Chaque ville comporte quelques rues qui se démarquent des autres. Peut-être parce qu’elles sont le paradis du magasinage, comme la rue Robson à Vancouver, ou qu’elles sont bordées de monuments, comme la Promenade Sussex à Ottawa. D’autres routes ont gagné leur renommée en tant que lieu de rébellion ou de ruée vers l’or. Ci-dessous se trouve une liste des dix rues les plus emblématiques du Canada, mais il y en a bien d’autres. Quelle rue raconte l’histoire de votre ville ?
Rue Robson, Vancouver, en Colombie-Britannique
Devenue maintenant un quartier commercial, la rue Robson est créée dans les années 1890. Une prédominance de boutiques spécialisées et de restaurants européens y prospère à partir des années 1950. Les habitants de la ville et les touristes commencent à l’appeler la « Robsonstrasse », strasse étant le mot allemand pour rue. Sa popularité mène éventuellement à la gentrification de la rue, avec des chaînes et plus tard des magasins haut de gamme qui supplantent les entreprises indépendantes.
Route Cariboo, en Colombie-Britannique
La ruée vers l’or de Cariboo attire des masses de prospecteurs pleins d’espoir vers la colonie de la Colombie-Britannique qui est située dans la chaîne Cariboo, une chaîne de montagnes isolée. La route vers les champs aurifères n’est assez large que pour une seule mule, ce qui rend difficiles les allées et venues dans cette région éloignée.
Le gouverneur James Douglas donne l’ordre de construire la route Cariboo, une route de 650 km de Yale jusqu’à Barkerville. La route et les autres coûts qui s’y rattachent accumulent une dette pour la colonie. Alors que la ruée vers l’or tire à sa fin, la colonie de la Colombie-Britannique est forcée de s’unir à la colonie de l’île de Vancouver. (Voir aussi Politique en Colombie-Britannique.)
Avenue Jasper, Edmonton, en Alberta
L’avenue Jasper est devenue le centre commercial d’Edmonton dans les années 1870. Mais comme de nombreuses rues principales du Canada, sa viabilité a été compromise par les centres d’achats intérieurs. Le stationnement gratuit, les longues heures et le contrôle du climat l’emportent souvent sur les autres endroits commerciaux. L’immense West Edmonton Mall, autrefois l’un des plus grands centres commerciaux au monde, a été particulièrement dévastateur pour l’avenue Jasper.
Afin de tenter d’attirer les gens vers le centre-ville, la Ville d’Edmonton fait rétrécir l’avenue, élargir les trottoirs et elle ajoute un aménagement paysager. La rue « réinventée » ouvre en octobre 2021.
Avenue Portage, Winnipeg, au Manitoba
En 1841, le gouvernement du district d’Assiniboia décide d’élargir les rues près du confluent de la rivière Rouge et de la rivière Assiniboine (voir aussi La Fourche). Éventuellement, certaines des rues existantes, comme l’avenue Portage, sont refaites en deux voies de largeur (40 mètres), ce qui est le double de la largeur standard. Ces énormes rues aident ceux qui ont des charrettes de la rivière Rouge à traverser. Sans le vouloir, cela a également permis à des milliers de personnes de se rassembler durant la grève générale de Winnipeg en 1919.
Bien que l’intersection Portage et Main soit l’une des plus emblématiques intersections du pays, elle est également une des plus originales. Depuis 1979, la seule manière de traverser la rue est de passer par un centre d’achats souterrain. L’intersection est bloquée par des barrières en béton qui empêchent les piétons de la traverser à pied. La réouverture de l’intersection aux piétons est prévue le 1 juillet 2025, ce qui a suscité certaines inquiétudes parmi les entreprises qui louent des espaces dans le centre d’achats souterrain.
Rue Yonge, Toronto, en Ontario
Contrairement à la croyance populaire, cette artère de Toronto n’est pas la plus longue rue du monde. Toutefois, elle est remarquable à bien d’autres égards.
La rue Yonge est complétée en 1796, afin d’aider les Britanniques à défendre le Haut-Canada contre les Français et les Américains. S’étendant sur une ligne parfaitement droite, elle établit la norme pour le réseau du centre-ville. Quelques décennies plus tard, elle est l’hôte de la bataille de la Montgomery’s Tavern, durant la rébellion du Haut-Canada en 1837.
La rue Yonge s’est éventuellement transformée en un quartier de vente au détail et de divertissements, avec l’énorme Centre Eaton (1882), la Toronto Arcade (1884) (lien en anglais seulement), et le Centre des salles de théâtre Elgin et Winter Garden (1913-1914)
Promenade Sussex, Ottawa, en Ontario
Même si vous n’êtes jamais allé à Ottawa, vous reconnaissez probablement le nom « promenade Sussex ». Longeant la rivière des Outaouais, cette route commence près de l’ancien village de New Edinburgh. Ses résidents les plus célèbres sont le premier ministre du Canada (résidant au 24 promenade Sussex) et le gouverneur général du Canada (résidant à Rideau Hall). La rue est également le foyer de plusieurs institutions, comme le Conseil national de recherches du Canada, la Monnaie royale canadienne, et le Musée des beaux-arts du Canada, ainsi que les ambassades étrangères des États-Unis, de la France, du Japon, du Koweït, de l’Arabie saoudite, et de l’Afrique du Sud. L’historique marché By, établi en 1826, est situé près de la fin de la rue.
Boulevard Saint-Laurent, Montréal, au Québec
Près du centre de Montréal, le boulevard Saint-Laurent est connu comme « la Main » par les résidents. L’une des plus vieilles rues de la ville, elle sépare le côté est, généralement francophone, et le côté ouest, généralement anglophone, de la ville de Montréal. Dans les années 1870, la partie sud de la rue devient une plaque tournante pour la communauté juive en pleine croissance, qui commence ensuite à se déplacer vers le nord de la rue. Cette partie sud devient par la suite le centre du quartier chinois de la ville. Les générations successives d’immigrants (Italiens, Grecs, Chinois, Portugais et autres), les entreprises, et l’influence des arts font en sorte que la rue est désignée comme un lieu historique national.
Chemin Campbell, Halifax, en Nouvelle-Écosse
En 1836, le chemin Campbell relie Africville au centre de Halifax. Cependant, la portion du chemin qui traverse Africville n’est pas pavée. Bien que les membres de ce quartier noir paient leurs taxes à la Ville de Halifax, ils ne reçoivent pas de services de base comme l’eau et les égouts. Au lieu, la communauté décide de créer ses propres services, comme la Campbell Road School. Entretemps, la Ville de Halifax implante des services publics indésirables dans cette communauté, comme le dépotoir, la prison, l’abattoir et l’hôpital pour maladies infectieuses. (Voir aussi Racisme environnemental au Canada.)
Malgré ces obstacles écrasants, la communauté prospère pendant 150 ans. Elle est détruite entre 1964 et 1970, pour créer une zone industrielle.
Rue George, St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador
Reconnue comme étant « la plus grande petite rue d’Amérique du Nord », la rue George est bordée de pubs, et est un point chaud pour faire la fête. En 2001, la rue George est divisée en deux avec la construction d’un centre de congrès, ce qui ne laisse à la partie populaire de la rue que deux pâtés de maisons. Des dizaines de milliers de personnes s’entassent dans ce petit tronçon durant le George Street Festival, un festival de musique qui dure 7 nuits et qui a été créée en 1984. Lorsque le groupe Great Big Sea a mis à jour sa chanson The Night Paddy Murphy Died, ils y ont ajouté une mention pour la rue George.
Rue Great George, Charlottetown, à l’Île-du-Prince-Édouard
La rue Great George, un nom audacieux, est un lieu historique national, grâce en partie à son architecture résidentielle. De nombreux édifices de la rue datent des années 1820 et 1860, avant la Confédération. Bien que les édifices le long des cinq pâtés de maisons de la rue soient bien préservés, c’est une rue relativement discrète, à part l’historique basilique-cathédrale.
Alors pourquoi cette rue fait-elle partie de la liste? Parce qu’elle relie le port de Charlottetown à Province House, l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard. Elle a accueilli la Conférence de Charlottetown (1864) qui a mené à la Confédération du Canada.