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Espèces de salamandres au Canada

Les salamandres sont des amphibiens à queue appartenant à l’ordre des Caudata. Il existe environ 800 espèces de salamandres connues dans le monde, 22 étant présentes au Canada. Outre ces espèces, on trouve également au Canada des Ambystoma, une lignée unique de salamandres unisexuées qui ne correspond pas à la définition habituelle d’une espèce. Les salamandres vivent principalement dans les régions tempérées de l’hémisphère nord et dans les régions tropicales d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale. L’Amérique du Nord abrite plus d’espèces de salamandres que n’importe quelle autre partie du monde. Au Canada, on trouve des salamandres des Maritimes à la Colombie‑Britannique et, en direction du nord, jusqu’au centre du Labrador et au nord de la Colombie‑Britannique, aucun individu n’ayant été observé sur l’île de Terre‑Neuve.

Salamandre à quatre orteils

Espèces de salamandres au Canada

Nom commun

Nom scientifique

Sous‑espèce

Provinces et territoires

Salamandre sombre des montagnes

Desmognathus ochrophaeus

Ont., Qc

Salamandre à points bleus

Ambystoma laterale

Man., Ont., Qc, N.‑B., N.‑É., Î.‑P.‑É., T.‑N.‑L.

Grande salamandre du nord

Dicamptodon tenebrosus

C.‑B.

Salamandre Cœur d’Alène

Plethodon idahoensis

C.‑B.

Triton vert

Notophthalmus viridescens

Notophthalme vert de l’Ouest (N. viridescens louisianensis), Triton vert à points rouges (N. viridescens viridescens)

Ont., Qc, N.‑B., N.‑É., Î.‑P.‑É.

Salamandre cendrée

Plethodon cinereus

Ont., Qc, N.‑B., N.‑É., Î.‑P.‑É.

Salamandre tigrée de l’Est

Ambystoma tigrinum

Man.

Salamandre variable

Ensatina eschscholtzii

Ensatine de l’Oregon (E. eschscholtzii oregonensis)

C.‑B.

Salamandre à quatre orteils

Hemidactylium scutatum

Ont., Qc, N.‑B., N.‑É.

Salamandre de Jefferson

Ambystoma jeffersonianum

Ont.

Salamandre à longs doigts

Ambystoma macrodactylum

Salamandre à longs doigts de l’Est (A. macrodactylum columbianum), Salamandre à longs doigts du Nord (A. macrodactylum krausei), Salamandre à longs doigts de l’Ouest (A. macrodactylum macrodactylum)

C.‑B., Alb.

Necture tacheté

Necturus maculosus

Man., Ont., Qc

Salamandre sombre du Nord

Desmognathus fuscus

Ont., Qc, N.‑B.

Salamandre à deux lignes

Eurycea bislineata

Ont., Qc, N.‑B., T.‑N.‑L.

Salamandre foncée

Ambystoma gracile

C.‑B.

Triton rugueux

Taricha granulosa

C.‑B.

Salamandre à nez court

Ambystoma texanum

Ont.

Salamandre maculée

Ambystoma maculatum

Ont., Qc, N.‑B., N.‑É., Î.‑P.‑É.

Salamandre pourpre

Gyrinophilus porphyriticus

Salamandre pourpre du Nord (G. porphyriticus porphyriticus)

Qc

Salamandre errante

Aneides vagrans

C.‑B.

Salamandre à dos rayé

Plethodon vehiculum

C.‑B.

Salamandre tigrée de l’Ouest

Ambystoma mavortium

Salamandre tigrée de Gray (A. mavortium diaboli), Salamandre tigrée à éclaboussures (A. mavortium melanostictum)

C.‑B., Alb., Sask., Man.


Description

La plupart des salamandres ressemblent à des lézards, avec lesquels elles sont parfois confondues, à tort. En tant qu’amphibiens, les salamandres n’ont ni écailles ni griffes et ont une peau glandulaire humide; tandis que les lézards, qui sont des reptiles, sont dotés de griffes et ont une peau sèche couverte d’écailles.

La plupart des salamandres adultes, y compris toutes les espèces présentes au Canada, ont quatre pattes. Cependant, certaines espèces, ailleurs dans le monde, sont dotées de pattes réduites ou ont des pattes postérieures manquantes. Par conséquent, les salamandres diffèrent des cécilies tropicales, sans membres, qui appartiennent à l’ordre des amphibiens Gymnophiona. Les salamandres ont une queue et leurs mâchoires supérieure et inférieure possèdent de fines dents, les différenciant ainsi du troisième groupe d’amphibiens, les grenouilles, qui n’ont ni queue (à l’âge adulte) ni dents inférieures.

La taille des différentes espèces de salamandres varie de 3,9 cm à 180 cm. L’une des plus grandes salamandres au Canada est le necture, mesurant 43 cm de long (Necturus maculosus) et l’une des plus petites, la salamandre à quatre orteils, mesurant de 5 à 9 cm de long (Hemidactylium scutatum). La durée de vie maximale de la plupart des espèces canadiennes est d’environ 10 ans, certaines espèces (par exemple les salamandres fouisseuses et les nectures tachetés) pouvant toutefois vivre plusieurs décennies.

Les salamandres peuvent sentir les vibrations, mais sont incapables d’entendre. Elles ont deux narines reliées à la bouche, des yeux souvent dotés de paupières mobiles, une langue fréquemment saillante, un squelette en grande partie osseux et un cœur à trois cavités. Elles peuvent respirer par les branchies, les poumons, la muqueuse de la bouche et la peau, utilisant un seul ou plusieurs de ces organes simultanément. Par exemple, les membres de la famille des Plethodontidae, salamandres des bois, des ruisseaux et des sources, n’ont pas de poumons et respirent par la peau et les tissus de la bouche.

Comme tous les amphibiens, les salamandres sont ectothermes, c’est‑à‑dire qu’elles ne génèrent pas leur propre chaleur corporelle, leur température corporelle dépendant de leur environnement. Les amphibiens peuvent notamment réguler leur température corporelle par leur comportement et leur utilisation de leur habitat (par exemple en se déplaçant à l’ombre ou hors des zones ombragées), c’est ce qu’on appelle la « thermorégulation comportementale ».

Salamandre maculée

Habitat et comportement

Les salamandres ont une peau humide et poreuse, ce qui les rend sensibles à la déshydratation. C’est pourquoi on les trouve généralement dans l’eau ou dans d’autres milieux humides. Certaines espèces passent la majeure partie ou la totalité de leur vie dans l’eau, notamment les nectures tachetés dans les lacs, les salamandres sombres du Nord et les salamandres à deux lignes dans les ruisseaux et les tritons dans les zones humides. Cependant, de nombreuses espèces vivent sur la terre ferme pendant une ou plusieurs des étapes de leur vie, et on les trouve généralement dans des habitats frais et humides, par exemple sous des feuilles mortes ou sous des bûches pourries dans les zones boisées. Les espèces de salamandres terrestres sont incapables de survivre aux températures négatives et doivent hiberner pendant les mois les plus froids, passant l’hiver sous terre, dans des terriers ou dans d’autres cavités souterraines où le gel ne pénètre pas. La plupart des espèces aquatiques sont probablement actives toute l’année, tandis que la majorité des salamandres non aquatiques sont actives la nuit, généralement pendant les périodes humides, l’air sec et la chaleur du soleil risquant de les déshydrater rapidement. Au début de la saison de reproduction printanière, les salamandres fouisseuses (famille des Ambystoma) migrent en grand nombre, traversant le paysage, lorsqu’elles se déplacent de leurs sites d’hibernation vers leur habitat de reproduction.

Reproduction

Les œufs de salamandre peuvent être fécondés de façon externe ou interne; toutefois, toutes les espèces vivant au Canada utilisent la fécondation interne, c’est‑à‑dire que le mâle dépose des capsules gélatineuses de sperme et que la femelle les ramasse avec les lèvres du cloaque (la chambre par laquelle passent les œufs), les œufs étant alors fécondés au fur et à mesure qu’ils sont expulsés.

Le nombre d’œufs pondus et la période d’incubation varient selon les espèces. Le necture tacheté, qui passe toute sa vie dans l’eau, pond ses œufs sous des pierres, où ils sont gardés par la femelle. Les adultes et les larves des tritons verts à points rouges (Notophthalmus viridescens) vivent dans l’eau; toutefois, sur la majorité de leur aire de répartition, les juvéniles perdent leurs branchies, quittent l’eau et passent un an ou plus sur la terre ferme; à ce stade, on les appelle des « efts », avant qu’à maturité, ils ne retournent dans les étangs pour se reproduire. Bon nombre des salamandres sans poumons pondent leurs œufs dans des milieux terrestres humides, comme la sphaigne au‑dessus des mares boisées (par exemple la salamandre à quatre orteils), ou sous des bûches pourries, des souches ou d’autres endroits humides (par exemple la salamandre cendrée, la salamandre errante et la salamandre variable). Les salamandres des ruisseaux, qui font partie du groupe des salamandres sans poumons, pondent leurs œufs sous des pierres dans les cours d’eau (par exemple la salamandre à deux lignes et la salamandre pourpres), dans des habitats terrestres humides à proximité (par exemple la salamandre sombre du Nord) ou les deux. Les salamandres fouisseuses (famille des Ambystomatidae) déposent leurs œufs dans des étangs temporaires dans une masse gélatineuse attachée à la végétation.

Certaines espèces pondent leurs œufs au début du printemps, tandis que d’autres, comme les espèces des ruisseaux et des bois, peuvent ne pas déposer leurs œufs avant l’été. Les jeunes, qui éclosent dans l’eau, respirent par les branchies, certaines espèces (par exemple la grande salamandre du Nord) pouvant les conserver pendant plusieurs années avant de se transformer en adultes terrestres. La plupart des salamandres adultes au Canada sont terrestres, mais certaines espèces ont des adultes aquatiques qui conservent leurs branchies (par exemple le necture tacheté). Il existe également des espèces (par exemple la grande salamandre du Nord et la salamandre tigrée) qui peuvent soit se transformer en adultes terrestres, soit, dans certaines conditions environnementales, conserver leurs branchies larvaires après maturité et rester dans l’eau.

Ambystoma unisexuées

Les salamandres du genre Ambystoma sont une lignée unisexuée qui ne compte que des femelles. Elles possèdent un ADN mitochondrial unique qui les distingue de toutes les autres espèces de salamandres nord‑américaines. Cependant, elles ont besoin de sperme de mâles d’une autre espèce d’Ambystoma (par exemple une salamandre à points bleus ou une salamandre de Jefferson) pour se reproduire. Les femelles produisent souvent des clones d’elles‑mêmes, mais elles incorporent parfois le matériel génétique du sperme de l’espèce avec laquelle elles se reproduisent. En conséquence, les Ambystoma unisexuées sont polyploïdes (c’est‑à‑dire qu’elles ont plus de deux ensembles de chromosomes) et ressemblent visuellement aux autres espèces avec lesquelles elles se reproduisent.

Salamandre errante

Régime alimentaire et prédation

Toutes les salamandres sont carnivores. Les plus grandes consomment des vers de terre, ainsi que des adultes et des larves de nombreux insectes, tandis que les plus petites mangent de petits insectes, des larves d’insectes et divers petits invertébrés. Les larves se nourrissent de têtards, de larves de salamandres plus petites et d’invertébrés aquatiques.

Les poissons, les grenouilles, les serpents, les tortues, les oiseaux et les mammifères sont des prédateurs des salamandres. Lorsqu’elles sont capturées, de nombreuses salamandres sont capables de se séparer de leur queue, qui continue de se contracter pendant une courte période, permettant à la salamandre de s’échapper, alors que son poursuivant est leurré en saisissant la queue de sa proie. Les salamandres sont capables de régénérer leur queue, mais la partie régénérée est généralement plus courte que l’originale. La plupart des espèces ont des glandes légèrement toxiques dans la peau qui peuvent irriter certains animaux.

Importance biologique

Les salamandres peuvent être abondantes dans les habitats terrestres et aquatiques et jouer des rôles importants au sein de leurs écosystèmes. Les larves sont des consommateurs primaires dans les chaînes alimentaires aquatiques et constituent une source importante de nourriture pour divers invertébrés et vertébrés. Les salamandres adultes sont également d’importants prédateurs d’invertébrés, ainsi que de certaines espèces de vertébrés plus petits. Elles sont, à leur tour, consommées par un large éventail d’autres espèces, telles que les poissons, les oiseaux, les reptiles et les mammifères. Avec de nombreuses espèces ayant à la fois des stades de vie terrestre et aquatique, les salamandres jouent un rôle important dans le mouvement des nutriments entre ces différents milieux. Les salamandres, qui consomment des insectes nuisibles, sont probablement également bénéfiques pour les industries forestière et agricole.

Les salamandres, qui ont une incroyable capacité à faire repousser leurs membres, ont une valeur considérable en tant qu’organismes d’étude pour la recherche scientifique et médicale sur la régénération des tissus et des membres. Plusieurs espèces de salamandres sont considérées en péril au Canada parce que leurs populations sont petites, qu’elles déclinent en raison de diverses menaces, ou les deux. Les espèces inscrites comme menacées ou en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada bénéficient d’une protection juridique. (Voir aussi Animaux menacés au Canada). En raison de leur abondance, de leur sensibilité aux changements environnementaux et de leurs rôles écologiques importants dans les écosystèmes forestiers, les biologistes utilisent souvent les salamandres comme indicateurs de la santé des forêts; si les populations de salamandres sont stables et prospères, cela peut indiquer que l’écosystème forestier est sain.

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