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Salamandre de Jefferson

La salamandre de Jefferson (Ambystoma jeffersonianum) est une salamandre qui vit dans la forêt et est originaire du nord-est de l’Amérique du Sud. Au Canada, on ne la trouve que dans le sud de l’Ontario. Elle fait partie de la famille des Ambystomatidae, aussi connues sous le nom de « salamandres fouisseuses » parce qu’elles passent une grande partie de leur vie sous terre. Au Canada, la salamandre Jefferson fait face à de graves menaces et est en déclin dans la majeure partie de son aire de répartition. Elle est répertoriée comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi canadienne sur les espèces en péril.

La salamandre de Jefferson est de couleur gris foncé à gris brunâtre, avec des marbrures gris-bleu clair ou argenté sur les membres, le bas des côtés et la queue.

Description

La salamandre de Jefferson est une salamandre de taille moyenne et la longueur de son corps adulte (également dite longueur museau-évent) est de 6 à 10 cm. Sa queue est presque aussi longue que son corps et est aplatie sur les côtés. La femelle atteint une taille un peu plus grande que le mâle. La salamandre de Jefferson est de couleur gris foncé à gris brunâtre, avec des marbrures gris-bleu clair ou argenté sur les membres, le bas des côtés, et la queue.

Les larves aquatiques ont une large tête, des branchies externes plumeuses, une grande nageoire caudale, et quatre pattes qui se développent à mesure que grandissent les larves. Les larves sont généralement vert olive, brunes, ou grises avec diverses marbrures jaunes. Les larves plus âgées développent une bande pâle sur le côté du corps. Les larves de la salamandre de Jefferson mesurent de 0,8 à 1,4 cm de long lorsqu’elles éclosent, et elles peuvent grandir jusqu’à 5,5 cm avant de subir leur métamorphose.

Les larves de la salamandre de Jefferson peuvent grandir jusqu’à 5,5 cm avant leur métamorphose.

Aire de répartition et habitat

Au Canada, on ne trouve la salamandre de Jefferson que dans le sud-ouest de l’Ontario. Son aire de répartition entoure l’extrémité ouest du lac Ontario et s’étend à l’intérieur des terres le long de l’escarpement du Niagara et dans quelques autres régions, avec des populations isolées sur la rive nord du lac Érié, près de Long Point. On trouve également cette espèce dans tout le nord-est des États-Unis, du sud et de l’ouest du New Hampshire jusqu’à la Virginie, dans le Kentucky, et l’Indiana, ainsi que dans les régions isolées de l’Illinois.

La salamandre de Jefferson vit dans les forêts de feuillus ou les forêts mixtes. Comme la plupart des amphibiens, la salamandre de Jefferson a une peau humide et poreuse, et elle peut rapidement se déshydrater si elle est exposée à des conditions chaudes et sèches. Pour cette raison, elle vit dans des environnements frais et humides sur le sol forestier. Elle passe la plupart de son temps dans des terriers de mammifères, dans des cavités de racines, ou d’autres espaces souterrains, surtout durant les mois chauds et secs de l’été. La salamandre de Jefferson passe également l’hiver dans des abris souterrains où elle peut descendre sous le niveau du gel et éviter les températures glaciales. Lorsqu’elle n’est pas sous terre, elle dépend de la litière des feuilles, des débris ligneux (par exemple des bûches et des souches), et d’autres couvertures présentes dans le sol forestier qui offrent des conditions fraîches et humides et une protection contre les prédateurs. La reproduction a lieu dans des bassins ou des étangs peu profonds qui s’assèchent généralement à la fin de l’été, mais elle utilise des étangs permanents à l’occasion. La salamandre de Jefferson a un domaine vital relativement large. Chaque année, elle migre souvent sur plusieurs centaines de mètres de son étang de reproduction pour atteindre son site d’hibernation ou sa zone d’activité estivale.

Le saviez-vous?
La salamandre de Jefferson est l’un des amphibiens qui se reproduisent le plus tôt dans l’est de l’Amérique du Nord. Les adultes émergent de l’hibernation et migrent vers leurs sites de reproduction au début du printemps aussitôt que le sol commence à dégeler, généralement à la fin du mois de mars ou au début d’avril au Canada. Les individus se déplacent souvent sur la glace et la neige et ils entrent dans l’eau glaciale alors que la couverture de glace est encore en retrait sur l’étang.


La salamandre de Jefferson vit dans des environnements frais et humides sur le sol forestier.

Reproduction et développement

La salamandre de Jefferson adulte migre vers son site de reproduction au début du printemps, généralement durant les nuits pluvieuses et lorsque les températures sont en-dessus de 5 °C. Après avoir courtisé la femelle, le mâle dépose un spermatophore (paquet de sperme) que la femelle récupère avec son cloaque (une unique ouverture à la base de la queue pour les voies digestives, urinaires, et reproductives). Un ou deux jours plus tard, la femelle pond entre 107 et 286 œufs qui sont déposés en plusieurs masses contenant généralement environ 30 œufs chacune. Les œufs sont de couleur foncée et sont entourés de trois couches de gelée. Les masses d’œufs sont attachées à des bâtons, de la végétation, ou d’autres structures en eau peu profonde. Les œufs éclosent après 3 à 14 semaines, les populations du nord se situant à l’extrémité inférieure de cette fourchette de temps. Les larves sont aquatiques et respirent par des branchies. Elles subissent leur métamorphose en 2 à 4 mois, ce qui a généralement lieu de la mi-juillet au début de septembre au Canada. Les juvéniles nouvellement transformés, qui ont maintenant des poumons et respirent l’air, se dispersent dans la forêt environnante. La salamandre de Jefferson atteint sa maturité vers 3 ou 4 ans. Alors qu’une étude a indiqué que les adultes ne vivent que quelques années, d’autres études suggèrent une plus longue durée de vie, peut-être même plusieurs décennies.

La salamandre de Jefferson pond entre 107 et 286 œufs.

Alimentation et prédation

Les adultes et les juvéniles se nourrissent sous terre, sous les débris ligneux et autres couvertures, ainsi que dans la litière des feuilles sur le sol forestier. On soupçonne qu’ils se nourrissent d’une variété d’invertébrés, comme des vers de terre et des insectes. Les jeunes larves mangent du zooplancton, de minuscules invertébrés aquatiques qui flottent librement. Les larves plus âgées consomment des invertébrés aquatiques plus gros, comme des insectes et leurs larves, des petits crustacés, et des escargots. Ils se nourrissent également d’autres larves d’amphibiens, incluant des larves plus petites de salamandre de Jefferson.

Les prédateurs de la salamandre de Jefferson adulte et juvénile comprennent probablement les serpents, les oiseaux, et des mammifères comme les ratons laveurs et les moufettes. On soupçonne que les insectes aquatiques et leurs larves sont les principaux prédateurs des œufs et des larves de la salamandre de Jefferson. Comme la plupart des amphibiens, la salamandre de Jefferson possède des glandes à venin qui assurent sa défense contre les prédateurs. Ces glandes à venin sont concentrées le long de la partie supérieure de sa queue. Lorsque la salamandre de Jefferson fait face à un prédateur potentiel, elle lève sa queue vers lui, l’ondulant et l’agitant pour déployer des sécrétions nocives.

Menaces

La salamandre de Jefferson vit dans la région la plus développée du Canada, et la majeure partie de son habitat a été détruit et fortement fragmenté. La destruction continue des sites de reproductions et des habitats forestiers environnants, principalement en raison du développement urbain et industriel, menace les populations canadiennes restantes. La forte densité de routes passant dans l’aire de répartition de l’espèce constitue également une grave menace, car un grand nombre d’individus sont tués sur les routes achalandées lorsqu’ils migrent de leurs sites de reproduction ou vers ceux-ci chaque printemps. Comme leur peau est perméable aux produits chimiques présents dans l’environnement, les amphibiens sont particulièrement sensibles à la pollution chimique comme les pesticides, les engrais, les produits chimiques industriels, le sel de déneigement des routes, et les métaux lourds. La proximité de la salamandre de Jefferson aux zones urbaines et industrielles l’expose à un risque élevé de contamination environnementale. D’autres menaces incluent l’acidification de son habitat, d’autres polluants (par exemple, pollution lumineuse, microplastiques), le changement climatique, et le stockage des étangs avec des poissons prédateurs.

Statut et conservation

À l’échelle mondiale, la salamandre de Jefferson est répertoriée parmi les espèces les moins préoccupantes par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Cependant, en raison de la gravité des menaces et du déclin continu des populations à travers la majeure partie de son aire de répartition canadienne, cette espèce est classée comme étant en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada. Cette loi et la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario fournissent un cadre juridique important pour la protection de l’espèce et de son habitat restant. Toutefois, le soutien de la part du public pour mettre en œuvre ces protections au milieu d’un contexte de croissance urbaine et industrielle est essentiel pour réussir à rétablir efficacement la salamandre de Jefferson au Canada.

Taxonomie

Règne

Animalia

Embranchement

Chordata

Classe

Amphibia

Ordre

Urodela

Famille

Ambystomatidae

Genre

Ambystoma

Espèce

Ambystoma jeffersonianum

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