille se soit enfuie de Hongrie pendant la révolution et l’intervention soviétique qui s’ensuit (voir Hongro-Canadiens). Sa famille reste plusieurs années en Uruguay avant de déménager au Canada en 1963. Il passe son adolescence à Montréal et étudie la littérature à l’Université McGill, où il obtient un baccalauréat en arts en 1970 et une maîtrise en 1972.

Vivafilm et RSL Entertainment

Tout en complétant ses études en 1972, Robert Lantos cofonde Vivafilm, une entreprise de distribution qui importe des films étrangers pour le marché canadien. Le premier investissement de la compagnie se fait dans le genre érotique. Robert Lantos et Victor Loewy paient 500 $ pour présenter la compilation The Best of the New York Erotic Film Festival devant la McGill Film Society. Les projections affichent complet et le film rapporte un million de dollars au box-office.

In 1975, Robert Lantos capitalise sur les avantages de l’ère des abris fiscaux et fonde RSL Entertainment, une compagnie de production qui produit un bon nombre de films longs métrages qui ont beaucoup de succès, dont L’Ange et la femme (1977) de Gilles Carle et In Praise of Older Women (1978) de George Kaczender. Celui-ci fait sensation lorsqu’il est présenté à l’ouverture du Festival des Festivals (aujourd’hui Festival international du film de Toronto) après que le bureau de censure du cinéma de l’Ontario l’ait jugé trop osé pour être projeté. Robert Lantos mise sur la notoriété du film, qui contribue à susciter la controverse et attire les foules aux projections. Il produit également la fantaisie musicale de Lewis Furey Night Magic (1985), coécrite par Leonard Cohen, et Joshua Then and Now (1985) de Ted Kotcheff, l’adaptation du roman de Mordecai Richler, qui remporte cinq prix Génie.

Alliance Communications

En 1985, Robert Lantos cofonde Alliance Communications Corporation, qui absorbera ensuite Vivafilm et RSL. Il devient seul président de la compagnie en 1987 et introduit celle-ci en bourse en 1993. Pendant son mandat chez Alliance, il est producteur ou producteur délégué de films canadiens de haut niveau comme Black Robe (1991) de Bruce Beresford, Léolo (1992) de Jean-Claude Lauzon, Calendar (1993), Exotica (1994), The Sweet Hereafter (1997) et Felicia’s Journey (1999) d’Atom Egoyan, When Night Is Falling (1995) de Patricia Rozema, le thriller de science-fiction Johnny Mnemonic (1995) de Keanu Reeves, basé sur la nouvelle et le scénario de William Gibson, et le controversé Crash (1996) de David Cronenberg, récompensé à Cannes pour son audace. Black Robe, Exotica et The Sweet Hereafter remportent des prix Génie pour le meilleur long métrage, tandis que Black Robe, Johnny Mnemonic et Crash reçoivent le prix Bobine d’or (aujourd’hui prix Écran d’or Cineplex pour un long métrage) pour le film canadien ayant généré les meilleures recettes de l’année.

Robert Lantos contribue également à transformer le paysage de la télévision canadienne-anglaise, à titre de producteur ou producteur délégué de séries telles que Night Heat (1985-1989), récipiendaire d’un prix Gemini, première série télévisée canadienne diffusée sur un réseau américain, E.N.G. (1989-1994), qui se déroule dans la salle de nouvelles d’une station de télévision, lauréate de quatre prix Gemini pour la meilleure série dramatique, la série Western Bordertown (1989-1991), la série d’espionnage Counterstrike (1990-1993), avec Christopher Plummer et la série dramatique North of 60 (1992-1998), qui se déroule dans une communauté autochtone des Territoires du Nord-Ouest. Chez Alliance, Robert Lantos lance aussi des émissions de télévision aussi populaires que la série d’animation ReBoot (1994–2001) et la comédie de Paul Haggis Due South (1994–1999), mettant en scène Paul Gross, qui réussit aussi l’exploit d’être diffusée sur les réseaux américains.

En septembre 1998, Robert Lantos fusionne Alliance Communications avec Atlantis Communications pour former Alliance Atlantis Communications Corporation. À la fin de la fusion, il quitte l’entreprise pour lancer Serendipity Point Films, sa propre compagnie de production indépendante.

Robert Lantos, le 8 octobre 2010.

Serendipity Point Films

La première production de Serendipity Point Films, eXistenZ (1999), de David Cronenberg, remporte l’Ours d’or du Festival international du film de Berlin. Robert Lantos réalise aussi un projet qui lui tient beaucoup à cœur : la coproduction hongro-canadienne Sunshine (1990), dirigée par István Szabó, une épopée monumentale de trois heures qui relate l’histoire d’une famille juive hongroise au long du 20e siècle. Avec une distribution internationale qui comprend Ralph Fiennes, Rachel Weisz, Molly Parker et Deborah Kara Unger, Sunshine remporte un prix Génie pour le meilleur long métrage et une nomination au Golden Globe pour le meilleur long métrage – drame, une réussite exceptionnelle pour un film canadien.

Robert Lantos continue à produire des films des meilleurs réalisateurs canadiens, comme Stardom (2000) de Denys Arcand, Picture Claire (2001) de Bruce Macdonald, Men with Brooms (2002), la comédie de curling de Paul Gross, l’ambitieux drame historique Ararat (2002) d’Atom Egoyan, qui remporte cinq prix Génie dont meilleur long métrage, et The Statement (2003), de Norman Jewison, avec Michael Caine et Tilda Swinton. Robert Lantos produit aussi plusieurs films clés de la décennie, dont Being Julia (2004) d’István Szabó, qui remporte une nomination aux Oscars et un prix Golden Globe pour le rôle principal d’Annette Bening, Fugitive Pieces (2007), de Jeremy Podeswa, une adaptation du roman d’Anne Michaels, qui ouvre le Festival international du film de Toronto en 2007, Eastern Promises (2007) de David Cronenberg, qui remporte le People’s Choice Award au Festival international du film de Toronto, trois nominations au Golden Globe, huit prix Génie et une nomination aux Oscars pour l’interprétation de Viggo Mortensen, et Where the Truth Lies (2005), Adoration (2008) et Remember (2015) d’Atom Egoyan.

En 2010, Robert Lantos produit son film le plus personnel, Barney’s Version (2010), de Richard J. Lewis, l’adaptation du roman publié par Mordecai Richler en 1997. Mordant et satirique, le récit de Richler, qui traite des relations tumultueuses de Barney Panofsky, un producteur de télévision canadien joué par Paul Giamatti dans une interprétation qui lui vaut un Golden Globe et une nomination aux Oscars, est en partie inspiré de Robert Lantos. Celui-ci passe plus d’une décennie à diriger l’écriture du scénario au fil du développement du film. En 2010, il écrit dans le Toronto Star : « je n’aurais jamais laissé quelqu’un d’autre faire un film se moquant de moi. Je voulais garder ce plaisir pour moi-même. » L’adaptation fait de nombreuses allusions au cinéma canadien et à la carrière de Robert Lantos, et on y voit apparaître brièvement les réalisateurs canadiens Ted Kotcheff, Atom Egoyan, David Cronenberg et Denys Arcand. Barney’s Version est lancé à la Mostra de Venise et reçoit 11 nominations au prix Génie et en remporte 7.

Robert Lantos (\u00e0 gauche) et son fils, Ari Lantos, en 2013.

Fonctions administratives

Robert Lantos siège au conseil d’administration de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision et est membre de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, de la British Academy of Film and Television Arts ainsi que de l’Académie européenne du cinéma.

Distinctions honorifiques

En 1991, Robert Lantos a reçu le prix Air Canada lors de la cérémonie annuelle des prix Génie pour sa « contribution exceptionnelle à l’industrie canadienne du film ». Il a reçu des diplômes honorifiques de l’Université McGill et de l’Université de Haïfa, le Feature Film Producer’s Award de la Canadian Media Productions Association et le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle pour l’œuvre de toute une vie. Il a été reçu dans le Temple de la renommée du cinéma et de la télévision du Canada et a reçu le prix « Producteur doté d’une sensibilité visuelle unique » à Camerimage (festival international de cinéma artistique de Pologne).

Legs et prises de position

Défenseur inébranlable et parfois très franc des créateurs canadiens, Robert Lantos milite pour la croissance de l’industrie canadienne et encourage ses pairs à éviter la compétition avec Hollywood. « Les films canadiens sont considérés comme marginaux, et c’est la place qui leur revient, déclare-t-il au Globe and Mail en 2000. Le centre est détenu et dominé par les studios de Hollywood. Quiconque se met en tête de les déloger de cette position s’illusionne et se condamne à l’échec. »

En 2013, avec d’autres figures importantes de l’industrie, il tente de créer une chaîne de télévision spécialisée, Starlight, diffusant un contenu 100 % canadien. Le projet échoue, mais met en évidence l’absence de débouchés permettant aux créateurs de contenus canadiens de diffuser leur travail.

Vie privée

Robert Lantos a deux enfants, Ari et Sabrina, de l’actrice Jennifer Dale, avec qui il a été marié de 1980 à 1986. Son fils a produit plusieurs projets avec son père chez Serendipity, dont la comédie sentimentale The Right Kind of Wrong (2013) et le film musical d’horreur Stage Fright (2014). Robert Lantos soutient chaudement Israël et critique vivement les tentatives de la communauté internationale d’influencer les relations d’Israël avec les Palestiniens par des embargos, des désinvestissements et des sanctions.

Prix

Prix Gemini

  • Meilleure série dramatique (E.N.G.), (1990, 1992, 1993, 1994)

Prix Génie

Autres

  • Prix de l’entrepreneur de l’année dans la région de l’Ontario, EY Entrepreneur of the Year Awards (1995)
  • Media Arts Award, Toronto Arts Awards (1997)
  • Prix J. Stuart MacKay du communicateur de l’année, Université Ryerson (1998)
  • Compagnon, Ordre du Canada (1999)
  • Doctorat honorifique en lettres, Université McGill (2000)
  • Médaille du Jubilé d’or, Gouverneur général du Canada (2002)
  • Temple de la renommée du cinéma et de la télévision du Canada, Playback (2008)
  • Médaille du Jubilé de diamant, Gouverneur général du Canada (2012)
  • Feature Film Producer’s Award, Canadian Media Productions Association (2015)
  • Prix pour l’œuvre de toute une vie (film), Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle (2016)
  • Doctorat honorifique, Université de Haïfa (2016)
  • Producteur doté d’une sensibilité visuelle unique, Camerimage (festival international de cinéma artistique de Pologne) (2016)